GUNS N' ROSES (usa) - Use Your Illusion I (1991)
Label : Geffen Records
Sortie du Scud : 17 septembre 1991
Pays : Etats-Unis
Genre : Hard Rock
Type : Album
Playtime : 30 Titres - 152 Mins
I & II.
Il existe des albums dans l’histoire du Rock sur lesquels tout le monde a quelque chose à dire ou à écrire. Parce qu’ils sont les pierres angulaires d’un style naissant (Led Zep I, Machine Head, Black Sabbath, Nevermind The Bollocks, Nevermind, Three Imaginary Boys, Closer, etc…), parce qu’ils sont considérés comme le magnum opus d’un artiste/groupe (Born To Run, Thriller, Us, The Joshua Tree, Sgt Pepper), parce qu’ils ont battu des records, quels qu’ils soient (Thriller encore, Jagged Little Pill, Boston, Led Zep IV), ou bien simplement parce qu’ils sont tombés pile au bon moment, et qu’ils ont foutu un sacré coup de pied au cul à l’industrie musicale.
Appetite For Destruction en fait partie. Je ne reviendrai pas sur ce LP dont j’ai déjà abondamment parlé dans une chronique dédiée. Mais force est d’admettre que sa sauvagerie Rock N’Roll a dépoussiéré et décomplexé le petit monde fermé du Hard-Rock des années 80. Cinq rebelles en quête de reconnaissance sans pour autant faire le moindre compromis. Une musique simple, quasi évidente, directement inspiré d’AEROSMITH eux-mêmes inspirés par les STONES eux-mêmes inspirés par le Blues américain… La boucle en boucle, les images défilent. Welcome To The Jungle.
Geffen a tout misé sur ce quintette là. Son argent, ses espoirs de grandeurs et de ventes pharaoniques, et à posteriori, il était bien sur impossible de savoir quel tournant allait prendre cette affaire. Rester roots et bloquer sur un Rock sauvage et intemporel ? Evoluer ? Les questions s’amoncelaient et les réponses se faisaient attendre.
Après une mise en bouche plus commerciale qu’artistique, GN’R Lies, reprenant les quatre morceaux du EP initial et hors de prix Live Like A Suicide, agrémentés de quatre nouveaux morceaux acoustiques dont le polémique « One In a Million », sortit enfin sur le marché et fit patienter les fans.
Mais il était évident que le suspens n’allait pas pouvoir durer éternellement. Et avec un timing parfait, s’échouant sur la plage juste avant la déferlante de la vague de Seattle, le monumental projet Use Your Illusion prit tout le monde de court avec ses huit faces vinyles remplies ras la gueule de morceaux aussi hétéroclites qu’inhabituels.
« On aimerait bien que les deux disques se tirent la bourre ». Dixit Slash. Et même si les espérances du label se situaient au niveau du champion toute catégorie Michael Jackson, il paraissait difficile que deux doubles albums puissent en atteindre les mêmes chiffres. Qu’importe. Use Your Illusion I & II, fut le projet le plus dantesque et Egotique des années 90. Plus pompeux que Tommy des WHO ou The Wall du FLOYD, plus pléthorique que le White Album des BEATLES ou le All Things Must Pass de George Harrison, plus boursouflé que le Bat Out Of Hell de Meat LOAF. L’Annapurna du Rock N’Roll. Le St Graal du Hard-Rock.
Entre Appetite et Use Your Illusion, quelques ajustements. Exit Steven Adler, accro notoire incapable de jouer correctement en studio. Bienvenue Matt « The Cult » Sorum, cogneur de première au physique de roadie. Les GUNS ne crèvent plus de faim, vivent dans l’opulence et peuvent se permettre à peu près tout ce qui leur passe par la tête.
Et c’est justement le leitmotiv de ces deux volumes impensables. Ne s’imposer aucune limite, ni dans la durée, ni dans l’effort, ni dans le fond ou la forme.
Il fallait avoir du culot après un EP, un LP et un Mini LP, pour sortir deux doubles albums. Une sacré confiance en soi, doublée d’un dilettantisme absolu. Après tout, qu’est ce qu’on en a à foutre ? Je pense que finalement, c’est ce qu’Axl et ses potes ont du se dire.
Tout comme le White album des Fab Four, le projet Use Your Illusion révèle la véritable nature de ses concepteurs. Il est aussi inégal et complaisant, et laisse le champ libre à des compositions qui auraient du finir en B-sides. Il signera aussi la mort de ses géniteurs, et mettra le yeti GUNS N’ROSES en hibernation pendant plus de quinze ans. Une indigestion fatale. Il fallait s’y attendre.
I, II
Mais parlons en plus précisément. Globalement, il est l’œuvre de deux membres du groupe, qui signent à eux seuls 90% des morceaux. En solo, en duo, en trio, mais les bases restent individuelles. D’un coté du ring, Izzy Stradlin, qui finira par claquer la porte, et qui se souviendra vaguement des années plus tard lors d’une interview « avoir sorti un double ou triple album » cette année là. Réel trou de mémoire ou déni de grossesse ?
Peu importe.
Izzy, c’est le Keith Richards des 90’s. Version gipsy. Définitivement cool (tellement qu’il finira par virer Reggae), foncièrement Rock et Blues, il se charge sur ces deux volumes des morceaux les plus nonchalants, les plus simples, les plus directs. Il se permet même d’en chanter quatre en solo (« Dust N' Bones », « You Ain't the First » et « Double Talkin' Jive » sur I, « 14 Years » sur II), laisse sa seule signature sur quatre en tout (« You Ain’t The First », « Bad Obsession », « Double Talkin’ Jive » et « Pretty Tied Up »), et s’incruste lors de séances en commun (« Right Next Door To Hell », « Dust N' Bones », « Perfect Crime », « Bad Apples »).
Axl, c’est un morphing diabolique entre Johnny Rotten et Freddy Mercury. La rage du premier, l’ambition et les capacités du second. Comme le soulignait son ex comparse Izzy après son départ, « comment voulez vous remplacer un mec comme Axl qui est certainement un des meilleurs chanteurs de Rock de tous les temps ? ». Et c’est très vrai. Rose se charge de la partie ambitieuse du projet, des morceaux longs à ambiance, des titres un peu alambiqués, et s’autorise de multiples incartades au piano. On lui doit le lacrymal « November Rain », qui donnera naissance à un des clips les plus chers de l’histoire, le brumeux « Estranged », le tortueux « Breakdown », mais aussi des chansons plus directes comme « Shotgun Blues », ou l’étrange « Dead Horse ».
Et les deux hommes se retrouvent sur les airs les plus fameux de ces deux disques, le single « You Could Be Mine », dédié à une ancienne maîtresse, l’épidermique « Don’t Cry » (dans une version différente sur chaque LP), ainsi que le nostalgique et bastringue « 14 Years » (au risque de me faire un paquet d’ennemis, je continue d’affirmer que c’est le meilleur morceau des deux LP confondus…). Et Slash me direz vous ?
Oui, il serait injuste de l’oublier. S’il n’offre aucun morceau dans son coin, on le retrouve au crédit de morceaux hétérogènes, le plus souvent en doublette d’Axl (« Locomotive », « Garden Of Eden », « Coma »), mais aussi en création collégiale (« Dust N' Bones », « Perfect Crime », « Don't Damn Me », « Civil War », « Get In The Ring »). Mais il occupe plus selon moi le rôle d’arbitre entre les deux géniteurs originels, et pimente de ses interventions la plupart des titres.
Son solo magnifique sur l’humide « November Rain » justifierait à lui seul un concert de louanges. Car si Slash ne s’impose pas au niveau créatif sur les deux Use Your Illusion (seuls « Civil War » et « Coma » sont réellement indispensables, et à la rigueur, on peut aussi retenir le très rigolo « Get In The Ring » et ses paroles cour de récré), il se place au premier plan niveau interprétation, trouvant toujours le ton juste, que ce soit en accompagnement ou en soliste. Ses riffs sont précis, ses digressions pertinentes, et lui permettent de se situer en bonne place dans le panthéon des Guitar Heroes des 90’s.
Notons aussi la participation active d’éléments extérieurs, avec l’implication à divers degrés de Timo Kaltio (collaborateur fidèle d’Izzy et ex Cherry Bombz), West Arkeen (co-compositeur régulier malheureusement décédé en 1997 d’une vilaine overdose), Paul Huge (futur remplaçant de Gilby Clarke, lui-même futur remplaçant de Stradlin), Del James (Road Manager et inspirateur du scénario de la vidéo « November Rain »), ou Billy McCloud. Pour compléter le tableau, ajoutons dans un désir d’exhaustivité les deux reprises, une par volume, avec l’hymne « Knocking On Heaven’s Door » de Zimmerman sur II, et l’orchestral « Live And Let Die » de Paul McCartney sur I.
I & II. I, II. III.
Use Your Illusion, c’est la proverbiale auberge espagnole. Un fourre-tout qui se permet de juxtaposer le génial et l’insignifiant. On a beaucoup glosé sur les filler qui jonchent ces deux doubles LP, ces titres qui n’ont normalement pas droit de cité sur un disque grand public. Et c’est la plus stricte vérité.
Mais intéressons-nous d’abord aux chansons qui en valent la peine. Celles qui ont attiré l’attention. Celles qui ont perduré (quoique l’emploi de ce verbe, dans le cas des GUNS, ne soit pas très viable).
Pour passer plus vite au gros du dossier, évacuons le choix des reprises.
Elles sont de choix, osée pour l’une, classique pour l’autre. « Knocking », est bien sur celle que tout le monde a retenue. Pour son interprétation live, pour ses paroles concernées, et de par l’identité de son auteur, Bob Dylan, le premier poète contestataire de l’histoire du Rock. C’est somme toute une reprise fidèle, honnête, qui permet au groupe un final orgiaque, propice aux mouvements de foule. Mais c’est aussi le moyen de juxtaposer deux voix complètement hors norme du Rock, le gosier nasillard de Bob, et celui de chat écorché magnifique d’Axl.
« Live And Let Die », c’est le choix pas évident. Ancré dans les 70’s, l’original fut considéré (à juste titre ou non), comme le premier sursaut Rock de Paulo après la séparation des BEATLES. Et l’amorce d’un album monumental à venir, le parfait Band On The Run. Avec son mélange de riffs d’acier et d’orchestrations subtiles, il est symptomatique du choix global des GUNS pour ce projet. Se rapprochant aussi bien des cordes grandiloquentes de « November Rain », de la franchise de « Get In The Ring », de la douceur de « Don’t Cry », que de la nonchalance de « 14 Years » (le passage semi Reggae), il se pose presque en synthèse idéale d’un album complexe et sujet à interprétation multiple. Et applaudissons d’ailleurs le groupe pour avoir réussi à se l’approprier sans la trahir.
Niveau tubes, Use Your Illusion se pose là. Vous avez le choix. « You Could Be Mine », « Don’t Cry », « November Rain », « Yesterdays »… Qui sont selon moi les plus proches de ce que l’on peut définir par le terme « hit ».
Le premier, qu’on retrouve dans le film Terminator 2, s’est illustré en images avec la participation d’Arnold, himself. C’est une bombe Heavy au riff si contagieux qu’il est quasiment impossible à oublier, même avec la meilleure volonté du monde. Ecrit par un Stradlin chafouin après une rupture, il est bien sur transcendé par sa guitare et celle de Slash, mais surtout porté à bout de cordes vocales par un Axl en forme olympique, qui miaule, couine, hurle, et utilise toute sa palette. « With your bitch slap rappin’ and your cocaine tongue », vers symptomatique de la poésie des GUNS, est assurément dans la ligne du parti et résonne des heures après toute écoute. C’est certainement l’un des morceaux les plus Heavy du groupe, tout du moins jusqu’à l’apparition récente de l’Arlésienne Chinese Democracy.
Le second, décliné en deux versions aux paroles légèrement différentes, est l’archétype de la ballade sentimentale sublimée par des arpèges cristallins. C’est la quintessence de la collaboration Stradlin/Rose, et le fruit du travail en commun le plus ancien des deux compères. Elle connaîtra un succès monstre, et une fois de plus Axl se pousse lui-même dans ses derniers retranchements, nous collant la chair de poule à l’occasion d’un dernier refrain. L’antithèse parfaite de la ballade superficielle, c’est une immersion totale dans l’intimité des deux hommes, et qui au final, donne bien des regrets quant à leur séparation.
« November Rain » n’est ni plus ni moins que le « Bohemian Rapshody » d’Axl. Seul aux commandes, il se laisse aller à ses envies de grandeur, et tricote un morceau emphatique et progressif de près de dix minutes. C’est toute la démesure de Rose que l’on retrouve sur ce morceau, qui débute délicatement pour exploser lors d’un épilogue gigantesque, durant lequel la guitare de Slash semble déchirer les cieux pour y laisser passer la pluie. Pénible et pompeux pour les uns, épiphanie musicale pour les autres, c’est un titre qui n’a jamais laissé indifférent, et qui mérite sa réputation tapageuse. Il est aussi celui qui annonce le plus fidèlement le changement de cap à venir, et la liberté qu’Axl retrouvera quinze ans plus tard.
« Yesterdays » reste dans un cadre beaucoup plus sobre. Mais son mid tempo accrocheur est séduisant, et Axl s’y permet des digressions charmantes. Un peu entre deux eaux, un peu hors du temps, c’est comme si les GUNS rencontraient les KINKS de la fin des 60’s. Doux parfum de nostalgie (ils se sont quand même mis à quatre pour la composer…), je l’ai choisi car il se situe dans la plus exacte moyenne des autres morceaux des deux LP. Pas vraiment impérissable, pas celui dont on se rappelle le plus, pas le plus mauvais, pas le meilleur, pas le plus exagéré, il reste raisonnable. Et dans cette somme de travail qu’était Use Your Illusion, c’était un cas assez rare.
Sur un ensemble de trente titres (tiens, pile poil comme un autre double LP bien connu…), il est évident qu’il y a un peu plus qu’une poignée de chansons à retenir… Après avoir parlé des reprises et des hits, il convient également de mettre en avant les autres réussites de ces deux LPs. Et il y en a…
« Civil War », dont les huit minutes ouvrent Use Your Illusion II, est manifestement un autre climax de ce projet. A contrario de « Right Next Door To Hell » sur I, il propose une entame complexe, étirée, ou chaque musicien se tire la bourre pour un résultat optimal. Axl y narre ses vues sur l’histoire des Etats Unis, la façon dont cette nation a toujours traité ses enfants, ainsi que ceux qui osaient exposer leurs velléités démocratiques et égalitaires. Après une courte intro parlée et sifflée, le groupe part sur une mélodie quasi unique qui s’étend sur tout le titre, et dont l’intensité va crescendo jusqu’à un final up tempo libérateur. Le chant d’Axl est nuancé, comme sur tous les morceaux « à ambiance », et alterne les caresses vocales et les coups de fouet soudains.
Les dix minutes de « Coma », qui clôt I, sont l’exact opposé de son introduction. Peut être le titre le plus difficile à appréhender, mais qui reste l’apothéose de l’écriture commune Hudson/Rose. Archétype du morceau à tiroir, c’est une composition assez inhabituelle, feutrée, progressive. Le genre de cassure définitive avec le passé…
« Right Next Door To Hell » et « Perfect Crime » nous ramènent aux débuts des GUNS, et tirent définitivement vers « Reckless Life » qu’on retrouvait sur le EP initial Live Like A Suicide. Du bon Rock échevelé comme le groupe sait si bien le pratiquer. C’est court, concis, et ça bastonne. Idéal pour les nostalgiques qui désirent contrebalancer les morceaux les plus longs et travaillés.
« Dust N' Bones», placé en seconde piste sur I, est la symétrie parfaite de « 14 Years » sur II. C’est pataud, avec ce chant désabusé qui s’affale sur un rythme tranquille. Izzy joue les blasés, et s’oppose dans le fond et la forme à Axl. Si le tempétueux et roux leader déborde d’imagination grandiloquente, son guitariste préfère l’option humble, et propose ce qu’il sait faire de mieux, du Rock cool, en dilettante. Mais le mélange de leur deux voix est décidément magique. Lorsque j’écoute ce titre, mes pensées flottent toujours vers le « I’m Only Sleeping » de Lennon…Même genre de fausse léthargie…méfiez-vous de l’eau qui dort !
« The Garden », featuring Alice Cooper, reste un plaisir mineur, une collaboration/parrainage du maître envers les disciples (quoique les GUNS devaient beaucoup plus aux Stones qu’à papy Alice…). « Garden Of Eden » reste une petite perle qui sera supportée par une vidéo live, sur laquelle on retrouvera Teddy « Zig-zag » Andreadis, qui accompagnera à l’harmonica les GUNS sur toute leur tournée.
« Back Off Bitch » fait dans la finesse. Sans aller jusqu’à la compararer avec le « Bitch » des STONES (quoi que…), c’est une fois de plus un titre composé avant la sortie d’Appetite, et un des rares morceaux où Izzy s’autorise un long solo.
Et justement son « Double Talkin’ Jive », diablement entraînant, permet à Axl une petite citation véridique. Le fameux vers « Found a head and an arm in a garbage can », est en fait le rapport d’un fait, puisqu’une tête et un bras furent justement retrouvés dans une benne près du studio… Morceau que le groupe étirera sans cesse en live, passant allègrement des trois minutes à plus de huit. L’occasion pour Slash de se distinguer.
J’ai brièvement abordé le cas de « 14 Years » un peu plus haut, mais j’y reviens avec un plaisir non feint. Ce titre, encore une fois, fait partie du haut du panier. C’est l’épitomé de la collaboration Stradlin/Rose, l’amitié passée, les galères, et un bilan, après tout ce temps passé à récupérer des pizzas dans les poubelles et écluser des litres de Nightrain. Un boogie bastringue qui semble simpliste, mais qui est sublimé par ces frappes de piano si ludiques, et la voix incomparable d’Izzy. Avec un texte formidable, (« These 14 years of madness, sure put me straight »…pas sur !!!), c’est aussi malheureusement un point final, puisque Stradlin ne tardera pas à quitter le navire…Et on se prend à se poser la question. Que se serait-il passé s’il était resté ? Merde, j’aurais bien aimé savoir…
La suite « Get In The Ring » / « Shotgun Blues » est haute en énergie, et donne un nouveau coup de chaud à II. Si les deux morceaux sont musicalement inattaquables, avec pour le premier une sale charge Heavy, et un Rock bien speedé pour le second, ils sont aussi similaires au niveau des textes. Deux attaques personnelles, mais formulées avec plus ou moins de bonheur et de viabilité. Autant « Get In The Ring » est désespérément puéril dans sa logorrhée emplie de vacuité à destination des « vilains journalistes », autant « Shotgun Blues » et son ironie subtile à l’égard de Vince Neil est drôle. C’est vrai que leur antagonisme ne date pas d’hier… Mais on attend toujours le combat de boxe exigé par le chanteur de MÖTLEY et accepté par notre rouquin hargneux, qu’Alice Cooper avait d’ailleurs proposé d’arbitrer ! Quels grands enfants… L’autre anecdote à propos de « Shotgun Blues » est plus étonnante. En effet, Izzy cède sa place sur ce morceau à Axl, qui y tient la guitare rythmique. Facultatif mais amusant…
« So Fine » est l’hommage émouvant d’un enfant du Punk à l’un de ses mentors… Interprété par Duff et dédié à Johnny Thunders, le loser magnifique, mort d’une overdose programmée de longue date juste avant l’enregistrement des deux albums. C’est l’occasion de célébrer le travail à la basse du sieur McKagan, souvent sous estimé, mais ciment indispensable du groupe. Elle sait se faire sèche quand il le faut, avec une attaque franche, ou plus sinueuse à l’occasion.
« Locomotive » est un des ovnis de l’album. Avec sa touche funky, et le bouton de tonalité de la Gibson Explorer de Slash à zéro, c’est une incursion dans l’innovation. Morceau composé dans la maison que lui et Stradlin partageaient après la tournée en support d’Appetite, elle détonne salement dans le paysage global, mais reste une de celles que l’on se surprend à écouter plus souvent que de raison.
Quant au final bizarroïde « My World », c’est un pied de nez d’Axl qui fut rajouté en fin de course à l’insu des autres musiciens. Rien de vraiment notable à l’époque, mais maintenant que Chinese Democracy est sorti, on se demande si quelque part, il n’y avait pas un message bien caché ou inconscient à l’époque… Etait ce aussi histoire d’accoler le nom seul de Rose à la fin de ces deux albums ? Mystère… Et pas sur qu’une réponse de l’intéressé soit négociable…
Use Your Illusion I&II
C’est vrai, on s’attendait à tout sauf à ça. Certains piaffaient de coller sur leur platine un genre d’Appetite II, plus pro, mais aussi plus direct et Rock. D’autres espéraient plus, mais pas autant. Certains n’en avaient rien à foutre. Et la maison de disque avait des suées jour et nuit.
Use Your Illusion I&II furent le grand oeuvre des GUNS, qui au final, n’étaient plus que trois du line-up d’origine. Steven viré, remplacé par Matt Sorum, Izzy parti de lui-même, ne supportant plus le diktat de son tempétueux leader, et souhaitant faire plus simple, fut aussi remplacé par Gilby Clarke, guitariste capable mais ô combien moins inspiré.
Duff s’en tamponnait. Lui, ne souhaitait que jouer. Punk un jour, Punk toujours… Slash à tenu le temps qu’il a pu, puis a aussi lâché l’affaire… Ils réussiront tant bien que mal à boucler avant de fermer la porte un assez pathétique album de covers Punk, The Spaghetti Incident (il faudra un jour qu’on m’explique ce que NAZARETH avait de Punk quand même…), dans lequel Axl, comme pour « One In A Million », réussissait à déclencher la polémique en reprenant en fin de disque un morceau de Charles Manson. Sans doute trouvait-il ça aussi drôle que Brian Jones lorsque celui-ci faisait un joli salut nazi à ses fans allemands…
Quel dommage quand même…
Les GUNS étaient partis pour être le plus gros groupe des 90’s, devant METALLICA, REM, et peut être U2. La tournée Use Your Illusion fut à l’image des albums, démesurée, avec une kyrielle de choristes, d’invités, et des scènes gigantesques. Axl fit bien sur des siennes, et les autres tentèrent tant bien que mal de rester la tête hors de l’eau. Mais l’affaire semblait pliée d’avance.
Restent ces deux volumes, qu’il vaut mieux considérer comme l’épitaphe officielle du gang plutôt que ce dernier LP insipide, dans lequel la seule intervention viable d’Axl fut de conseiller aux auditeurs de se faire une faveur et d’aller acquérir les originaux… Bien vu.
En terme de ventes, le label s’était fixé des objectifs déraisonnables comme je le disais, et visait les chiffres de Sgt Pepper, voire du Thriller de Mickael Jackson. Las, une fois de plus, tout ne se passa pas comme prévu. Il y avait bien sur l’option fan absolu, qui achetait les deux, ceux qui en achetaient un et copiaient l’autre, et ceux qui se contentaient de leur préféré. A ce petit jeu, II fit la nique à I, avec deux millions de copies supplémentaires écoulées. Ils finirent septuple platine. Belle carrière quand même pour deux tomes aussi compacts.
Alors évidemment, les questions restées en suspens sont multiples. Aurait-il fallu condenser tout ça en un seul double album, ne contenant que l’indispensable ? Ou attendre un peu, sortir un second effort plus classique avant de péter les plombs, histoire de fidéliser la clientèle ? Ou proposer quelque chose de radicalement différent ?
Personne ne le sait, et à la limite on s’en fout. Car ils sont là, depuis vingt ans, et c’est tant mieux. Ils contiennent le meilleur et le pire des GUNS, le plus anecdotique, le plus drôle, le plus méchant, le plus sucré. Mais ce qu’on ne peut leur contester, c’est qu’ils auront conféré une aura spéciale à cette histoire unique, commencée dans la rue avec que dalle, et achevée dans la confusion et l’opulence.
Alors après…
Le syndrome Garbo pour Axl, seul dans sa tour d’ivoire, des buts plus humbles et immédiats pour Slash, Duff et Matt (qui ne tarderaient pas à se voir affubler du très aimable sobriquet « d’anciens employés » par Rose…), mais surtout un sale arrière goût d’inachevé.
Il y a des légendes qu’on se plait à raconter parce qu’elles sont belles et logiques, et d’autres qui se construisent à grands coups de contradictions et de blessures internes. Celle de GUNS N’ROSES en est une.
Les fans les voulaient, pour eux. La seule réponse du groupe fut « You Could be Mine ».
Over.
Ajouté : Vendredi 07 Décembre 2012 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Guns N' Roses Website Hits: 9894
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