CLAIRVOYANCE (nz) - Psychosis (2012)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 1er Novembre 2012
Pays : Nouvelle Zélande
Genre : Metal Progressif Atmosphérique
Type : Album
Playtime : 5 Titres - 23 Mins
La musique est d’abord une affaire de sentiments, de sensations… De la grâce et la volupté nées des œuvres de Mozart ou Beethoven, à la révolte dégagée par les albums des CLASH ou des GERMS, en passant par la sage rébellion adolescente provoquée par Elvis ou Chuck Berry, toutes les générations ont cherché la même chose à travers ces notes diffusées. Une sensation de plaisir, de bien être, de rage, de haine, de plénitude, ou je ne sais quoi d’autre correspondant à l’humeur du moment.
Mon humeur du moment vous l’aurez compris, n’est pas à la contemplation, à la sérénité, ou à la quiétude.
Et pourtant aujourd’hui, à l’écoute d’un simple EP trouvé au hasard sur la toile, je me suis senti presque bien. Ce qui est assez rare pour être souligné…
Pourtant, rien ne laissait présager de ceci lorsque j’ai lancé l’écoute de Psychosis. Metal progressif atmosphérique aux relents de Metalcore, c’était intrigant certes, mais pas suffisamment pour me sortir de ma torpeur sombre et/ou de mon canapé.
Mais j’ai quand même laissé la musique faire son œuvre, et grand bien m’en a pris…
Car CLAIRVOYANCE a bien des armes pour séduire en cas de dépression larvée et/ou déclarée.
Soyons d’abord un peu plus précis. Vingt trois minutes de musique pour un EP, c’est une durée raisonnable. Le seul souci, c’est que lorsque l’écoute de Psychosis se termine, on a l’impression que le voyage n’est pas fini. Non que l’effort de groupe soit insuffisant ou inachevé, mais parce qu’on aimerait en entendre plus. On aimerait aller plus loin, plus haut. En ayant choisi l’option instrumentale, le groupe néo zélandais a pourtant pris un maximum de risques. Pas de chant auquel s’accrocher, pas d’histoire à raconter, et pourtant, c’est bien là le secret de l’alchimie de leur musique.
Car ils parlent avec leurs instruments. Et ceux-ci ont bien des choses à dire. Et des histoires à raconter justement.
Et l’histoire que l’on retrouve ici, ça pourrait être la mienne, la votre, ou celle de n’importe qui. Ce sont des sentiments à n’en point douter, une vaste gamme même, passant de la contemplation admirative au rêve éveillé, la colère sourde et grondante, le stress, l’envie d’ailleurs, la solitude au milieu de la foule, ou quoi que ce soit de tangible ou intangible.
Et pour structurer ce monde à la Inception, CLAIRVOYANCE ne recule devant rien, ne délaisse aucune piste, et tente toutes les possibilités.
Metalcore, c’est un fait, mais Thrash aussi. Parfois Pop ou simplement Metal, divagant même sur les rivages du Post Hardcore ou du Post Rock, un peu arty, un peu tout et rien à la fois, la musique de ce groupe magique est difficilement identifiable, et c’est ce qui la rend si attachante, si humaine dirais je.
Et malgré l’accumulation d’influences disparates, Psychosis est un modèle de concision et de cohésion. Lorsque les arpèges et les riffs sombres se juxtaposent, lorsque la batterie évolue entre deux mondes, avec ce son net, cette frappe sèche et précise, et que la basse joue son rôle de catalyseur, le panorama se découvre, et nous offre des images inattendues, des breaks apaisants, presque lointains, sur lesquels planent des nuages de claviers oniriques nous offrant le choix.
Le choix, c’est bien le nœud de l’affaire.
Car CLAIRVOYANCE vous le laisse justement.
Il vous laisse le choix de l’écouter ou non bien sur, mais il vous laisse aussi le choix de l’interprétation que vous ferez de leur musique. Le choix des mondes que les portes ouvriront ou fermeront, le choix de l’état dans lequel vous serez en écoutant leurs chansons.
Le choix justement, qui fut le leur au moment de composer ces titres, de ne supporter aucun cloisonnement, de laisser les choses en l’état, de laisser leur imagination et leur inspiration voguer au gré d’émotions, complémentaires et contradictoires, de ne se laisser brider que par leur instinct.
Le choix de ne faire que… de la musique.
Et nous revenons donc au début de cette chronique. La musique. Et les sensations qu’elle procure.
Celles offertes par Psychosis sont multiples. Un peu comme une drogue sans effets secondaires, juste une main bienveillante, un regard posé sur vous, protecteur, chaleureux.
Un moment de joie, sans rien attendre en retour.
C’est rare à notre époque. Il serait dommage de passer à côté d’une telle occasion.
Ajouté : Jeudi 29 Novembre 2012 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Clairvoyance Website Hits: 11768
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