IN ARKADIA (FRA) - Benjy et Mirfin (Avril-2013)
Quand une interview prévue sur un créneau de vingt minutes s’étend en presque trois quarts d’heure d’une verve habile et enjouée, c’est généralement le signe que tous les intervenants y passent du bon temps. Une interview en fond de cale du Batofar où le formalisme respectueux ennuyeux et les réponses basiques s’effacent au profit d’une discussion naturelle qui donne l’impression d’être entre potes. Si Eyes Of The Archetype, la première mouture du IN ARKADIA nouveau, ne m’a pas transcendé outre-mesure, le jeune âge (relatif) de ses membres et la passion débordante pour leur musique qui transparaît à chacune de leurs paroles m’a procuré un énorme capital sympathie pour cette formation lyonnaise qui, au final, fait ce qu’il lui plaît sur l’instant, sans se préoccuper d’un quelconque public à contenter.
Line-up : Alix (Chant), Paul (Guitare), Mirfin (Guitare), Benjy (Basse), Flo (Batterie)
Discographie : Release The Shadow (album - 2006), Blind Oppression (album - 2008), Wasteland Chronicles (album - 2010), Regurgitate (EP - 2012), Eyes Of The Archetype (album - 2013)
Metal-Impact. Salut les gars, personnellement je ne vous connais pas plus que ça, mais apparemment ce n'est pas si grave puisque vous avez tout recommencé à zéro. D'ailleurs, c'est quoi la formule magique pour une réorientation réussie ? Il faut bouger tout le monde et garder le batteur, c'est ça ? Qu'est-ce qui a fait que tous les membres sont partis ?
Mirfin. Pour ma part, j’ai intégré le groupe à ce moment-là. Ce qu’il s’est passé, c’est qu’il y avait quelques soucis avec les anciens membres qui ne voulaient plus faire de la musique, tout simplement, ou ce vers quoi nous voulions nous diriger. Les nouvelles idées ne plaisaient pas, donc ils sont partis et on s’est retrouvé à trois (le guitariste de l’époque était encore avec nous). Ensuite on a trouvé Benjy à la basse, et Alix au chant, qu’on connaissait depuis un petit moment. Etant graphiste, j’ai changé tout le visuel (le logo, la thématique, tout…), comme ça le virage était bien clair, et on s’est retrouvé avec un nouveau IN ARKADIA, "2.0" comme on l’appelle entre nous.
MI. Donc le IN ARKADIA 2.0 c'est deux fois plus "in your face" c'est ça ?
Benjy. Oui, c’est le but. Avant le groupe faisait du Thrash Mélo orienté BODOM et, là, les idées qui sont arrivées ont plutôt tendance à aller vers du Death Mélo moderne, comme THE BLACK DAHLIA MURDER, etc… Si Flo était là, il te dirait vraiment que c’est orienté américain. Et plus ça va, plus on commence à intégrer de nouvelles idées, car on fréquente d’autres gens et nos horizons musicaux s’élargissent. On commence à aller vers du Deathcore, avec des influences ponctuelles qui viennent.
Mirfin. En gros, avant c’était du Thrash, maintenant c’est du Death. On s’est plus rythmisé, avec une philosophie Hardcore.
MI. Par contre, j'ai besoin d'éclaircir un point sur votre nouvel album : la pochette. Qu'est-ce que vous vouliez faire ? Une parodie ? Parce que personnellement, j'ai beaucoup de mal avec.
Mirfin. Si tu veux, j’ai été bercé par les gros groupes de Metal à la BEHEMOTH et compagnie, qui sont très iconiques. J’ai un petit peu voulu prendre le contre-pied, niveau lumière, de ces groupes-là, tout en faisant un petit clin d’œil ; j’aime beaucoup ce côté biblique, sacré dans le Metal. Et pour le coup il y a ce côté lumineux et coloré qui dit aux gens "on fait du Metal, mais n’oubliez pas qu’on est en 2013, et qu’on peut faire des choses différentes". Sans parler de renouveler quoi que ce soit, c’est juste de savoir évoluer avec son temps. Il n’y a pas que le "dark" dans la vie, il y a aussi le fun, l’éclate : nous. On s’amuse vachement dans le groupe. Du coup, on tend à illuminer le visuel, à faire des photos en plein soleil avec des casquettes et tout. On a fait les choses à notre sauce, ce qui nous plaisait.
MI. Je vais vous dire ce que j'ai pensé du nouvel album. J'ai trouvé qu'il était très immédiat et à écouter quand l'envie se fait ressentir de se défouler. Était-ce ce que vous vouliez réaliser ?
Mirfin. Oui, il n’y a pas de recherche d’ambiance ultra-compliquée. On n’est pas comme ça. Ça viendra sûrement parce qu’on commence à s’ouvrir. Mais Eyes Of The Archetype, c’est notre premier album, à Benjy et moi, d’un groupe sérieux. On a été dans un studio européen (en Allemagne), on a mis les moyens, on a composé pendant six mois. C’était un moment clé, on pouvait sortir un album, on l’a fait. Ce sera une première pierre de là où on était et on verra effectivement plus tard. Mais là, on joue dans un groupe sérieux, on veut vraiment s’éclater sur scène, donc on fait des compos qui sont "droit dans la tronche", il n’y a pas de passages calmes, ni de transitions. On n’est pas comme NILE, par exemple. Pourquoi est-ce qu’on s’embêterait à mettre des nuances parce que les gens en veulent ? Ce n’est pas nous. Si les gens n’aiment pas, tant pis, ceux qui apprécient les trucs directs aimeront, et puis le prochain il y aura autre chose, et après, encore autre chose. Il faut se dire que c’est une pierre marquée, et on est super content de l’avoir fait.
Benjy. Il faut savoir qu’on a un an de décalage entre la façon dont on compose aujourd’hui et de quand on a enregistré l’album, en juin 2012. Et les compos, elles, dataient de juin 2011, donc avec l’idée musicale de cette période. Ca veut dire que pendant qu’on enregistrait l’album on avait déjà d’autres idées. Et là, arrivé en juin 2013, on en a encore plein d’autres. Du coup on joue quelque chose qui nous plaît énormément mais qui date d’il y a deux ans. C’était fait exprès que l’album soit direct, vraiment pour casser l’image d’avant et montrer ce que le groupe est maintenant. On nous le dit souvent, d’ailleurs, qu’il est très direct, qu’il n’y a pas assez de moments calmes, et ça viendra sans doute après.
MI. Pour ma part la piste la plus représentative de vos capacités explosives, c'est « Orgasmophobia », une vraie boucherie. Je suis sûr qu'en live elle fait des ravages.
Benjy. C’est la première compo qu’on a composé tous les deux, alors que le reste de l’album c’est plus Mirfin. Personnellement, je suis moins Death Mélo que les autres, j’ai d’autres influences un peu plus Death et Core. Du coup, quand je suis arrivé, j’ai composé deux-trois riffs (ceux d’« Orgasmophobia »), et ça a donné un œil nouveau aux autres qui se sont dit que ce pourrait être une bonne idée de faire ça. C’est vrai qu’elle casse un peu, elle est moins mélodique, mais c’est un défouloir.
MI. Sur « Lifeslicer », j'ai vraiment ressenti cette influence HYPOCRISY. Encore plus avec le sample d'intro tiré du film Battle Los Angeles qui renvoie à cette thématique d’invasion alien.
Mirfin. Pour le coup, c’est quasiment une des seules compos écrites par l’ancien guitariste qui avait un style très particulier, un peu structuré 4/4, très basé Mélo avec des pistes plus longues, plus épiques. Et moi j’ai intégré ce côté-là avec ses riffs et avec les samples, les ambiances, la longueur, les harmonisations, les portées mélodiques, elle fait vraiment fin d’album, clôture. On l’a mise à la fin, et ça marche toujours. On n’a pas fait un "fade out" classique qui dit "bon l’album est fini, vous avez écouté l’album, c’est cool, merci à vous, faites autre chose".
MI. Mirfin, comme tu écris les paroles, peux-tu nous dire de quels sujets tu traites ? Je vous avoue qu'après avoir lu un track-by-track donné pour Soilchronicles, je me suis dit que ce devait être 200 % de déconne. J'ai tort ?
Mirfin. Si on dit un truc, il y a forcément un peu de déconne derrière, que ce soit dans le propos ou la façon dont ça a été fait. J’ai cité le groupe BEHEMOTH tout à l’heure, qui est une grosse influence pour moi, car les paroles sont juste excellentes à mes yeux. J’aime beaucoup les lectures différentes, les trucs un peu épiques. Déjà, le titre de l’album, Eyes Of the Archetype, parle d’un être humain, lambda, archétypal, basique qui, à un moment donné, se retrouve face à quelque chose - face à d’autres, face à lui-même, plein de choses. Et il est opposé à différents moments avec d’autres personnages. Il y a plein d’histoires, c’est assez varié. Mais j’essaie toujours d’avoir un côté recherché dans les paroles car j’aimerais bien que le gars qui connaît l’album les lise et se dise "je ne comprends pas, j’ai besoin de chercher, de réfléchir ; qu’est-ce qu’il a voulu dire ?" parce qu’une phrase est tournée bizarrement, avec de l’ancien anglais par exemple. Ce sont des paroles très variées, très ouvertes et très imagées.
MI. D’où tires-tu tes influences pour écrire les paroles alors ?
Mirfin. Je lis, je lis beaucoup. Des vieux poèmes, des trucs des années 50, anglais, qui étaient vraiment très pompeux. Je lis des livres sur la religion, la mythologie. Et des paroles d’autres groupes aussi, tout simplement.
MI. Tous les titres sont venus d'eux-mêmes, ou bien vous avez eu des difficultés pour en finaliser certains ? Quelle est l'histoire derrière « Status Divine » par exemple ? Avez-vous des anecdotes de l'enregistrement ?
Benjy. Il n’y a pas eu de difficulté particulière sur les titres. Mais pour les anecdotes, au moment de finaliser l’album j’ai emménagé chez Mirfin et Flo (qui habitent ensemble) car il nous restait quelques trucs à enregistrer et peaufiner. On n’était pas très contents des voix, donc il fallait les refaire. Et, pendant trois semaines, on a enregistré à l’arrache sur une vieille carte son, Alix chantait sous une couverture parce qu’il y avait les voisins à côté qui gueulaient. Il faisait 35°C, plein été, Alix crevait de chaud, c’était horrible. Et la veille au soir, avant de partir en studio, on a réussi à finaliser l’album dans ces conditions.
Pour « Status Divine », c’était en fait une ancienne intro de live, d’il y a quelques années, où on avait découvert la Dubstep et on voulait essayer d’en faire. Mais comme on ne sait pas vraiment en faire, on a posé des sons n’importe comment, et pour le live ça le faisait. Et on a voulu la mettre sur l’album, mais on n’y arrivait pas. En studio, il y a eu des problèmes d’accordage, de temps… À la base, c’était un vrai morceau, complet, qui durait quatre minutes et le dernier jour on n’en voulait plus. Comme elle est là c’était l’intro, et il y avait une rythmique derrière qui partait très THE BLACK DAHLIA MURDER. En studio, on l’enregistre, on est super contents du son, et au final on ne la trouvait pas finie. Du coup on a simplement gardé l’intro, on l’a remaniée, et ça se sent que c’est très très basique comme Dubstep. Mais, personnellement, ça ne me gênait pas de la mettre sur l’album pour dire "oui, on ne sait pas faire de Dubstep, et alors ?". On s’amuse, on essaie, on fait un truc qui nous plaît et on s’est dit que ce serait pas mal de rajouter un pattern de guitare derrière et de faire tourner tout ça. Au final, on se rend compte que ça permet de faire un petit interlude un peu plus posé parce que notre album est quand même bien rentre-dedans. Et ça fait parler les gens. Notre ingé son, lui, vomit sur ce morceau parce qu’il est producteur et beat-maker, il sait très bien faire de la Dubstep, mais à l’époque on ne l’avait pas rencontré. Et toi tu l’as trouvé comment ?
MI Pour le coup, comme j’avais écouté le dernier GRAVITY peu de temps avant, ça m’a fait penser à leur featuring, un peu dans le même genre, avec THE ALGORITHM. Mais je n’ai pas cherché à l’interpréter plus que ça. Pour moi, c’était dans l’album, un petit interlude déconne dans l’esprit fun du groupe.
Benjy. Ouais, voilà, c’est exactement ça. Ce n’est pas à prendre plus loin que ce que c’est. C’est un délire et ça a fonctionné parce que les gens en parlent, et s’ils en parlent c’est que ça les a marqués.
MI. Bon, comme je l'ai dit tout à l'heure, je ne vous connais pas plus que cela, et pourtant vous semblez être partout en ce moment ; c’est le style à l'américaine qui vous réussit ?
Mirfin. Non, c’est parce qu’on a eu la chance de pouvoir jouer un peu partout depuis deux ans et on prend tout : les petits bars, les grosses salles, les trucs bizarres. Là on a un peu fini le "Tour de France" d’IN ARKADIA mais pendant deux ans, faire 70 dates par an, je pense que ça fait beaucoup pour un groupe qui émerge et se reconstruit. Et on a voulu vraiment dire : "ceux qui connaissaient IN ARKADIA, oubliez, ceux qui ne connaissent pas, bonjour, on est là". On a essayé de se présenter partout en France et, au final, les gens entendent parler de toi. En bien, en mal, en neutre, peu importe, au moins ils savent que tu existes, et ce que tu fais. On aime beaucoup, aussi, partager plein de trucs avec les gens qu’on rencontre. On a eu la chance de jouer avec plein de groupes très cools humainement. Par exemple, il y a des mecs qui viennent nous voir ce soir, ou même qui ne restent pas, mais qui sont passés nous dire bonjour parce qu’on était sur Paris, et ça c’est super cool comme type de rapports. Et si on nous chronique pas mal, c’est aussi parce qu’on envoie beaucoup de CD promo partout.
Benjy. Parce qu’on aime bien avoir leur avis. Je veux dire, un webzine c’est une structure qui voit défiler plein de groupes, donc on aime bien se placer par rapport à ça. C’est important de savoir comment eux te perçoivent. Après, c’est sûr, ça dépend du chroniqueur, mais au moins ça nous permet de savoir ce qu’on a fait de bien, ou de mal, ce qu’il y a à améliorer, etc… Après, on suit leurs conseils ou non, mais on est parti du principe que toute critique était bonne à prendre, quitte à se faire cracher dessus sur certains webzines - on le savait que ça arriverait, mais ça ne nous dérange pas plus que ça car c’est toujours appréciable d’avoir des retours de plusieurs personnes d’un peu partout.
MI. Avez-vous fait un clip pour l’album ?
Mirfin. Oui, c’est un studio-clip en fait. On s’est enregistré pendant qu’on bossait, qu’on faisait les cons. Comme on l’a déjà dit plusieurs fois, nous on s’amuse vraiment tous les jours. On bosse, mais on s’amuse. Alors on s’est demandé s’il valait mieux sortir un clip à l’arrache, en deux jours, avec pas de moyens, ou alors un clip du quotidien, parce qu’on avait plein d’images sympas, pour montrer comment ça s’est passé en studio. On était là-bas, c’était joli, on a fait les cons, on a bossé. Au final, c’est ce qu’on a préféré montrer aux gens et, pour une première vidéo "officielle" qui montre le groupe, c’était important de ne pas partir sur une vidéo formatée, avec du maquillage et tout.
Benjy. Encore une fois, ça nous permettait de nous faire découvrir aux gens, pour ceux qui ne nous connaissent pas. A quoi on ressemble, quel est notre style, qu’est-ce qu’on a fait pendant ces trois semaines où on postait des photos sur Facebook mais que personne ne savait trop ce qu’il se passait, etc… On a pris toutes ces images, on les a montées nous-mêmes, et on est allé voir des potes par-ci par-là, qui s’y connaissaient un peu, pour le traitement final, et ça nous a permis de sortir un truc à diffuser sur internet. C’est comme l’album, en fait, c’est un point de repère de là où on en est. On aime bien dire aux gens : voilà il y a six mois on était comme ça. Et les gens que ça intéresse peuvent suivre l’évolution du groupe.
MI. Du coup, même en tournant intensément, est-ce que vous avez une activité professionnelle à côté ?
Benjy. Pour l’instant, je suis encore intérimaire.
Mirfin. Moi je suis graphiste. Le batteur et le chanteur ont chacun un travail. On a cinq semaines de congés par an comme tous les gens qui sont dans une boîte. Moi je ne rentre jamais chez mes parents, Flo ne part jamais en vacances. Mais c’est ça ou c’est rien, il faut savoir ce qu’on veut dans la vie. Peut-être que ça évoluera par la suite. Peut-être qu’on n’aura plus de travail, qu’on aura un travail plus prenant, ou qu’on n’aura plus besoin de travailler (je croise les doigts). En tout cas, on s’arrange toujours pour faire vendredi, samedi, parfois dimanche quand on peut prendre deux jours dans la semaine, et quand on part en tournée on prend deux semaines. On sait que, pendant l’été, on n’aura pas de vacances, on sera les seuls à rester au travail pour tenir la boîte, mais il faut faire un choix. Soit tu vas faire le con avec les potes pendant deux semaines à la plage, soit tu…tu… vas faire le con avec tes potes sur scène (rires), partout en France, toute l’année, et dans un van, qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige.
Benjy. Surtout quand il neige. On est bien tombé, tout le gros des dates est arrivé en hiver, dans le Nord, Franche-Comté, Lille… on a bien découvert la région : c’était tout blanc et il faisait très très froid (rires).
MI. Parmi toutes vos dates, quelles seraient les plus mémorables ?
Benjy. Dans quel sens ? Parce qu’on a eu de tout (rires).
Mirfin. On ne va pas citer les endroits pour ne pas froisser les gens. Mais on a eu des dates dans des caves un peu moisies. Il n’y avait pas de backline, pas de câbles, pas d’enceintes. Il y avait dix personnes parce qu’il n’y avait pas eu de promo, ça arrive à tout le monde et heureusement, parce que sinon les belles dates n’auraient pas de saveur. Et on a aussi fait de très belles salles avec des très bons groupes.
Notamment Pontarlier, le dernier concert de potes. C’était un petit café-théâtre avec une scène toute minuscule mais, pour le coup, les gens nous connaissaient déjà. C’était la folie complète, les gens marchaient littéralement sur le plafond (ils se faisaient porter), ils ont cassé des trucs. Reims aussi, c’était très bon. Et pourtant ce ne sont pas des énormes salles, mais les gens sont là, et les meilleures dates sont quand le public est là et se bouge le cul. Ils ne payent pas 5€ pour venir te regarder les bras croisés. Les meilleures dates ce ne sont pas celles où tu as le meilleur matos, ce sont juste celles où les gens viennent et font les cons. Et c’est tout ce qu’on veut, que les gens viennent et, en plus de payer l’entrée (ce qui est déjà très sympa), ils se cassent la gueule dans le pit et se font plaisir.
Benjy. Nous on s’éclate sur scène, alors pourquoi pas eux, juste à 2m de nous ? Il y a deux semaines on a joué dans un endroit, à côté du Luxembourg, où c’était une soirée Blues/Rock/Hard Rock, avec que des familles, et on se disait "mais qu’est-ce que c’est ce truc ?" et, finalement, des gens sont restés - bon, les petits vieux sont allés se coucher, et ils ont sortis les enfants en les tenant par le bras - et ils ont foutu le bordel, et c’était super sympa. Comme quoi, c’est le public qui fait tout. Et tu peux avoir de très bonnes surprises. Surtout qu’on a eu plein d’ennuis sur cette date. Mais ça laisse des souvenirs très mémorables.
MI. Vous avez des festivals de prévus pour cet été ?
Benjy. Oui, le Dong Open Air, en Allemagne, avec SOILWORK et SOULFLY notamment.
Mirfin. Je t’avoue qu’il faudrait en parler à Alix, qui gère le booking. Il est vraiment très fort là-dedans, et du coup on a pas mal de dates qui sont bookées, mais il ne nous en parle tant que ce n’est pas finalisé, tant que ce n’est pas sûr. Mais on sait qu’on a une bonne dizaine de festivals qui arrivent. Gros ou petits, peu importe, on en a pas mal cet été, et il y en a déjà de prévus pour l’an prochain. On va essayer de se concentrer là-dessus, d’être plus présent sur les fests, pour montrer aux gens que c’est bien de foutre le bordel dans une petite salle mais que c’est aussi bien en plein air.
MI. Le Hellfest vous tente ?
Mirfin. Bien sûr. Comme tout le monde. Wacken, Rock Am Ring, on fait tout, pas de problème. Mais pour l’instant on n’en est pas là, et on aimerait, je pense, être sûrs de nous avant de se lancer dans les démarches pour faire les très gros festivals. On a encore besoin de plus de soutien, de plus de visibilité, donc on va laisser les choses se faire tranquillement, faire des fests à droite et à gauche en Europe, comme on peut. On part en Russie, puis en Ukraine, à la fin de l’année, trois semaines avec le trajet je crois. Et on joue avant en France, idem au retour. Et, pour le coup, c’est un truc comme ça qui fait que tu prends de l’expérience. Et avant de démarcher le Hellfest, ce qui, pour moi, ne sert à rien à l’heure actuelle parce qu’on n’a pas encore les épaules pour, on continue de se faire connaître.
MI. Si je vous dis : DESTINITY ? Une grande histoire avec eux, non ?
Benjy. Oui, bah oui, ce sont des potes à nous. On les connaît très très bien. On partage le même local de répétition, la même scène de répèt...
Mirfin. Quand je suis arrivé sur Lyon, j’ai créché chez le guitariste, Zephiros, pendant environ six mois. D’ailleurs, je le remercie pour ça. Ils nous ont filé des coups de main, ils nous ont aidés, ils sont toujours là quand on a besoin d’eux, comme nous on est là pour eux. On se connaît depuis longtemps. Il y a eu des influences, au début, sur l’album. Enfin, pas de DESTINITY pour être honnête - parce qu’on nous le dit souvent dans les chroniques (groupe de Lyon, Death Mélo,…) - mais les mêmes qu’eux. Et maintenant on a évolué, donc on se dirige vers autre chose.
Benjy. Mais c’est vrai que tu as bien remarqué les choses parce qu’une fois sur deux, quand on lisait une chronique, on nous comparait à DESTINITY. Effectivement, on a eu les mêmes influences. Mirfin a vécu six mois avec eux ; ils ont écouté la même chose. Donc c’est possible.
Mirfin. Ils m’ont volé des compos en plus ! (rires)
MI. Avez-vous aimé leur dernier album ?
Benjy. Ouais, carrément. Une tuerie. On l’a beaucoup écouté, et il y a vraiment des supers trucs.
Mirfin. J’étais présent quand ils commençaient à le composer, j’ai entendu les riffs sur Guitar Pro. Clairement, on l’a poncé, on l’adore cet album, on le trouve excellent. Et en live, ils le défendent super bien. Quinze ans qu’ils sont là, quinze ans qu’ils défoncent tout. On soutiendra toujours des mecs comme eux.
MI. vez-vous des side-projects en dehors d’IN ARKADIA ? Qu'en est-il de MEHTNAKRISS ?
Benjy. Non, on n’a pas de projets parallèles. Pour MEHTNAKRISS, faudrait voir directement avec Alix parce qu’on ne sait pas trop non plus où ça en est. Sinon, dans le groupe je suis "le rouilleur de Cubase", celui qui s’intéresse au son, en plus de l’ingé son, Aurel. Et Flo fait de la batterie, il fait du Hardcore et du Punk.
Mirfin. Moi, j’ai mon activité de graphiste pour les groupes : CephaloSpinal. Je suis très moderne là-dedans, j’aime beaucoup la nouvelle scène et je m’éclate à travailler avec les groupes. Je fais ça à côté de mon boulot, et d’IN ARKADIA, ce qui fait que je n’ai pas beaucoup de vie sociale… mais ça ne me dérange pas, je n’aime pas ça.
MI. Un exemple de groupes avec lesquels tu as pu travailler ?
Mirfin. Alors c’est très récent, j’ai lancé l’activité en février. J’ai beaucoup travaillé, surtout, pour des marques de fringues qui sont en train de se lancer, donc je ne peux rien dire pour l’instant. Sinon des groupes de potes, de gens que je ne connais pas. Un petit logo par ci, ou tout un visuel par là… tout est en phase de finalisation en fait.
Benjy. En fin de compte, d’un point de vue extérieur, ce qu’il fait, c’est un peu comme en musique. Des influences très "dark" mais modernisées et remaniées avec pas mal de couleurs, et une patte personnelle. C’est ce que ça m’évoque en tout cas.
MI. Quels sont les derniers albums à vous avoir impressionnés ?
Mirfin. Le dernier MOLOTOV SOLUTION, de la tuerie mentale. Dans les groupes français, il y en a tellement d’excellents comme AS THEY BURN, BETRAYING THE MARTYRS, ATLANTIS CHRONICLES… Le dernier GOJIRA aussi. AQME, ETHS qui se relancent un peu dans le business, qui font plus Metal, plus moderne. Tous les groupes français qui se bougent le cul, j’en oublie beaucoup, désolé pour eux, mais ça fait bien plaisir de voir la scène bouger comme ça. Et tous les groupes avec qui on a joué, on ne va pas tous les citer parce qu’il y en a tellement.
Benjy. J’aime beaucoup le denier BETRAYING THE MARTYRS, qui m’avait mis une grosse baffe. Le dernier AS THEY BURN est vachement bien aussi. Le dernier BRING ME THE HORIZON ; tout n’est pas excessivement bien, mais j’ai vraiment adoré quelques morceaux. Mais ce sont surtout des groupes avec lesquels on a joué. Des mecs comme AMOEBA, à Strasbourg, les Autrichiens de DEATH MENTALITY, SCARRED (supers sympas et supers forts) avec qui on a joué à Liège, GRAVITY - leur CD a bien tourné dans le van.
Mirfin. En fait, on écoute plus les CDs des groupes avec qui on joue, avec qui on parle, que ceux des gros groupes où il y a une énorme prod’, du travail, du professionnalisme - clairement tu sais que ça va être bien. Mais les surprises viennent plus des groupes locaux, régionaux. Des mecs qui n’ont pas de moyens, comme nous, qui doivent faire des prêts à la banque pour financer l’album, sacrifier leur vie pour enregistrer/composer, et sortent un truc qui tue.
Benjy. Il y a des trucs, tu ne t’en rends pas compte. Par exemple, j’ai pris un sacré coup de vieux, notamment avec AMOEBA, des gamins de 17 ans et, sur scène, ça tabasse vachement. A la fois ça fait super plaisir parce qu’on se dit qu’en France on sait se défendre, mais à côté c’est vraiment hallucinant. Le denier SOILWORK, on l’écoutait encore y a cinq minutes, dehors, et c’est vraiment bien foutu. Et c’est bien, parce que ce genre de gros groupes, au final, ils ne se laissent pas dépasser.
MI. Et quels sont les albums que vous attendez pour cette année ?
Mirfin. Everblack ! De THE BLACK DAHLIA MURDER. NECROPHAGIST, faudrait qu’ils sortent un truc aussi ; c’est un groupe que j’adore, mais ils sont trop longs. Je suis curieux d’entendre le nouveau BEHEMOTH, après l’épisode maladie de Nergal.
Benjy. Le prochain BETRAYING THE MARTYRS, qui va sortir en septembre ; je l’attends vraiment beaucoup.
MI. Bon, c’est la fin de l’interview. Merci pour votre temps et vos réponses, et bon courage pour ce soir. A bientôt !
Benjy. Merci pour cette super interview ; franchement, plein de questions et tout.
Mirfin. Merci Metal-Impact pour les questions, la bonne humeur, et de t’être déplacé. Gros bisous à tous ceux qui nous écoutent, nous regardent, viennent nous voir, nous lisent. Même les autres, bisous à tout le monde. On vous aime tous.
Ajouté : Samedi 06 Juillet 2013 Intervieweur : CyberIF. Lien en relation: In Arkadia Website Hits: 12681
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