GRAVE (se) - Burial Ground (2010)
Label : Regain Records
Sortie du Scud : 14 juin 2010
Pays : Suède
Genre : Death Metal
Type : Album
Playtime : 9 Titres - 42 Mins
GRAVE, l’éternelle division. A chaque nouvelle sortie, on retrouve avec déplaisir le camp des c’était-mieux-avant, toujours au premier rang pour proposer sa vision analytique et impartiale de l’affaire. Cet album est plus ceci que celui-ci, moins cela que celui-là, etc. L’expertise dérange. GRAVE, c’est juste du Death Metal suédois, peut-être pas le plus imaginatif qui existe, mais l’expérience de ces messieurs ainsi que leur rôle de médiateur au cœur du « Big Four Of Swedish Death » (qui, sans DISMEMBER, est plutôt un « Big Three ») interdit de facto toute forme d’irrespect. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. 22 ans de carrière au moment de la parution de ce Burial Ground, une trentaine de sorties officielles, dont neufs full-lenght. Forcément, ça refroidit, bien que je sois également intimement convaincu que vous ne lisez pas ces lignes par hasard. Au mieux, GRAVE évoque un culte. Au pire, c’est juste un nom qui vous parle. Et c’est déjà beaucoup.
Quant à Burial Ground, son déroulement limpide ainsi que les quelques migraines qu’il provoque suffisent pour déclarer haut et fort qu’il est bel est bien un des albums les plus cohérents de leur riche discographie. Pas original pour un sou, il réintroduit dans l’actualité une formation bien décidée à ne pas se laisser ronger par l’arthrite. C’est avec beaucoup de satisfaction qu’on constate que GRAVE est toujours maître de sa musique, que la situation est sous leur contrôle. Etonnamment, avec ce Death pourtant malintentionné, on se sent presque en sécurité. Les Suédois évoluent sur des structures simples et rassurantes, qui font comme un drôle de guili-guili entre les cuisses. Certains diront que GRAVE, c’est devenu spongieux comme un Christmas Pudding. A l’écoute prématurée de « Liberation », comment ne pas leur donner entièrement tort ? Incisive, granuleuse, décadente, cette ouverture désavoue illico toute forme d’innovation et de modernité dans le Death Metal. Les vieux de la vieille semblent toujours concernés par ce respect de l’authenticité et c’est tant mieux. Le riffing est ambivalent, c’est un clodo sapé en costard. L’apparat sort du pressing, le contenu s’est pissé dessus, trop ivre pour contenir ses fluides corporels. On trouve dans cette sortie des créations en déliquescence, comme « Semblance In Black » qui part totalement en couille ou « Ridden In Belief », savoureuse de nuances rythmiques. Mais le bout de gras se discute en trois points précis. Il y a « Sexual Mutilation », réinterprétation d’un titre issu d’une de leurs démos en 1989, ses faux-airs d’agression sonore et son motif groovy et rondouillard. Il y a « Bloodtrail », sûre d’elle, pernicieuse, qui voit Karl Sanders de NILE s’incruster pour l’exclusivité d’un solo bien brossé. Et il y a « Burial Ground », ses relents gastriques Doom, son tempo écrasant, ses aspérités de surface, sa longueur apparente (sept minutes trente) et sa production graissée au saindoux. Comme un regard dans le rétro et un clin d’œil adressé au Death scandinave des années 90. Un rapide œil posé sur la tracklist sera suffisant pour que vous réalisiez que ces trois éléments sont mis bout-à-bout à la fin de Burial Ground et que par conséquent, sa finition est encore plus jouissive que son commencement.
GRAVE a toujours été un groupe qui a refusé de se laisser emporter par son propre succès. Après deux décennies de carrière, quel bonheur de constater avec quelle fidélité et quelle dévotion ils écrivent encore des tueries du calibre de « Dismembered Mind ». Ce neuvième opus n’est assurément pas un tournant dans leur carrière, ni quoi que ce soit de surprenant. Mais cette machine de guerre tourne toujours à plein régime et continue de creuser, album après album, ce pour quoi elle est née. Rien que des tombes.
Ajouté : Lundi 19 Novembre 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Grave Website Hits: 8960
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