DEGIAL (se) - Death's Striking Wings (2012)
Label : Sepulchral Voice Records
Sortie du Scud : 29 juin 2012
Pays : Suède
Genre : Death / Black Metal
Type : Album
Playtime : 8 Titres - 36 Mins
A chaque coin de rue, à chaque carrefour, je suis convaincu que des mecs aussi malveillants que ceux qui composent DEGIAL se promènent. Ils nous observent, nous détestent, nous jugent. En silence. Dans leurs cerveaux, des besoins de tuerie de masse prolifèrent. Mais dépourvu de couilles, impossible de passer à l’action. Une fois chez eux, ils ruminent, écrivent des mémoires que personne ne lira, dans l’espoir mort-né que leurs écrits morbides auront un destin posthume à la Anne Frank. DEGIAL, c’est le groupe de Death / Black Metal engagé, très vilain, mais pas assez doué pour devenir légendaire. Cette fatalité, ils l’acceptent. Et leur premier album, le brulant Death’s Striking Wings sorti en 2012, deux ans après un EP du nom de Death And Darkness Buries All… et six après la démo Awakening From Darkness, ne sera testamentaire que pour eux, faute de pouvoir toucher un public plus large.
Forces obscures et discrètes de l’underground suédois, ces quatre garçons sont tout, sauf des lumières. Photosensible, à fleur de peau et les nerfs en pelote, leur musique ne tient pas en place. Qu’importe la façon de la vomir, les cheveux tirés en arrière ou baignant dans l’eau des chiottes, il faut expulser cette bile venimeuse au plus vite. Et d’un point de vue purement spirituel, on peut dire que DEGIAL est un groupe pieux, même si leur credo tourne autour du blasphème. Premier choc de cet opus : « Eye Of Burial Tempest », ou l’art de faire sonner les cymbales comme des cloches de vache suisses. Cet ersatz visuel de WATAIN s’est développé en autarcie. Résultat : une production abrupte, malodorante et vieillotte purement désirée. En cédant aux sirènes de la vieille école, DEGIAL a tout simplement oublié d’injecter dans son disque une bonne grosse dose de suspens. Tout est prévisible, classique. Pas parce que c’est particulièrement mal joué, mais parce c’est tellement enfermé dans cette mentalité old-school rétrograde qu’on en oublie vite les quelques bonnes intentions affichées sur l’honorable morceau-titre, pourtant long de huit minutes. Quelque part entre MORBID ANGEL et DARKTHRONE, Death’s Striking Wings emprunte également au Thrash Metal une chiée de riffs qui rend son contenu encore plus anarchique et violent. On se heurte de plein fouet à cet album qui ne laisse aucune chance de salut, à moins d’être disposé à vendre son âme au Diable. Pourtant, avec Fred Estby aux manettes (batteur de DISMEMBER) et des musiciens ayant déjà collaboré avec SHINING, WATAIN ou REPUGNANT, on aurait pu penser que ce premier effort mettrait un peu plus l’accent sur le professionnalisme. Or, tout sonne terriblement amateur et inabordable. Qu’on parle des solos frénétiques exécutés n’importe comment (« Perpetual Fire »), qui disposent pourtant des conseils précieux de Set Teitan (WATAIN, DISSECTION) ou d’une batterie complètement sous-mixée, DEGIAL expose à chaque niveau au moins une lacune majeure. Et je vous ferais don de ne pas parler de l’originalité, puisqu’on traite ici avec un groupe qui assume pleinement son côté old-school solennel. Pourtant, le peu de groove présent sur la fermeture (« Black Grave - The Gateway ») nous prouve qu’avec l’esprit un peu moins obtus, on arrive à faire des choses sympathiques.
Mais ce n’est pas représentatif de ce Death’s Striking Wings. Ici, l’idée était de rendre un hommage assez simpliste à cette scène Death du siècle passé. Et le pari est réussi. Vous comprendrez donc que pour adhérer à cette œuvre sortie avec vingt ans de retard, il faut être sensible à ce qui se faisait de mieux avant et avoir le béguin pour le « Cheap Metal ». Malheureusement, DEGIAL est de ces groupes qui usent des réservoirs vides. Et à vouloir traire des mamelles sèches, on ne reçoit rien d’autre qu’un coup de sabot.
Ajouté : Mercredi 14 Novembre 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Degial Website Hits: 10256
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