Dire que CRIMSON VALLEY donne une furieuse envie de se replonger dans sa vieille collec’ de Lanfeust de Troy est un doux euphémisme. Le monde enchanteur de l’Heroic Fantasy est ici décrit avec une incroyable précision. Dragons, glaives, forêts magiques, titans et prose elfique, tout ce beau monde s’est donné rendez-vous sur Crossing The Sky, un premier album qui va avoir du mal à convaincre. D’un point de vue strictement personnel, il faut que vous sachiez que je ne suis vraiment pas du tout attiré par cet univers, qui m’indiffère puissamment. C’est pour ça que j’ai décidé de porter une attention toute particulière sur leur Heavy / Power Metal, délaissant volontairement la facette geek de leur concept et les paroles d’une mièvrerie vraiment très… fantaisiste. Ça c’est mon côté gentleman, qui se refuse de trop esquinter un tout jeune groupe, puisque formé en 2009 dans la ville polonaise de Wroclaw. Sérieux, les cartes Magic l’Assemblée sont arrivées jusque-là ? Allez, je blague.

Parlons peu, parlons bien. La musique de CRIMSON VALLEY ne va pas mettre très longtemps à se révéler caricaturale. Pour être exact, il faudra attendre dix secondes, avec ces croassements de corbeaux freux, cette petite mélodie médiévale et le cliquetis d’une forgerie. Tiens, comme c’est original. Leur Heavy / Power Metal explose soudain dans une cacophonie de guitares très mélodiques, de percussions frénétiques, le tout nappé de la voix chevaleresque de Bartlomiej Koniuszewski. Tirant la chasse sur une chiée de groupes similaires, parmi lesquels, citons pêle-mêle THUNDERSTONE, NOCTURNAL VISION, POWER QUEST, SKYLARK, IRONFIRE, DREAM EVIL et FIREWIND, la musique de nos plombiers n’a pas la moindre petite once de pertinence. CRIMSON VALLEY ressasse le passé, remue le couteau dans la plaie et nous débite à une vitesse hallucinante son Heavy / Power, cliché à mort. L’aventure n’est pas franchement passionnante. Et d’un autre côté, j’aimerais quand même leur dire bravo. Ce style de Metal est de loin celui qui demande le plus de musicalité, et pondre tout un album qui aille dans cette veine demande assurément beaucoup d’abnégation, de concentration et de motivation. Techniquement, c’est propret, sans gesticulations excessives. C’est même quelque chose de plutôt étonnant. Les Polonais ne surjouent pas vraiment, ne se frottent pas au piquant de l’exagération. Prudence ou lâcheté ? Je préfère retenir l’aspect raisonnable de ce disque, en me disant que s’il avait été théâtral, en plus d’être d’une grande médiocrité, ça aurait pu avoir des effets négatifs sur ma tension artérielle. Non, définitivement, je pense que CRIMSON VALLEY est une formation ambitieuse, qui met le paquet pour que sa musique soit crédible, mais qui s’adresse spécifiquement à un public ayant beaucoup de bouteille en la matière. « Dream Of The Other World » sera la balade épique qui n’a pas l’air de vouloir se terminer, « Sonja » sera le traditionnel mid-tempo qui fait un peu militaire, « Heavy Metal Knights » sera la déclaration d’amour pour le Heavy Metal et « Battle Awaits » sera la sortie de piste qui résume tout le disque. En clair, une tracklist qui affiche avec beaucoup trop de clarté les lacunes d’une telle formation, qui ne pense pas encore aux nuances novatrices qu’elle pourrait apporter à un style dont le coup de vieux fait froid dans le dos.

Vous l’aurez compris, CRIMSON VALLEY, c’est pas ma came. Mais ma modeste expérience dans le petit monde de la chronique me permet quand même d’affirmer haut et fort que cet album ne trouvera pas forcément un écho plus favorable auprès des fans du genre, qui auront un peu l’impression que même les petits jeunes se mettent à leur servir cette soupe froide. Le Heavy / Power Metal est un genre qui sait être magique. Avec eux, il ne l’est pas. Mais rassurez-vous les mecs. Ce n’est qu’après des années qu’on a réalisé que les Heavy Metal Breakdown et autres Heading For Tomorrow étaient des pépites.