L’Italie va assez mal en ce moment… Mais ça n’empêche que sa scène musicale reste très active et véhémente, comme le prouve ce premier effort du sextette UPON THIS DAWNING.
Gianluca, Matteo, Luca, Carlo, Andrea et Matteo ont donc uni leurs forces sous la bannière du Metalcore. C’est un choix comme un autre. Il est vrai qu’ils sont plutôt jeunes, et ce style est donc propre à leur apporter leur lot d’adrénaline, de puissance et de communication chargée en décibels.
Mais le Metalcore, très à la mode depuis quelques années, semble se mordre la queue en bien des occasions. C’est un style aux tics facilement reconnaissables, riffs costauds, cris sur les couplets, chant suave sur refrains mélodiques, la recette est éprouvée, et plait à un grand nombre d’adolescents en mal de violence instrumentale et d’exutoire émotionnel.
Le Hardcore des années 2000 en quelque sorte. Chaque génération à la musique qu’elle mérite.

De nombreux groupes ont emprunté cette voie. Des cadors tels UNDEROATH, BULLET FOR MY VALENTINE, TEXAS IN JULY, AS I LAY DYING, ou meme KILLSWITCH ENGAGE. C’est dire si la messe a déjà été dite à de nombreuses reprises, et parfois d’une manière convaincante, avec ferveur et foi.
Alors la question qui se pose évidemment est :
UPON THIS DAWNING apporte t’il dans sa musette de nouveaux psaumes ?
Et bien, pas vraiment. Mais sans toutefois rabacher les paroles de ses glorieux aînés.

Il me faut être franc. Après avoir écouté plusieurs fois To Keep Us Safe, ma conclusion reste la même. Bien, mais peut mieux faire.
Les chansons du sextette sont plutôt bonnes, parfaitement exécutées, avec de légers arrangements électroniques qui apportent une petite touche inédite à l’ensemble, qui est surtout sauvé par une durée raisonnable. Moins de quarante minutes, ça reste honnête vu le discours énoncé.
Car le principal défaut de ce premier album, reste sa timidité. Non dans l’agression, qui est quasi permanente et assez convaincante, mais dans cette volonté de respecter les codes du genre.
UPON THIS DAWNING joue du Metalcore, ou du Screamo, peu importe la définition, mais c’est tout. Les structures restent cohérentes, mais trop fidèles aux schémas éprouvés des centaines de fois. Riffs saccadés, chant hurlé sur les couplets, et refrains harmoniques dynamisés par des lignes vocales suaves. En gros, l’abécédaire récité comme à la parade, sans heurts, mais aussi sans surprise. Rythmique solide, musiciens capables, je le concède.
Mais cela ne suffit pas à justifier cette succession de morceaux interchangeables, dont les mélodies sont si proches qu’on a du mal à les différencier.

Et quand on n’a pas un Jesse Leach ou un Spencer Chamberlain sous la main, ça ne pardonne pas. Car une fois passé le premier morceau, « A New Beginning » avec en renfort Chris Motionless de MOTIONLESS IN WHITE, et à la rigueur le très méchant et électronique « Of Human Action », le reste déroule, sans jamais vraiment convaincre.
Ca sonne parfois comme un mix de CROSSBREED et UNDEROATH, avec une légère touche de SPINESHANK, mais ça n’a ni le côté techno des premiers, ni la science de la mélodie des seconds, à la rigueur, l’efficacité des derniers, sans l’art de construire un hit en partant d’un riff éprouvé.

Mais attention. Je ne cherche pas à vous convaincre que To Keep Us Safe est un mauvais album, ce qu’il n’est assurément pas. C’est souvent catchy, parfois un peu moins timoré que la moyenne, ça joue, ça pulse, et ça peut sans aucun problème vous faire passer un bon moment.
Mais il faudra vraiment faire un effort de composition dans les années à venir pour que les Italiens puissent prétendre occuper le devant de la scène.
Pour l’instant, je vous garde dans un petit coin de ma mémoire, en espérant qu’un de ces jours, vous sortiez de votre réserve pour vous exprimer d’une manière un peu moins conventionnelle.