FORGOTTEN TOMB (it) - Negative Megalomania (2007)
Label : Avantgarde Music
Sortie du Scud : 24 janvier 2007
Pays : Italie
Genre : Black Metal dépressif
Type : Album
Playtime : 5 Titres - 57 Mins
Le problème, c’est que tout va bien. Non, c’est vrai. J’ai un job stable, une copine ravissante, une bonne santé physique et morale. Et voilà que je dois me (re)coltiner FORGOTTEN TOMB. Il faut dire que leur Love’s Burial Ground de 2004 m’avait marqué. Mais c’était durant une autre période de ma vie, et pour d’autres raisons. Ces Italiens ne se sont pas arrêtés en si bon chemin et n’ont surement pas attendu de voir grandir le malaise pour continuer leur art. Ainsi, Negative Megalomania est le quatrième d’une fratrie qui s’apprête, à l’heure où j’écris ces lignes, à voir naitre un nouveau démon. Ce sera le 30 octobre 2012 et ça s’appellera … <And Don’t Deliver Us From Evil. Tout un programme. Pour ce qui est de cet opus, il marque la fin de l’ère Adipocere Records mais surtout, il est une progression artistique. Et ça, ça vaut tout l’or du monde.
S’il était une couleur (ou une absence de couleur selon les points de vue), ce disque serait… noir. L’arrivée imminente d’« A Dish Best Served Cold », sous ses aromes évidents de vengeance, m’a fait immédiatement penser à SHINING, façon « Claws Of Perdition ». Guitares lourdes, plaintives mais relativement musicales, c’est là toute la subtilité du Black Metal dépressif de ces Italiens. L’envie de se défénestrer est freinée par un bouquet de saveurs et de nuances qui explosent dans nos oreilles. On connaît l’animal, il n’a jamais fait du Black Metal bête et méchant. Tout est une histoire d’appréciation, et celle qu’on peut faire de leur musique n’est pas très réjouissante. Si ce premier morceau est plutôt classique, même si on peut difficilement employer le terme de classicisme pour ce genre d’œuvres, la donne change sur « No Rehab (Final Exit) », son tempo très progressif, ses notes légèrement psychédéliques et… la voix claire d’Herr Morbid. La tête pensante de FORGOTTEN TOMB nous fait ici d’étonnantes confessions. Et malgré le fait que ce choix artistique ouvre encore un peu plus leur musique, l’impact que ça peut avoir sur l’auditeur est remarquable. Cette folie n’est pas violente, elle est insidieuse. Elle se faufile en nous sans forcer les portes. On accepte ce Black Metal parce qu’il est pénétrant, qu’il s’appuie sur nos angoisses, nos craintes pour affirmer son caractère. L’éponyme va encore un peu plus loin en évoquant à demi-mots l’avant-gardisme d’un NACHTMYSTIUM. Cet optimisme inattendu est glaçant de cynisme. Les Transalpins ne jouent jamais sur des terrains minés, nous permettant de garder nos repères musicaux tout en injectant discrètement un climat chaotique. Entre le Heavy, le Rock et le Doom, cette compo située au cœur même de Negative Megalomania fait un effet dantesque. Pas autant que le final hautement mélodique et totalement scotchant de « Blood And Concrete », mais quand même ! Autre remarque, cet album avoisine l’heure de jeu pour seulement cinq morceaux. Le calcul étant fait, on constate que cette régularité (quatre des cinq pistes font entre onze et quatorze minutes) tranche d’avec l’inconstance de Love’s Burial Ground qui était composé de neuf chansons (cinq très longues, trois très courtes et une instrumentale). FORGOTTEN TOMB a choisi un nouveau schéma pour véhiculer son mal-être et si on dénote une très nette aération au niveau de la production, les ambiances horrifiques, les mid-tempos et les arpèges mélancoliques sont, quant à eux, beaucoup plus touffus. Hypnotique et addictif, Negative Megalomania est la preuve matérielle que ces mecs avaient dans leur botte une très grosse marge de progression. Et elle est utilisée ici à bon escient.
Le problème, c’est que tout allait bien. C’est vrai, j’avais tout pour être heureux. Mais comme à chaque fois que je croise la route de FORGOTTEN TOMB, rien n’est moins sûr que le bonheur. Et ça, c’est une vache de grande qualité pour un groupe de Depress Black Metal de cette envergure. Artistes jusqu’à la moelle, compositeurs talentueux, magnats des sentiments, fédérateurs de spleen, ces loubards ont tout pour eux. Y compris l’intelligence d’évoluer alors qu’avec Love’s Burial Ground, on leur donnait le bon Dieu sans confession.
Ajouté : Mercredi 24 Octobre 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Forgotten Tomb Website Hits: 8346
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