DYSPHORIA (ua) - Satyriasis XXI (2010)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 22 juillet 2010
Pays : Ukraine
Genre : Brutal Death / Grind Metal
Type : EP
Playtime : 10 Titres - 22 Mins
Ah, l’Ukraine. Son scandale Timochenko, ses massacres d’animaux pour l’Euro de foot, sa traite exceptionnelle de la gent féminine. Quel beau pays ! Et coincé au milieu de tout ça, il y a DYSPHORIA. A peu près aussi malsain que ses paysages industriels et aussi gangrené que son gouvernement, ce quatuor de blondinets représente l’Ukraine dans toute sa splendeur. Le vice devient charme. L’innocence devient péché. Et les Dnepropetrovsk Maniacs semblent avoir trouvé un écho musical à leur folie meurtrière. On leur donnerait le bon Dieu sans confession, mais c’était sans compter sur le froid de la lame qui longe nos vertèbres. DYSPHORIA est un groupe d’une brutalité inouïe, presque caricaturale. Leurs grands débuts remontent à l’année 2010, avec ce Satyriasis XXI, un premier EP qui a tant bien que mal ouvert la voie à d’autres atrocités. Son successeur est fraichement arrivé dans les bacs, mais nous en parleront plus tard. Il faut du temps pour digérer une telle déculottée.
Aux frontières de l’insupportable, aux confins du Death / Grind exécuté dans sa version la plus bruitiste, Satyriasis XXI propose une vision apocalyptique de la musique extrême. Je ne sais pas ce qui peut motiver une telle déferlante et je ne veux pas chercher à le savoir. Ce que je sais, par contre, c’est que DYSPHORIA est un groupe composé de petits génies, qui maitrisent parfaitement leur musique, même si certaines nuances bordéliques, Mathcore diront certains, peuvent contrarier (« Math Teacher Seems To Be Epile »). Rempli d’un second degré pas toujours perceptible à l’oreille nue, cet EP, quand on l’analyse avec le recul, ne se démarque pas forcément de ce qui se fait en matière de Death / Grind à droite et à gauche. Mais sur l’instant, c’est une prouesse que réalisent ces Ukrainiens. Les morceaux proposés sont expéditifs (jamais au-delà de trois minutes), intenses, corrosifs. DYSPHORIA excelle dans l’art de varier ses tempos, et le trigger placé sur la batterie aide beaucoup. Il offre au son de cet opus un synthétisme dégueulasse, poussé jusqu’à l’écœurement par l’utilisation pernicieuse de la double-pédale. On n’a même pas le temps de réaliser ce qui arrive que la tension de Satyriasis XXI chute brutalement. La musique de DYSPHORIA sombre sans prévenir dans des mid-tempos chaotiques, qui réduisent les neurones à l’état de purée. Le peu de concentration qu’on avait au début est vite réduit à néant par les rythmiques lunatiques de cette galette. Les guitares ne sont pas particulièrement techniques, même si vers la fin, on a droit à quelques passages en sweeping façon WITHIN THE RUINS qui font très Nintendocore. Les Ukrainiens, totalement crispés durant les dix premières minutes de leur disque, se décomplexent au cours des ultimes tours de trotteuse. Satyriasis XXI va progressivement vers l’aliénation la plus totale, toujours armé de sa brutalité exemplaire et d’un groove à couper le souffle (« Xloya’s Guilt »). On le voit sombrer progressivement vers une schizophrénie insoutenable, entrainé dans sa décadence par des pig-squeals aux conséquences irréversibles. L’occasion pour moi de souligner avant que je ne m’ouvre les veines que les voix ont fait l’objet d’un travail minutieux, même si ça n’en a pas l’air. Entre growls abyssaux qui font très Brutal Death, pig-squeals à la Slamming Death et samples, le jeu de questions-réponses tourne rapidement à l’interrogatoire musclé sur fond d’écartèlement et d’autres sévices corporels.
Après une telle injection de caféine dans l’organisme, on n’a qu’une seule envie ; passer ses nerfs sur n’importe quoi, du moment que c’est vivant à la base. Brigitte Bardot, si tu me lis, ne m’en veux pas, mais la musique de DYSPHORIA donne une sacrée envie d’aller éventrer des bébés chats et d’aller faire un collier avec leurs tripes. Entre le fantasme et la réalité, il n’y a qu’un pas que des énergumènes comme Viktor Sayenko et Igor Souprouniouk ont osé franchir. Génération DYSPHORIA représente.
Ajouté : Mardi 23 Octobre 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Dysphoria Website Hits: 8166
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