THE RED CHORD (usa) - Fed Through The Teeth Machine (2009)
Label : Metal Blade Records
Sortie du Scud : 27 octobre 2009
Pays : Etats-Unis
Genre : Death / Grindcore technique
Type : Album
Playtime : 12 Titres - 36 Mins
Il y a THE RED SHORE et il y a THE RED CHORD. Entre les deux, pas moins de 15 000 kilomètres. De Geelong dans l’Etat de Victoria en Australie à Revere dans le Massachussetts (USA), il y a un univers. Et pourtant, on ne peut que constater que malgré la distance qui les sépare, on a en face de nous deux groupes immenses, qui se sont donné le mot. Le premier a déjà fait l’objet d’une analyse poussée (voir par ailleurs). Le deuxième va subir une nouvelle dissection, après la très barbare autopsie réalisée par mon collègue Wong Li sur le Prey For Eyes de 2007. Parce qu’il y en a, des choses à dire sur leur musique. THE RED CHORD, ou ce geyser d’où jaillit un talent monstrueux. Quatre albums au compteur et pas un pour rattraper l’autre. Quatre bombes atomiques. Le dernier de la fratrie, un certain Fed Through The Teeth Machine pose un terrible constat. Trois ans après sa sortie, le temps commence à devenir long. Et les Américains me manquent cruellement.
Erigé sur des fondations Death en papier-mâché qui menacent à chaque instant de rompre, cet opus représente une forme d’idéal pour tous ceux qui aiment résoudre des équations tout en prenant une soufflante dans les oreilles. La vérité du moment présent n’est jamais la même que celle du moment à venir. Tout fout l’camp et c’est un bonheur. Beaucoup plus « in your face » que Prey For Eyes, Fed Through The Teeth Machine est une avalanche de riffs mathématiquement improbables et de structures surprenantes. « Demoralizer » résume à lui seul cette œuvre, mais ce serait une erreur de la résumer à ce simple titre. Détaillé comme une peinture rupestre, aussi sincère qu’un maître-boucher devant une carcasse de chevreuil innocent, ce savant mélange de Death Metal, de Grind et de musique expérimentale vous explose à la tronche. Il y a une folie qui gangrène ce full-lenght. On ne sait pas exactement d’où elle sort, mais elle œuvre dans la discrétion la plus totale, pour finir par se matérialiser épisodiquement, grâce à des motifs insidieux (« Floating Through The Vein ») et à des samples écrasants (« Ingest The Ash »). Quant à savoir comment ces mecs s’y sont pris pour exécuter ces quelques morceaux en live, c’est un des grands mystères de l’ère Metal moderne, tant certains passages relèvent du freestyle pur et dur. On pourrait évoquer des influences Mathcore ou même Djent dans cette rondelle, mais THE RED CHORD ne se laisse pas prendre au jeu de compositions Meshuggiennes fallacieuses. Ce serait trop facile. Non, les Américains préfèrent se compliquer un peu la tâche, à l’image d’un Brad Fickeisen qui, derrière sa batterie, a réalisé une véritable prouesse. Sa prestation déglinguée et tentaculaire est juste surréaliste. De très loin, il est l’un des frappeurs les plus doués de sa génération. Et avec lui, THE RED CHORD semblait intouchable. Mais je vous l’ai dit, « la vérité du moment présent n’est jamais la même que celle du moment à venir ». Et ce moment, choisi avec minutie par l’ex-quatuor, c’est « Mouthful Of Precious Stones ». Sans en avoir l’air, cette piste beaucoup plus mélodique que les autres est une forme d’apothéose artistique, avant les expéditives « The Ugliest Truth » et « Face Area Solution » qui souffriront de la comparaison. Il y a de la finesse chez THE RED CHORD. Mais il faut la mériter. Rageur et complet comme le bon pain, Fed Through The Teeth Machine s’achève avec de longues plaintes hurlantes, qui résonnent encore comme un appel à l’aide. L’effet est génial, pour la simple et bonne raison qu’il est un écho musical intense à la performance presque quarantenaire de Marilyn Burns.
Qu’on aime ou pas, le résultat de cette expérience crève les yeux et les oreilles. THE RED CHORD est un groupe de tueurs dont les efforts ne sont pas toujours appréciés à leur juste valeur. Fed Through The Teeth Machine demeure effectivement un disque difficile d’accès, à la brutalité parfois évidente et à la technicité souvent exubérante. Il est d’autant plus inabordable qu’il succède à un Prey For Eyes plus varié et aéré. Et pourtant, cet assemblage musical, qui semble si difficile à comprendre, découle sur une formule à la logique avérée, qu’on peut confondre avec une inéquation. Il nous suffira de tendre un peu l’oreille pour avoir la solution.
Ajouté : Vendredi 19 Octobre 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: The Red Chord Website Hits: 6808
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