HERE COMES THE KRAKEN (mx) - Here Comes The Kraken (2009)
Label : Concreto Records
Sortie du Scud : 28 février 2009
Pays : Mexique
Genre : Brutal Deathcore
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 35 Mins
Il y a quelques années de ça, j’avais dans ma classe une fille qui était tellement moche qu’on lui criait « libérez le Kraken ! » dès qu’elle entrait dans la salle de cours. La pauvre. Mais aujourd’hui, avec le recul, j’aime assez l’idée qu’elle puisse tenir une sorte de revanche affreusement cynique avec ce groupe mexicain qui, il faut l’avouer, te donne un grand coup de tentacule dans la gueule. Alors à première vue, HERE COMES THE KRAKEN semble être une bestiole totalement inoffensive. Ce sera d’autant plus vrai pour tous ceux qui sont convaincus que les Mexicains ne savent jouer que de la guitare et des maracas en poncho et sombrero. J’ai moi-même sous-estimé les capacités techniques de nos amis coreux et c’est peu dire que… Quoi ? Ah oui, j’avais oublié de vous dire. Ils font du Deathcore. Et ils le font plutôt bien.
Mais attendez avant de fermer la page ! J’ai entendu dire qu’ALL SHALL PERISH plaisait à plus grand nombre d’entre vous que DESIGN THE SKYLINE et justement, HERE COMES THE KRAKEN nage avec aisance dans l’écume de ces premiers. C’est un Deathcore lourd, trapu et savoureux qui est proposé sur ce tout premier album éponyme. On est loin d’être en présence de quelque chose de synthétique, de vicelard, de calculé. Je sais que vous n’appréciez pas particulièrement les productions gonflées à bloc, les refrains faciles, les nuances rythmiques pour crustacés décapodes et ça tombe bien, l’air qui se dégage de cette rondelle brûle les bronches, tant ce Deathcore semble épuré de toute falsification. Et de ce fait, on remarque encore toutes ses imperfections, puisqu’elles ne sont pas maquillées. HERE COMES THE KRAKEN veut parfois aller plus vite que sa propre musique et s’engouffre dans des précipices techniques interminables, à grands renforts de sweepings bizarroïdes et de faux-rythmes soudains. D’un instant à l’autre, leur Deathcore bascule dans le rugueux, le violent ou à l’inverse, dans la musicalité et la légèreté. Les Mexicains passent du coq à l’âne sans crier gare et dans leur élan, entraînent également un constat plutôt fatal. Leur disque manque de liant, de fluidité, de connexions. On a l’impression qu’ils veulent frapper tellement fort qu’ils en oublient de respirer, un peu comme un ado qui arrête de s’oxygéner pour gonfler ses pectoraux. Alors oui, j’ai été très agréablement surpris par la puissance qui se dégage de l’œuvre mais c’est surtout la maturité de ces jeunes prodiges qui m’a épaté. Rien n’empêche de faire de la resucée de BENEATH THE MASSACRE, mais le faire aussi bien quand on a à peine dépassé la vingtaine, ça forge une forme de respect. Je ne vous cacherais pas que certains passages traduisent en filigrane un penchant pour le basique et le répétitif, mais c’est plus ou moins le lot de chaque groupe débutant. Et pour un début, celui effectué par HERE COMES THE KRAKEN est du genre tonitruant. On aura vite fait d’oublier qu’ils ont repris les trois titres de leur première démo de 2007 (« The Legend Of The Rent Is Way Too Hardcore », « Confessions Of What I've Done » et « I Should Have Asked Where The Remote Control Was Before I Killed You », raccourcie pour l’occasion en « I Shawtrcwbky ») pour meubler un peu leur premier full-lenght.
Il y a définitivement quelque chose de prodigieux dans cet opus et je crois qu’HERE COMES THE KRAKEN mérite amplement le succès qu’il rencontre aujourd’hui. Parce que leur Deathcore, à très forte teneur en brutalité, est loin de ressembler à l’image d’Epinal que tout le monde se fait de lui. Ici, tout est brut, sans colorants ni arômes artificiels. Il en ressort un essai plus que perfectible, pas toujours très inventif mais généreux et honnête. Et après tout, puisque le reste du monde s’est acclimaté aux saveurs épicées de la bouffe mexicaine, pourquoi les mexicains n’auraient pas le droit de faire du Deathcore aussi bien que les autres ?
Ajouté : Jeudi 18 Octobre 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Here Comes The Kraken Website Hits: 7732
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