Quel est le point commun entre les épinards et la sodomie ? Aucun. Même avec du beurre, les petits enfants n’aiment pas. Et quoi ? Puisque ce groupe est une blague potache, autant commencer cette chronique de façon respectueuse. SHEMALES FROM OUTTA SPACE OF DEATH est décidemment un drôle d’oiseau et nul doute que sa musique extravertie est à prendre au degré le plus élevé qui soit. Duo allemand complètement barré formé à Bielefeld en 2008, sa présentation rappellerait presque celle d’un WE BUTTER THE BREAD WITH BUTTER. Sauf que ces deux énergumènes, si proches dans leurs attitudes débridées et extraverties, sont encore bien loin de jouer dans la même catégorie. Et le plus drôle dans tout ça, c’est que SHEMALES FROM OUTTA SPACE OF DEATH a l’honneur d’être la première matérialisation physique de la scission énorme entre un bon Death / Grind Electro et un mauvais. A ceux qui pensaient que tout se ressemblait, ils n’ont encore rien entendu.

Leur parcours rappelle étrangement celui de leurs ainés de Lübben. Un duo qui pratique une musique bucolique, surréaliste mêlant Grindcore et sonorités Nintendo sans aucun complexe. Théoriquement, il n’y a pas mille façons de le faire. Mais en pratique, c’est une autre histoire. Nos deux rigolos prouvent que parfois, la musique ne peut être qu’un détail, tant qu’on a l’ivresse de la fête et du grand n’importe-quoi. C’est dommage. Au-delà de leur excentricité, il faut laisser une qualité à WBTBWB. Leur musique n’a jamais été une accumulation grotesque, fade et incohérente de rythmiques plastiques, de samples façon Tetris et de riffs improbables, ce qui est malheureusement le cas de leurs homologues. Cette première démo est d’un ridicule pleinement assumé. Ça part dans tous les sens, c’est incontrôlable et incontrôlé mais pire que ça, c’est délibéré. Julian et Roman s’efforcent de déstructurer leur Death / Grind au maximum et y incorporant des sonorités synthétiques, des motifs de jeux d’arcade et des samples futuristes divers et variés. Seul problème, le délire est tellement poussé qu’on est dans l’incapacité totale d’y participer, à moins d’avoir consommé des champignons hallucinogènes. Leur concept n’est véritablement pas à la portée de toutes les bourses et je dois reconnaître que même moi qui me laisse séduire facilement par ce genre de projet (HARIBO MACHT KINDER FROH, ESKIMO CALLBOY), je n’ai tout simplement pas saisi l’intérêt du bousin. Inexistante artistiquement, à peine plus consistante que le vide sidéral, cette démo devient vite pénible à écouter du haut de ses onze ridicules minutes. Le duo est en roue libre totale et semble avoir travaillé dur pour toucher un public bien ciblé, mécheux et relativement jeune. Hélas pour la vision qu’on peut se faire de la Musique, cet OVNI a l’air de susciter intérêt et curiosité. On pourra toujours reprocher à WE BUTTER THE BREAD WITH BUTTER d’avoir enfoncé les portes pourtant grandes ouvertes du grand-guignolesque quand on voit à quel point SHEMALES FROM OUTTA SPACE OF DEATH s’y engouffre avec facilité et dérision. Ces mecs se moquent ouvertement de toute forme d’art et se dédouanent de toute responsabilité musicale. You Never Get A Cannibal-Blowjob Twice en deviendra automatiquement pathétique pour tous les auditeurs qui n’auront rien consommé d’illicite avant. Cependant, je vous recommande quand même d’y jeter une oreille attentive, rien que pour que vous puissiez constater de par vous-même jusqu’où les originaux de ce bas-monde sont capables d’aller. Mais attention, c’est un truc à vous dégouter de la musique…

Qu’est-ce qu’on ne ferait pas, franchement, pour satisfaire notre lectorat ? On s’inflige parfois les pires tortures auditives histoire de vous combler. Je crois sincèrement que pour les pauvres prisonniers Irakiens qui ont du subir de plein fouet les méchants riffs de James Hetfield, METALLICA c’est du Ravel à côté de SHEMALES FROM OUTTA SPACE OF DEATH qui surpasse, avec cette première démo, les concepts musicaux les plus affligeants de cette planète. La seule consolation qu’on puisse trouver dans cette triste affaire, c’est que le duo ne se cache pas de faire dans le troisième degré voir plus. Pourtant, même en réécoutant You Never Get A Cannibal-Blowjob Twice avec cet état d’esprit, je n’arrive pas à lui trouver la moindre petite qualité. Ça devrait être remboursé par la Sécu un truc pareil…