KHOMA (se) - All Erodes (2012)
Label : Pelagic Records
Sortie du Scud : 5 novembre 2012
Pays : Suède
Genre : Rock Metal Dépressif
Type : Album
Playtime : 9 Titres - 47 Mins
Imaginez un de ces soirs, un soir embrumé, un soir où l’âme est prête à rendre la sienne…Un soir où tout vous parait sombre, désespéré, où rien ne va, où la vie vous apparaît comme un ciel chargé, une croix qu’il faut porter alors qu’on est à bout de force.
Tentez d’imaginer ce cas de figure, fermez les yeux, et tentez de le ressentir, ou alors, comme moi, ressentez le vraiment, ce soir.
Vous y êtes ?
Bien. Vous êtes donc prêts à affronter KHOMA.
KHOMA est un trio suédois, responsable d’une triplette d’albums justement. Tous excellents, tous avec une identité forte, une musique froide et personnelle. KHOMA est constitué d’anciens membres de combos illustres ou non, de CULT OF LUNA et ses incantations désincarnées aux furieux TOTALT JÄVLA MÖRKER. La musique de KHOMA pourrait être l’incarnation de la mélancolie, du regret, des souvenirs qui font mal. Je vous invite à la découvrir, via ses trois albums pensés et composés, Tsunami, The Second Wave, et le fabuleux A Final Storm. Trois albums aux concepts précis, à la démarche étudiée.
Si j’utilise à dessein les termes « pensés et composés », c’est uniquement parce qu’All Erodes est constitué de leftovers de ces trois efforts. Mais dans ce cas précis, ne prenez surtout pas ce mot par ses connotations péjoratives. Si ces mêmes morceaux n’ont pas été retenus à l’époque, c’est certainement parce qu’ils ne s’inséraient pas au concept choisi de la manière souhaitée.
Mais finalement, le groupe a décidé de les retravailler, et de nous les offrir, « en parfait résumé de la première époque de KHOMA ». Et ils ont raison. C’est une synthèse cohérente.
Il y a plusieurs façons de jouer une musique sombre, contemplative à l’excès, et, disons le franchement, triste. On peut multiplier les orchestrations grandiloquentes, sortir les cordes, jouer en mineur, on peut aussi se contenter d’une guitare acoustique, et s’en accompagner pour narrer ses vues sur la vie, ses souvenirs (Dylan, Drake, Buckley père, Cash), ou bien tout simplement, rester dans un cadre Rock, et l’aborder sous son antithèse, à savoir la pesanteur, la lourdeur, les ténèbres, les mélodies tendues, les arpèges traînant. C’est une optique choisie depuis longtemps par des groupes comme MUSE, RADIOHEAD, feu JEFF BUCKLEY à l’époque. Et c’est aussi l’angle choisi par les trois suédois de KHOMA.
Difficile de parler d’eux à des néophytes. Ne voyez aucun dédain dans ce postulat, mais KHOMA fait partie des groupes qui se ressentent plus qu’ils ne s’écoutent. Si on veut détailler un peu plus cet album « d’inédits », il faut d’abord reconnaître qu’il est homogène et pertinent. On y retrouve évidemment ce Rock sombre teinté de Pop, ces morceaux hantés, qui vous prennent au ventre, vous appuient sur les glandes lacrymales, et vous dessinent un paysage d’automne (le somptueux « In Ruins » qui ouvre l’album, en est le plus parfait exemple, saisissant de beauté trouble et fanée), ou encore ces pressions mid tempo, presque décharnées, reposant sur une guitare maladive et répétitive (« Give It Meaning », le très électrique et nerveux « Winter Came Upon Us » et sa mélodie imparable).
All Erodes sait aussi s’écarter de ces schémas, comme en témoigne le très progressif « Armo », qui rapproche le trio d’un autre bien connu pour ses expérimentations ethniques, THE TEA PARTY, ou encore le final « All Like Serpents (Remix) », électronique, ludique, et parfait pour clore l’album sur un contre-pied total.
KHOMA ferme donc un premier chapitre avec cet album, et d’une bien belle manière. Ils compilent ce qu’ils ont proposé de mieux durant ces huit dernières années, et font d’une pierre deux coups en nous offrant ces inédits en guise de cadeau pour notre fidélité.
Et All Erodes reste un formidable moyen de découvrir leur univers si particulier, et peut être vous donnera il l’envie d’aller plus loin en avant, et de vous intéresser de plus près à leur carrière si riche en moments forts.
Comme le disait Björn Ulvaeus, « Sometimes, it’s good to be sad… ».
Ajouté : Mercredi 10 Octobre 2012 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Khoma Website Hits: 8280
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