DIVIDEAD (FRA) - Exile (2011)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 4 novembre 2011
Pays : France
Genre : Death Metal Mélodique
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 42 Mins
De mon avis personnel, la réussite de T.A.N.K a quelque peu contribué à relancer la mouvance Death Mélodique en France, encore très jeune. Bien sûr, on avait déjà les ténors de MISANTHROPE, les sauvages de LOUDBLAST, et plus récemment, les IN ARKADIA, MINUSHUMAN, LYR DROWNING, entre autres. Toutefois, depuis ces deux dernières années, le genre semble avoir trouvé davantage de défenseurs pour côtoyer les influences suédoises. OVERLOAD, MEHTNAKRISS, DETOXED, FALLEN JOY et enfin, le sujet de cette chronique : DIVIDEAD. Leur truc à eux, c’est d’aller diviser la mort. Guillaume, le batteur, en revient même… en fait il avait juste une tendinite qui a bien ralenti l’évolution des Niçois après leur EP, Beyond Death. C’est donc assez fiers qu’ils présentent Exile, premier album finalisé depuis presque deux ans !
Et grâce à une collaboration avec Mika Jussila du studio Finnvox, c’est un vrai travail de professionnels dont ils accouchent. La production est plus puissante que sur leur EP, tout en gardant un son très brut, au grain marqué, loin des sorties sur-léchées de modernisme. Car le combo niçois a décidé de s’orienter davantage sur les pavés des glorieux jours du Death Mélodique. Et, Thibaud, au manche de la lead, s’en donne à cœur joie, insufflant judicieusement ses partitions mélodiques dans les rythmiques suffisamment agressives de ses collègues pour avoir de belles pièces typiques de l’époque. Sauf que DIVIDEAD ne possède pas grand-chose qui lui permette de se sortir du lot. Si on pense pas mal à AT THE GATES pour la tournure sonore brute, les leads semblent, eux aussi, tous sortis des disques suédois du milieu des années 90, avec des déferlantes de riffs, certes accrocheurs, mais usités, à l’instar de « No Retreat », ou encore « Eye Of The Storm », ersatz sous stimulants du riff d’« Episode 666 » d’IN FLAMES. Par ailleurs, les variantes mélodiques ont un petit côté mécanique dans leur rendu, et manquent de fluidité. Côté solo, les mains sont habiles et leur donnent un entrain plutôt Heavy, plein de vigueur (« Exile »), tout en gardant, quelques fois, l’esprit CHILDREN OF BODOM déjà présent sur l’EP, comme sur le tapping du titre au nom du groupe.
Dans l’équipe, il y a aussi un claviériste, Fabien. Le problème, c’est qu’on l’entend peu souvent ! Bien sûr, on discerne des notes tâtonnées lors des refrains, un léger support des synthés sur les growls les plus vils, et parfois quelques nappes angéliques qui percent, mais l’utilisation de l’instrument demeure trop timide. Si ce n’est pour la piste finale qui en est davantage parcourue, mais surtout « Interlude », accalmie logique de l’album. On y découvre alors une composition instrumentale épique, bourrée d’orchestrations enivrantes et qui prouve que la formation sait se servir des claviers. Il leur reste plus qu’à mieux les intégrer à leurs morceaux puisque cette scission mélodique de mi-parcours contraste avec les autres titres qui ne partagent guère son ambiance. Difficile, en même temps, vu l’importance concédée à la batterie dans le mix. Trop prononcée, ses impacts mécaniques ont vite fait de lasser sur les tempos les plus appuyés (« The Curse »). Heureusement, la basse parvient à ressortir un tantinet, bien qu’elle se contente d’écumer les tranchées creusées par la double, et grince plus qu’elle ne ronronne (« Through The Mist »). On ne leur enlèvera pas, toutefois, la vigueur déblatérée à travers cette section rythmique qui, malgré ses riffs primaires et artifices explosifs classiques, tempête tout du long sur un cap qui a la pêche et ne fait pas de faux-semblants.
Et ça, Pierre l’a bien compris, vu comme il se démène au micro. Sans aucune consonance claire, il inscrit un chant éraillé et guttural traditionnel, qui convainc rapidement sur un « Maze Of Madness ». Ses vocaux principaux, granuleux, hurlés, se font un peu trop criard et brouillon, mais son growl, porté par des blast beats fulminants sur les breaks mortuaires, est davantage réussi. On a parfois même l’impression d’entendre le Viking Johan Hegg sur « Sweet Revenge », tandis que la clôture « Sealing My Fate » se mélange plus entre SUIDAKRA et DARK TRANQUILLITY, notamment pour ses mélodies typées Pagan et son entrain épique.
En revanche, les chœurs à l’unisson sur « Dividead », c’est plutôt kitsch, tout aussi fédérateur que puisse être le morceau. Hormis cela, la prestation de Pierre est solide, bien inscrite dans le registre du disque et sait restituer la véhémence de ses propos.
Malgré son hommage louable aux racines d’un genre qui se perd à mesure qu’il se modernise, DIVIDEAD a encore des efforts à faire dans sa manière de composer. Il leur faudra bien plus qu’une production agressive et oldschool pour se démarquer. S’ils peuvent tout de même se différencier sur la scène française, leurs influences sont encore trop attendues au tournant de chaque morceau. Néanmoins, au gré de quelques efforts sur la restitution des jeux mélodiques, la création de riffs plus inventifs, et une intégration moins peureuse des claviers, ils ont assurément les moyens de se forger une direction musicale plus personnelle.
Ajouté : Mercredi 10 Octobre 2012 Chroniqueur : CyberIF. Score : Lien en relation: Dividead Website Hits: 7600
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