Oh le vilain Photoshop qui pique les yeux ! Celui-là, il est collector. Et il est l’œuvre des Français de WARTRIBE. Par chance, le combo se distingue également d’une toute autre manière. Formé en 2006 dans le Sud-Ouest de la France, ces mecs sont le prototype même du groupe de Metal crasseux. Des dégaines old-school et une musique qui l’est tout autant, WARTRIBE s’inscrit dans une logique presque caricaturale. Avec un premier EP du nom d’Animosity, on ne peut pas vraiment dire que la formation a fait un tabac, puisque son blaze s’est depuis perdu dans l’infinie richesse de la scène tricolore. Pourtant, il y a de nombreuses choses à sauver dans cette sortie, à commencer par une authenticité et un respect des consignes qui conviendra pleinement aux auditeurs en quête d’un Metal rigoureux et sans prétentions.

Je n’ai pas encore pu définir clairement le style pratiqué par ces Midi-Pyrénéens, pour la simple et bonne raison qu’il ne s’arrête jamais sur une case fixe et qu’il est en perpétuelle évolution. On trouve dans Animosity à boire et à manger mais surtout, beaucoup d’application et de sérieux. Du Death, du Thrash, du Black, voilà de quoi contenter une horde de métalleux houblonné. Il n’y a pas grand-chose à retenir de l’intro, « Only The Dead Have Seen The End Of War » qui n’a même pas l’indélicatesse de proposer la moindre petite idée. En revanche, « Animosity » nous apparaît vite comme un morceau familier. On est d’ailleurs pris à la gorge par sa lourdeur et ses reliefs rocailleux. Je suis moins fan de sa « thrashéïsation » soudaine mais je dois avouer que ça réveille. Que ce soit le solo épileptique ou simplement la structure barbare de la compo, tout y est pour que chacun y trouve son compte. Même topo sur « Combat Of The Thirty » qui fleure presque le Black scandinave belliqueux dans les vocaux ainsi que le riffing et qui est adouci par des improvisations plus mélodiques. Encore une fois, un solo vient ciseler le morceau sans que cet ajout de technicité ne vienne rompre le charme. WARTRIBE avance d’un pas assuré, sans en faire des caisses mais avec une sensibilité et une force de frappe qui subjugue. C’est très rare que je fasse preuve aussi vite d’un tel emballement. Pourtant, je n’ai pas été transcendé plus que ça par la créativité de ces mecs. Mais leur application, leur bonne volonté, l’intégrité et le sérieux qu’ils mettent dans leur démarche en font un groupe injustement méconnu. Beaucoup plus hachée, « It Means Insanity » marquera une rupture rythmique dans cet EP et c’est bienvenu, tant l’atmosphère tendait à devenir suffocante. Je suis intimement convaincu que WARTRIBE peut avoir un avenir dans cette scène si vaste et qu’un album, s’il était de la même intensité, remporterait surement plus de suffrages qu’espéré. Peut-être « Religion » est-elle l’unique maillon faible de l’opus, en dépit de ses senteurs Hard Rock avouées. Mais ça ne représente rien sur un ensemble qui avait déjà fait toutes ses preuves. Pas trop technique, pas trop flemmard, juste ce qu’il faut de feeling, Animosity est avant tout une sortie crédible et appliquée qui, même si elle est vieille de deux ans à l’heure où j’écris ces lignes, a conservé toute sa violence et son dynamisme.

Du Metal dur sur l’homme, consciencieux, sans chichis ni blabla inutile. J’avais oublié à quel point il est simple de sortir un disque de qualité. WARTRIBE démontre avec Animosity par A+B que réaliser de grandes choses est à la portée du premier clochard venu, pour peu que le mot « Metal » revête une signification presque religieuse pour lui. Amis Sudistes, si vous me lisez, nous aimerions beaucoup avoir de vos nouvelles. Un SMS, un pigeon voyageur ou même un premier album. C’est trop demander ?