DISCREATION est un nom qui ne m’inspire rien qui vaille. En effet, je suis plutôt du genre à tomber en amour pour les esprits créatifs. Et visiblement, ces Allemands n’ont pas l’air bien au point avec ce concept. Non seulement leur blaze évoque une certaine forme de minimalisme, mais en plus, leur musique confirme nos craintes. Après un premier album passé inaperçu, une décennie de carrière et des partenariats prestigieux avec AMON AMARTH, DIE APOKALYPTISCHEN REITER, MAYHEM, ENDSTILLE, AGATHODAIMON et BELPHEGOR, le quintet est revenu en 2010 avec un second rejeton, le bien nommé Withstand Temptation. Et pour peu que vous appréciiez le Death qui sent bon la Currywurst, vous allez être servi. Car DISCREATION ne semble pas savoir faire autre chose de ses cinquante doigts. Mixé dans les studios personnels du brillant Jörg Uken (batteur de NIGHTFALL et proche collaborateur de GOD DETHRONED, SUICIDAL ANGELS et DEW-SCENTED), ce disque vous apportera tout ce que vous recherchez dans une sortie de Death traditionnel.

A savoir un cou en miettes. Du début à la fin, ce Withstand Temptation donne envie de se tordre les cervicales. Nul doute qu’on appréciera encore plus cette sortie avec quelques bières dans l’estomac. Mais pour l’heure, je suis sobre et je ne trouve en ce disque aucun réel motif de réjouissance. En tout cas, il n’y a pas assez d’idées fraiches pour qu’on puisse parler de DISCREATION comme étant le futur du Death Metal teuton. Bien sûr, il y a « Liberation » qui introduit ce disque comme il se doit, avec fracas et précision. Un semblant de mélodie s’y épanouit sans qu’on puisse vraiment dire si cette facette de leur musique mérite d’être davantage travaillée. Mais même si cette entrée en piste est tonitruante, elle deviendra bien vite un trompe-l’oreille. Par la suite, les Allemands se perdront souvent entre le mélodique, le brutal et le catchy. L’alternance perpétuelle entre ces trois mouvances donne l’impression d’un bordel joyeusement organisé. Oui, leur Death Metal est tellement carré qu’il passe comme une lettre à la poste et qu’on remarque à peine les quelques redondances qui font rage en son propre cœur. Mais il ne faut pas être dupe. S’il est très facile d’aimer cet album, tant il est idéaliste, il faut également pousser le bouchon un peu plus loin. Ce que ne fait jamais DISCREATION, se contentant de blasts faciles, de mélodies prémâchées, de vocaux typiquement Death et d’un semblant de parties épiques à la AMON AMARTH (« Breeding Terror »). L’idée n’est d’ailleurs pas idiote, mais le solo censé finaliser l’extase provoque à peine une demi-molle. Toujours dans le politiquement correct, jamais un mot au-dessus de l’ordre, Withstand Temptation est un album tantôt bourrin, tantôt travaillé qui cherche à séduire le métalleux de base. Et ça marche ! Moi-même j’ai été plutôt séduit sur l’instant par ces neuf créations, mais je cherche encore ce qui démarque DISCREATION de ses concurrents. Je sais que je vais à peu près écouter le même disque demain. Et après-demain. Seuls les noms seront versatiles. Et c’est regrettable, car ces mecs ont le niveau techniquement. Les solos sont majoritairement au point, idem pour les rythmiques qui cavalent sans jamais baisser le pied. Le chant de Kai est peut-être un peu monocorde mais ça reste du Death. Ils ont tout pour eux. Reste ce penchant pour le Metal petite frappe à vite gommer.

Entre leur coller un 6 peut-être un peu sévère et un 7 fédérateur, mon cœur a longtemps balancé. Dans sa globalité, Withstand Temptation mérite d’être encouragé car il est un disque de Death plus qu’honnête. Mais définitivement, son manque de témérité, d’initiatives, sa petitesse d’esprit et son goût prononcé pour le traditionnel en font une sortie dont il est prudent de minimiser l’impact et la pertinence. On entendra forcément reparler de DISCREATION. Et j’espère que ce sera en des termes encore plus élogieux.