Mon cerveau est en ébullition. Ultimhate Records a eu la bonne idée d’envoyer avec la promo de Trendkill, le premier album de DARK SENSATION, un fort beau poster. Un détail m’a alors tapé dans l’œil. Le plus petit membre du groupe (Christophe Sturbois si je ne m’abuse) est vêtu d’une loque estampillée PANTERA. Mais je n’ai compris que bien plus tard que ce choix est loin d’être anecdotique. Il est encore moins innocent. Parce que les Belges de DARK SENSATION y font inlassablement référence dans ce disque. Dimebag Darrell serait d’ailleurs flatté d’entendre la relève s’exprimer avec autant de panache et de bulles dans le regard à son sujet. Croisement entre Metal moderne, Thrash, Death et Hardcore, Trendkill est donc un premier jet prometteur pour une formation qui a toutes les qualités pour sortir la tête de la fosse à purin mais qui manque encore un peu d’expérience.

Quant à nous, on étouffe. Parce que cet opus ne nous demande pas la permission avant de nous prendre à la gorge. Dès « Glass Full Of Hate », dont l’intro monte progressivement en intensité, on comprend que ces mecs y vont au culot et à l’énergie. Des riffs bétonnés, des rythmiques tranchantes, un certain sens du groove et une pêche mortelle, les DARK SENSATION ne ratent pas leur entrée en piste. On en prend plein les oreilles sans vraiment s’y attendre, car rien ne laissait augurer un son aussi sec, ni une déferlante de Death / Thrash avec c’te bonne paire de couilles des familles. Derrière l’aridité ambiante et le souffle brulant qui s’échappe de ces quelques tueries, on remarque une certaine tendance à varier rythmiques et influences. Le jeu de batterie de Jonas Sanders lorgne avec insistance sur la mouvance Punk / Hardcore new-yorkaise, AGNOSTIC FRONT et PRO-PAIN en tête de liste. Et comme par enchantement, ces quelques références s’incrustent dans l’un ou l’autre plan de guitare, évoquant par la même occasion le dynamisme et la prestance d’une formation comme HATEBREED. Trendkill dispose d’une production limpide et explosive, qui épouse parfaitement les contours de ce Death / Thrash vivace et insaisissable. Pas étonnant donc d’apprendre que Jacob Bredahl a participé de son studio danois au mixage et mastering. L’occasion pour moi de rajouter qu’on retrouve un petit peu de HATESPHERE dans ce disque. Pourtant, a vouloir jouer plus vite que la musique, DARK SENSATION se prend aussi les pieds dans le tapis. La fin de l’œuvre nous révèle bien des secrets. Par exemple, ces garçons sont incapables de doser leur surplus d’engagement. Il faut que ça galope le plus vite possible du début à la fin. Au bout d’un moment, c’est clairement au détriment de l’innovation musicale. Et ça gâche la fête. Parce qu’après un « Interlude » lui aussi axé sur la vitesse et la technique, on n’a plus d’autre choix que de morfler selon le bon vouloir de ce Death / Thrash frénétique et complètement hors de contrôle. On a tendance à subir les derniers morceaux, plus qu’à les vivre et à ce titre, DARK SENSATION aurait du avoir le bon sens de mettre un peu d’eau dans sa bière.

Ça n’enlève rien à la dimension « marteau-piqueur » de ce disque. Trendkill broie, écrase, démembre. Si on prend part à ces quelques actes de mutilation avec bonheur au début, très vite, la sombre sensation de dégoût ralentit notre déglutition. Cette œuvre démarre trop fort pour que l’étonnement ne puisse s’étendre sur toute sa durée. Un matraquage en règle, oui. Mais finalement, le vrai génie aurait été de faire durer la surprise autant que le plaisir. Ni l’un ni l’autre ne seront indéfiniment au programme de Trendkill qui, de fait, passe tout près d’un exploit retentissant.