Voilà. Ça fait bien dix minutes que je regarde mon clavier, le CV d’IDENSITY ainsi que le booklet de leur premier album à la recherche d’inspiration pour démarrer ce papier. Et comme aucune idée ne me vient, j’ai pensé vous raconter ça. Il faut dire que la musique des Parisiens ne m’inspire pas beaucoup non plus. Enfin, c’est ce que je croyais. Jusqu’à ce que je me concentre. Et il y a eu… Je ne sais pas. Un déclic. Serenity s’est totalement révélé lors de sa seconde écoute. C’est dire s’il faut un peu de temps pour appréhender la bête, qui, il est vrai, sort un peu des sentiers battus. Formé en 2008, le groupe a pour origine la volonté commune de créer un projet bien singulier, inspiré je cite par « OPETH, DEVIN TOWNSEND et de nombreux autres groupes tels que NEVERMORE ou KATATONIA ». C’est bon, je vois le genre. Voilà donc de quoi justifier la présence de Mayline Gautié, une charmante violoniste, au cœur de la meute (et pas de la meule, comme le dit la pub pour le gruyère Président). Pour le reste, IDENSITY reste vraiment fidèle aux références citées plus haut. Et sa dévotion sera récompensée.

Je l’affirme haut et fort. Cet opus est une douce et belle surprise. Le genre d’album qui adoucit votre quotidien. Par contre, il vous demandera du temps. Souvent considéré comme une musique expéditive, le Death Metal peut prendre une toute autre forme quand il est travaillé différemment. C’est exactement le travail que réalise IDENSITY, en gardant des structures typiquement Death, souvent au niveau des parties rythmiques (basse-batterie), plus rarement dans les riffs, qui jonglent entre inspiration Neo Metal (« The Hatred ») et Death / Thrash Metal, comme sur le final de l’interminable mais néanmoins magnifique « New Year’s Eve ». Très vite, on réalise qu’en dépit des flatteuses influences qui ont été énumérées par le groupe lui-même, IDENSITY possède un style et une griffe qui, déjà, lui est propre. Les violons de Mayline donnent un côté lunaire, épuré à ce Death Metal, qui jouit de structures alambiquées, très riches et tapant ouvertement dans le Death progressif. Au fil de l’écoute, on est surpris par la drôle de maturité de ce combo, dont le seul tort est de souffrir d’une production un peu faiblarde. J’imagine facilement la puissance que pourrait dégager Serenity avec une production un peu plus ronde et fluide. On atteindrait véritablement un niveau très élevé. D’autant plus que les Franciliens ont pris la décision de consacrer une place très importante aux chœurs d’Alain Arcidiacono (guitare lead) et de Jonathan Bartolo (basse) et que le brio avec lequel ce choix est exécuté donne énormément de coffre à leur disque. Idem pour le contraste entre la voix grognée et les lignes vocales masculines claires, qui sonnent avec beaucoup de justesse. Leur arrivée ressemble d’ailleurs constamment à un rayon de soleil qui fend un ciel grisonnant. Car il faut également préciser que la musique d’IDENSITY sait se faire particulièrement sombre, comme on peut le remarquer sur « Nevermore », un bien bel hommage au groupe éponyme soit dit en passant. Dernière précision, j’ai trouvé que cet enregistrement s’essoufflait un peu au cours des dernières pistes et qu’une composition comme « Do Not Forget », qui évolue sur un faux-rythme, dessert Serenity plus que l’inverse.

C’est quand même fort. J’ai ramé comme pas possible pour introduire cette chronique et une fois l’album lancé, le verbe est venu instantanément. Comme quoi, Serenity porte remarquablement bien son nom. C’est l’auditeur qui bénéficie de cet état de grâce quasi-constant. Transporté dans un univers féérique, comme sur la planante (« Serenity »), il réalisera à quel point le retour sur Terre est douloureux. IDENSITY nous a offert avec sa première sortie un très agréable moment de Metal. Et même si leur Death progressif est loin d’être imperfectible, on ne sera pas contre une repasse. Juste le temps d’un rêve.