Comme tout bon album de Black dépressif qui se respecte les protagonistes se doivent de plonger l’auditeur dans un état d’angoisse flirtant parfois avec les pleurnichages. KHORS a tout compris, mais n’a jugé bon de consacrer à cet état de latence qu’une poignée de secondes qui suffiront à nous acclimater immédiatement avec l’ambiance qui dépeint leur Wisdom Of Centuries. Les Ukrainiens avaient peu coutume de nous faire traverser d’aussi mélancoliques paysages, il est vrai que lorsqu’on se penche sur leur discographie on avait jusque-là droit à un Dark/Black basique sans grande élucubration portée par un son plutôt sec un peu bâclé.

Ici le ton change et c’est à la nouveauté qu’on doit s’attendre, une atmosphère bien plus travaillée. Pourtant, souvenez-vous le titre « Misery » (Cold – 2011) nous avait donné un aperçu évasif certes mais néanmoins notable, de ce que pouvait concocter le combo.
L’omniprésence en toile de fond d’une mélodie engendrée par des claviers discrets sera donc cette fois un atout majeur dans le jeu et permettra de rendre la musique moins anxiogène et par la douceur des choses, plus digeste. On ne s’éloigne en aucun cas du Black primaire de leurs débuts puisque le chant reste intact et la lourdeur de rigueur.

Cette fois-ci la grande variété de percussions plus ou moins développées, latentes ou pesante à souhait lui confèrera un travers Pagan avec ses légendes insinuées dans la prestation de chaque membre. On peut imaginer sans mal des tribus entières en pleine prière à leurs ancêtres dans cette pépite qu’est « Where The Grandeur Of Mountains Embraces The Space », interlude bref qui précèdera à un « Horizong Glassy » guère plus développé, autant de prouesses prouvant la magie et la poésie mise en évidence ici et là. Or n’aurait-il pas été judicieux de ne pas les juxtaposer afin de pouvoir apprécier plus facilement des titres de plus grandes envergures comme le titre éponyme de l’album ?
S’ils ont tout misé sur le décor avec un peu trop de titres extrêmement court peut-être était-ce pour éviter la prise de risque, mais la durée totale du disque joue cruellement contre lui, surtout après avoir dégusté les quarante deux minutes d’un Return To Abandoned (2010) desservant un Black épique accrocheur. Malgré tout on appréciera la maturité qui émane depuis lui justement et maintient les musiciens dans un esprit de constant effort pour faire évoluer leur musicalité et ce dans un souci de rassasier au mieux les amateurs du genre.

A noter par la même occasion donc, l’évolution et la nette amélioration des arrangements depuis The Flame Of Eternity’s Decline qui ancrait fort bien la carrière naissante des Ukrainiens en 2005.
On avance, on tâtonne, on essaie de nouvelles choses et au final ça paye puisque Wisdom Of Centuries sera l’un des plus beaux adages des KHORS.