REGICIDE DECEASE / CALCINED (pl/ch) - Death Illumination : In Memory Of Evil Chuck (2012)
Label : Metal Scrap Records
Sortie du Scud : 13 mai 2012
Pays : Pologne / Suisse
Genre : Death Metal
Type : Split Album
Playtime : 8 Titres - 31 Mins
Le monde du Metal a connu des personnages inoubliables et des destins hors-du-commun. Per Yngve Ohlin, Ace Thomas Forsberg, Jon Nödtveidt, Mieszko Talarczyk… J’en oublie volontairement. Car nous ne sommes pas là pour énumérer les noms de ceux qui ne sont plus à nos côtés pour nous guider. Chacun d’entre eux était une force de la nature, un esprit créatif inégalable, une référence artistique, une personnalité anticonformiste. Il y a les autres. Et il y a Chuck Schuldiner, génial guitariste de DEATH et incontournable vocaliste, emporté trop tôt par ce putain de crabe. Il peut aujourd’hui être fier de voir que l’héritage musical qu’il nous a légué n’a pas été dilapidé. Mieux encore. Avec la collaboration exclusive en son honneur entre REGICIDE DECEASE et CALCINED, Chuck revit dans nos pensées. Il n’est pas un fantôme qui rôde en collectionnant les frayeurs, car il a toujours réfuté toute intention maléfique dans l’art du Death Metal. Il est juste présent pour apaiser cette sensation de vide. Voilà tout le mérite qui revient à ce split authentique, entièrement écrit en sa mémoire.
REGICIDE DECEASE :
Les premiers à ouvrir le bal de ce Death Illumination sont donc les Polonais de REGICIDE DECEASE. Formé en 2008 à Lublin, le quintette n’a pas encore eu l’occasion de s’illustrer dans nos contrées, malgré un premier album, Anatomy Of Sickness, paru en 2011. Il va peut-être finir par se révéler un jour, surtout s’il continue à œuvrer dans la veine de ces trois compositions de Death Metal méchamment teinté de Thrash. Les Polaks démarrent avec « Aethyr Of Desecration », une création sauvage, rapide, bestiale qui se plait à revenir par intermittence dans la passé tumultueux du Death old-school. Très vite, on réalise que le groupe adore les changements de cadences et que sa guitariste rythmique est très à l’aise avec son instrument, jouant d’une belle complicité avec l’autre gratteux, Kuba Hajduk, auteur ici d’un solo assez complexe. La production fait assez vieillotte et colle à merveille avec l’esprit de ce split, même si on peut regretter que REGICIDE DECEASE soit une formation de Death débutante qui ne profite pas de sa relative inexpérience pour tout casser sur son passage. « Revelation Of Dark Gnosis » ainsi que « Black Sun Psalm » seront deux titres de Death de bonne facture mais très conventionnels, en dépit de la grande place prise par la guitare lead. Aussi, la voix ultra-profonde de Xaos Oblivion manque un peu de peps au moment où ses camarades accélèrent le mouvement. Leur temps de parole sera conclu par la reprise de « Born Death » tiré de l’album Leprosy (1988). Si l’exécution est assez fidèle à l’originale, on remarque dans cette cover un côté légèrement plus Brutal Death que l’originale, avec un son de guitare vraiment sudoripare et une toute autre approche des lignes vocales. Personnellement, l’aspect primitif et hargneux de la première mouture me convient mieux. J’ai eu l’impression que REGICIDE DECEASE, de par son interprétation, a fait de ce morceau un morceau de Death banal, alors qu’il est un temps fort dans la carrière de DEATH. Rentre-dedans, précise mais sans réelle plus value, la musique des Polonais demande encore un certain affinage qui sera analysé avec plus de minutie dans un autre contexte. (6/10)
CALCINED :
CALCINED ! Voilà déjà un nom qui m’est plus familier. C’est justement la claque prise sur leur premier EP, Thwarted, sorti en mars 2011 mais tout récemment chroniqué qui a suscité mon intérêt quant à la suite des évènements pour ce groupe Suisse. Sachant plus ou moins le sort brutal qui m’était réservé avec cette valeur sûre du Death Metal, j’ai décidé de m’infliger moi-même une grosse punition anale en proposant mes services au quatuor. Encore une fois, je n’ai pas été déçu. CALCINED, ça joue vite, ça joue propre mais surtout, il y a dans leurs compositions un grain de folie qu’on ne trouve pas partout. Les guitares sont maniées avec dextérité mais aussi pas mal de spontanéité, ce qui fait qu’on retrouve une ambiance à la fois unique et malsaine dans leurs créations. La voix de Magnus est également très convaincante. Elle sait se faire classique, gutturale, épurée. Et à l’inverse, elle est capable de verser dans des hurlements magnétiques et imprévisibles. C’est justement cette folie qu’on appréciait chez DEATH qu’on retrouve intégralement dans la réinterprétation d’« Evil Dead » (album Scream Bloody Gore en 1987) par CALCINED. Contrairement à REGICIDE DECEASE, j’ai trouvé que les Suisses sont parfaitement rentrés dans l’esprit de ce morceau, même si leur version est également plus grasse et rondouillarde que l’originale. Je n’ai aucune envie de créer un fossé entre les deux groupes qui ont travaillé sur ce split, car contrairement à ce que son nom indique, le split est pour moi un formidable moyen de rapprocher les univers. Néanmoins, je trouve beaucoup plus sympathique l’initiative des Helvètes de laisser chaque membre du groupe écrire un morceau. Piffeux a travaillé sur « Stripped By Life », Lionel sur « For The Beyond » (qui propose un clin d’oeil amusant à X-Files en jouant le motif du générique) et Magnus sur « The Call ». Seul Lulu s’est abstenu, tandis que le mixage est l’œuvre de Xaos Oblivion de REGICIDE DECEASE, ce qui explique probablement l’infime différence de son et la transition inexistante entre les deux formations. (7/10)
Fortunes diverses mais objectifs atteints. Avec ce split, le duo helvéto-polonais nous fait passer un très agréable moment et propose le plus bel hommage qui soit à Chuck Schuldiner : 31 minutes de Death Metal touffu, travaillé et remuant. Si REGICIDE DECEASE ne se sera pas forcément tout le temps montré à son avantage, ses membres auront eu le mérite de susciter la curiosité chez l’auditeur. Quant à CALCINED, j’étais personnellement déjà convaincu par leur Death Metal et je continue d’être surpris. Il ne leur manque à présent qu’un seul truc pour enfin décoller : un premier album. La collaboration aura en tout cas été fructueuse musicalement et pleine de bon sens à l’heure où la plupart des groupes de Death oublient que sans Chuck et son héritage qui ne sera jamais quantifiable, ils n’auraient pas eu la chance d’exercer aujourd’hui cet art. Ça remet de l’ordre dans les priorités et c’est toujours bon à prendre.
Ajouté : Mercredi 19 Septembre 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Regicide Decease Website Hits: 7312
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