« Devil In Me », « Devil Inside », tout ça, ce sont les mêmes conneries. De vieilles marmites éculées et trouées dans lesquelles mijotent des histoires de possession. Mais je crois que le Diable ne se cache pas à l’intérieur de ceux qui pensent être pour Lui un hôte. Ainsi, les coreux de DEVIL IN ME, sous leurs nombreux tatouages et leurs tops COMEBACK KID cachent en vérité une laine d’agneau. De gros durs au cœur tendre, pas forcément inoffensifs mais suffisamment éduqués pour ne pas verser dans le Hardcore maladif et négatif. Et la croix renversée qui orne le verso du booklet ? De la symbolique de supermarché. DEVIL IN ME c’est du Hardcore portugais nourri au NYHC mais débité à une cadence aussi moderne que malhabile. Les âmes hostiles se frottent les mains. Avec The End, c’est de la chair à saucisse qui leur tombe toute cuite dans la bouche. Car cet album, leur troisième, se prend les pieds dans toutes les carpettes. Ouais gros !

Andrew Neufeld de COMEBACK KID était probablement le seul cinglé à bien vouloir poser son blaze sur ce disque en le produisant. Il parait que The End saura également toucher les fans de SICK OF IT ALL. Dans leur fierté peut-être. Car les frères Koller n’auraient jamais approuvé un travail aussi brouillon. Du ressassé de New-York Hardcore ? Oui, il y a de ça. Mais la dominante principale s’inscrit plutôt dans des tons Hardcore moderne grossièrement coupé au Punk. Le problème, c’est que si DEAD SWANS, 50 LIONS ou DEEZ NUTS affichent encore une certaine lourdeur et une originalité plus ou moins consistante dans leur musique, celle de DEVIL IN ME souffre clairement de sa platitude. The End sent le frigo mais procurera probablement un minimum de satisfaction et quelques sensations fortes à ceux qui ne s’attendaient pas à mieux. J’ai très vite surestimé cet album, espérant un retour à la raison et à la période MADBALL de leurs débuts. Rien n’y fera. Les Lusitaniens se sont définitivement tournés vers le Hardcore de COMEBACK KID, décalquant leur jeu de batterie tribalo-Punk, y ajoutant des distorsions à l’américaine, des chœurs scandés à la SICK OF IT ALL, le tout ficelé dans un emballage hermétique dont les couleurs chatoyantes et les contours de bande-dessinée attireront l’œil de ceux qui trouvent la pochette du dernier MORE THAN A THOUSAND magnifique. En réalité, The End ne présente que peu d’intérêt musicalement. La très désagréable sensation d’avoir déjà entendu cet album arrive rapidement, ce qui est de loin un mauvais signe. La participation d’Andrew Neufeld sur « The Fall » est vraiment une sucrerie qui rattrape un peu la fadeur de ce disque, puisqu’elle découle sur une composition franchement entrainante et bien écrite. Idem pour « Claim My World » sur laquelle on retrouve la patte de Mike Ghost, avec en prime un groove non négociable. DEVIL IN ME est donc franchement capable de réaliser de bonnes choses. Malheureusement, les trois quarts des morceaux font remplissage, avec très peu d’inventivité dans les riffs, des rythmiques branchées sur l’électrocardiogramme de Jean-Luc Delarue et un chant rugueux qui devient très vite pénible à supporter. Au-delà de tous ces aspects technico-techniques, on félicitera quand même la très grosse débauche d’énergie de ces mecs, même si l’inverse aurait été le clou qui scelle le cercueil.

J’ai très peu d’espoir donc pour ces Portugais qui proposent avec The End une sortie vraiment moyenne, dynamique certes, mais trop irrégulière pour venir concurrencer leurs modèles d’outre-Atlantique. Ce n’est pas une question de philosophie mais de capacités. Celles de DEVIL IN ME sont encore trop teintées de maladresse pour parvenir à affirmer le groupe au cœur même de la cour dans laquelle il veut jouer. Faire ses preuves en Europe sera déjà un bon début avant de venir se la jouer Gangsta Hardcore.