OCEANA (usa) - Clean Head (2010)
Label : Rise Records
Sortie du Scud : 11 mai 2010
Pays : France
Genre : Post-Hardcore / Indie Rock
Type : EP
Playtime : 4 Titres - 18 Mins
Petit moment de détente dans cet agenda de la rentrée bien chargé avec une acquisition personnelle au rapport qualité / prix imbattable : le premier EP des coreux floridiens d’OCEANA contre une pièce rouillée de deux euros. Certains préfèreraient faire un vœu devant la fontaine de Trévi que d’injecter cette somme dans un disque de Post-Hardcore et pourtant, Clean Head est ce qu’on peut trouver de mieux dans la maigre discographie de ce gros pétard mouillé qu’est OCEANA. Sorti en 2010 sous leur label historique, Rise Records, il confirme l’ascension toute relative d’une formation qui avait déjà deux opus au compteur, The Tide en 2008 et Birth.Eater en 2009. Un album par an, c’est donc le tarif minimum affiché par les ricains à l’entrée de leur boutique, chatoyant bric-à-brac d’influences à la fois modernes et vieillottes. Dans une arène Metalcore peuplée de gladiateurs en carton, OCEANA a fait le choix d’intellectualiser sa musique pour avoir lui aussi droit à son quart d’heure de rêve américain.
Un bon Rubik’s Cube, voilà ce dont il faudra vous armer pour venir à bout de cet enregistrement. Dix-huit minutes, quatre morceaux et des musiciens très talentueux mais un peu sadiques, Clean Head est composé de seulement trois éléments qui, mis dos-à-dos, aboutissent sur une sorte de Post-Hardcore bucolique, à la peau brulée par ses influences Indie Rock ensoleillées. Beaucoup de joie, beaucoup de sourires s’extirpent de cette œuvre torturée qui aurait pu faire le bonheur de n’importe quel réalisateur cherchant un groupe apte pour écrire la bande-son du nouveau « Une Nuit A New-York ». Pot-pourri de Rock alternatif, branches séchées de l’arbre Metalcore, racines épuisées de Math Rock et pistils fanés de Twee Pop, cet EP est extrêmement odorant. A tel point que si l’odorat est un repère pour l’orientation, au même titre que l’ouïe pour l’équilibre, le bouquet très riche de Clean Head vous fera localiser St-Petersburg en Floride. Hérétique, non ? OCEANA a clairement établi un nouveau cap artistique, puisque les deux albums s’inscrivaient dans une veine Post-Hardcore non-négociable. Ici, tout est chagrin mais radieux, vaporeux mais palpable, éthéré mais écrasant, séraphique mais diabolique. Cet EP est un contresens permanent aux humeurs changeantes selon les mouvements de lune. La voix douce et ambrée de Brennan Taublee offre aux Américains de nouvelles possibilités, avec des placements très hauts, jamais entendus auparavant. Rock dur et bagarreur comme sur l’intro « Wool God », Rock alambiqué et suffocant comme sur « Joy », la musique d’OCEANA me fait penser à un mariage improbable entre MOGWAI et Ben Folds. C’est dire si les noms de ces deux entités antagonistes avaient une chance infime de se retrouver un jour accolés dans une chronique. Il aura fallu attendre 2010 et Clean Head pour pouvoir se délecter d’un des Rock les plus compulsifs du nouveau millénaire. Je sais pertinemment qu’en matière de Rock, plus encore qu’en matière de Metal, les cerveaux des artistes sont en permanente ébullition. Mais je vous assure que celui d’OCEANA vaut le détour, et que cette nouvelle orientation qui je l’espère, sera durable, vaut mille fois deux disques de Post-Hardcore foirés.
Les Américains ont voulu s’éclater. Mission accomplie parce qu’on s’éclate avec eux. Je ne pense pas que ce virage artistique soit définitif. Je pense qu’il n’est qu’une parenthèse. Mais en tout cas, il nous dévoile un OCEANA radieux, probablement sous son meilleur jour. Clean Head mettra du baume au cœur dans votre quotidien. Il est de ces disques créatifs, aboutis, qui passent trop vite et qui vous plongent dans un bain de lumière pendant un examen de conscience. Recommandable donc.
Ajouté : Mercredi 12 Septembre 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Oceana Website Hits: 7022
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