L’Islande n’est pas vraiment un pays prolixe en matière de sorties musicales… Et si l’on excepte les vocalises technoïdes irritantes de BJORK, les planants SIGUR ROS et le Rock de SALIN, les amateurs de décibels n’ont jamais eu grand-chose à se mettre sous la dent…
Alors fêtons comme il se doit l’arrivée d’un nouveau venu, qui va tenter de se faire une place dans le cercle très fermé de la scène Techno Death internationale, BENEATH.
Deux ans après leur mini CD Hollow Empty Void, les barbares venus du froid nous reviennent la musette chargée de jolis contes en couleur, rouge sang si possible, pour mettre nos oreilles à dure épreuve.

Alors de deux choses l’une. Soit vous êtes fans de SUFFOCATION, DECREPIT BIRTH, FLESHGOD APOCALYPSE, BEHEMOTH, HATE ETERNAL, et vous avez prêté allégeance aux dieux MORBID ANGEL il y a bien longtemps, et Enslaved By Fear vous comblera de joie, soit tout ceci vous laisse de marbre et/ou vous irrite, et vous pouvez d’ors et déjà passer votre chemin.
Car ici, la brutalité technique règne en maîtresse des lieux.

Les batteries triggées, les cavalcades infernales sur fond de grognements intempestifs, ça n’est plus mon truc depuis bien longtemps… A savoir si ça l’a un jour été d’ailleurs… Je trouve que, justement, depuis les débuts de SUFFOCATION, NILE, ou encore HATE ETERNAL, rien de neuf n’a jamais été proposé, et c’est bien dommage. Tout ça me parait très linéaire et inapte à satisfaire ma curiosité légitime.
Pourtant, je ne peux m’empêcher de trouver BENEATH intéressant. Pourquoi ? Parce que justement, ils ne se contentent pas d’aligner une dizaine de roquettes perce blindage tout en contemplant le massacre après.

Attention, ne vous méprenez pas. La vitesse d’exécution est bien évidemment au-delà du raisonnable, et les blast beats sont légions, mais les efforts faits au niveau des riffs sont notables, et la mélodie pointe bien souvent le bout de son nez. Et du coup, le tout sonne pertinent ET intelligent. Pas juste bourrin, non, un peu plus fin que ça…
« Monolith » par exemple. C’est parfaitement bien vu. Composé finement, placé à un moment de l’album adéquat, ce morceau aère le tout, et offre une pause bienvenue, en prouvant que nos Islandais savent de temps à autre se faire lourds, emphatiques, sans être roboratifs. Et enchaîné au final orgiaque « Sacrificial Ritual », morceau qu’un bâtard issu de l’union contre chrétienne entre DEICIDE et MORBID n’aurait pas renié, ça finit par ressembler à un massacre chirurgical en règle.

Si vous ajoutez à ça, une nette propension à multiplier les breaks et contretemps déstabilisants (« Enslaved By Fear »), tout en les opposants à des passages atmosphériques, à balancer des burners aussi épileptiques qu’écrasants (« No One Above »), à multiplier les remontées de manche lunaires comme le Trey de légende (« Lies Of The Dead »), et vous obtenez sans aucun problème l’album de Techno Death de l’été, roublard, professionnel, authentique et futé…

Sans aller jusqu’à dire que BENEATH m’a réconcilié avec un genre qui n’a jamais obtenu mes faveurs, je dois reconnaître que j’ai passé un sacré bon moment en écoutant leur premier longue durée… Les Islandais ne se contentent pas d’accumuler les plans à la vitesse de la lumière pour épater le chaland, mais savent composer de vrais bonnes chansons extrêmement agressives. Utilisant la mélodie comme réel vecteur de qualité et non pas comme simple gimmick de caution, variant les ambiances intelligemment, ils ont réussi à faire avancer le style sans le dénaturer.

Et une bonne performance, en ces temps de Jeux, mérite d’être soulignée.