Généralement, les déflagrations les plus assourdissantes et/ou expérimentales nous venaient toujours du réservoir inépuisable de l’Europe de l’Est, du Japon (probablement les pires d’ailleurs), des USA, et même de notre beau pays, qui recèle en son sein toute une armada de flingués prêts à repousser sans cesse les limites de la bienséance musicale.
Saluons donc l’intrusion de quelques amis transalpins dans l’aventure haute en couleur du tout-ou-rien bruitiste mais compréhensible, j’ai nommé INFERNO SCI-FI GRIND’N’ROLL.
Avec un blaze pareil, c’est sur, il ne fallait pas s’attendre à un concept album bluette sur fond de claviers dégoulinants. Mais de concept album il est bien question ici, plutôt axé science fiction barge et exotique.
Quatorze titres pour trente deux minutes, nos compères gentiment défaits jouent la sobriété, et il faut reconnaître que c’est plutôt à leur avantage.

Décomposé en trois parties, simplement intitulées « L’avènement », « La Chute » et « L’avènement », The Fall And Rise And Fall Of Inferno Sci-Fi Grind’n’Roll (C’est Bowie et son Ziggy qui vont être contents…) est en fait, malgré le nom du combo, tout sauf du Grind. Les Italiens peuvent à l’occasion emprunter quelques structures d’arrangements à TOTAL FUCKING DESTRUCTION, surtout dans cette façon unique de cumuler les riffs teigneux sur fond de bruitages divers, mais la globalité de leur musique reste cohérente, et leurs chansons pertinentes.
Les réelles influences sont à chercher ailleurs. A l’école Göteborg bien sur, pour les vocaux écorchés sur tapis de guitares mélodiques, vers le Hard-Core le plus velu pour l’énergie, et même un peu de Thrash/Death à l’occasion de passages bien nerveux.
On pense souvent à une hybridation entre un AT THE GATES vraiment furieux, un 6:33 moins dangereux, et même pourquoi pas, un IMPALED NAZARENE sans les tics hystériques. Le tout, sur une structure globale directement inspiré du ENTOMBED Death’n’Roll de fin de carrière.
Comme son titre l’indique, The Fall And Rise And Fall Of Inferno Sci-Fi Grind’n’Roll est à prendre comme un voyage dans une galaxie lointaine, voyage assez rapide au demeurant, mais qui reste envoûtant et inédit. Car malgré ces trois parties bien distinctes, l’ensemble s’avale goulûment d’un trait, sans chercher à pousser l’analyse trop loin.
Certains reprocheront sans doute le côté répétitif de certaines compositions, mais il est à croire que les Italiens ont privilégié l’homogénéité à la trop grande diversité, ce qui évite l’aspect fourre tout qu’on retrouve parfois dans ce genre de productions.

Et s’il est bien sur vain de chercher à décomposer l’œuvre titre par titre, je dois avouer que l’enchaînement « Halls Apocalyptus »/ « Dead Man Walkman » est relativement goûtu, et symptomatique de la démarche de INFERNO SCI-FI GRIND’N’ROLL. Riffs groovy, tempo qui virevolte, arrangements électroniques ludiques, tout est résumé en quelques minutes et valide de fait l’expérience.
Et là est la force de ce groupe hors norme. Ils n’ont en effet pas juste cherché à être originaux et inclassables, ils se sont aussi décarcassés pour proposer des morceaux qui tiennent la route, avec des riffs intelligents et entraînants, en gros, le meilleur du professionnalisme couplé à une volonté de démarquage manifeste.

Sans éviter l’écueil de petites erreurs de jeunesse, INFERNO SCI-FI GRIND’N’ROLL réussit à nous offrir un album très personnel, qui je pense, pourra séduire les plus ouverts d’entre vous. A compter que vous ne vous laissiez pas rebuter par un nom de groupe aussi peu descriptif !