T’es con ou quoi ? Arrête un peu avec ton « sauvage ». Puisqu’on te dit que W.I.L.D, ça veut dire en réalité « Wake Initiated Lucid Dream » ! Maintenant que t’as pigé, je vais te présenter ces mecs, tout droit issus du catalogue de la Klonosphere. Ils nous viennent de Lille. Oui, comme Martine Aubry, surtout qu’elle est parisienne à la base. Ils font du Death / Thrash bien franchouillard comme on l’aime. Oui, comme Martine Aubry après sa défaite aux primaires. T’en as encore beaucoup des comme ça ? Merci. Et enfin, ils proposent avec Agony Of Indecision un troisième album (les deux premiers sont sortis sous le blaze WILD KARNIVOR) résolument tapageur et hargneux, comme le chien de Martine Aubry, si ça peut te faire plaisir. Alors tu vas me dire, si WILD ce n’est pas de la bleusaille, pourquoi on en entend pas vraiment parler ? J’aurais bien une explication.

Pour être franc, c’était bien la première fois que je m’approchais d’aussi près de ces Nordistes et le ressenti principal que j’ai eu à l’issue de la séance, c’est que leur musique n’est pas vraiment inoubliable. Et pour cause, elle s’inscrit effectivement dans une dynamique moderne, en proposant un savant mélange de Death et de Thrash sans vraiment se décider pour l’un ou pour l’autre. Hélas, en bon français que nous sommes, prétentieux et chauvins (soyons-en fiers mes amis), on préfèrera toujours accorder notre confiance aux NO RETURN, LOUDBLAST et autres AGRESSOR. C’est ainsi. Pourtant, cet Agony Of Indecision regorge, fourmille, bouillonne de bonnes intentions, d’excellentes dispositions et de courageuses initiatives. C’est un paquet piégé qui ne paie pas de mine comme ça, mais qui à son ouverture vous broiera les doigts. C’est peut-être justement ce côté « in your face », ce mur de son puissant, brut de décoffrage, ne prenant pas la peine de se présenter, qui pourra agir comme un répulsif. Personnellement, si j’apprécie tout particulièrement cette spontanéité, je n’ai pas été spécialement emballé par le tranchant très indélicat de compositions comme « A Voice In My Head » ou de l’éponyme. C’est plutôt dans les moments ou W.I.L.D s’implique dans la création d’ambiances pesantes (« Pick Me Up », « You Know They’ll Come » voir même l’instrumentale « Choices ») qu’ils sont les plus convaincants. Si cet album est dans son ensemble direct, qu’il revêt un aspect presque dramatique par endroits (la balade chantée « Awaken Nightmare »), il bénéficie également de quelques moments clefs inattendus, comme une syncope rythmique basse-batterie surprenante sur « The Stage Is Almost Set » ou les passages très mélodiques de « You Are Their Prey » qui tranchent un peu avec l’esprit bourrin du skeud. Problème, si Agony Of Indecision s’écoule dans le temps avec fluidité, il peine vraiment à marquer les esprits. Il manque à mon goût une ou deux créations capables de vraiment surnager dans ce vaste océan de Death / Thrash un peu touche-à-tout. La sincérité est là, mais comment en douter en écoutant les vocaux massifs de Jérome Thilly ? Non, c’est une œuvre très intègre qui est ici proposée. Mais elle ne s’adresse pas à ceux qui veulent du dépaysement.

On ne reniera certainement pas le caractère instructif de cette sortie, qui prouve une fois encore que la France est surement l’un des sols les plus fertiles d’Europe en matière de nouveaux talents. W.I.L.D fait partie de cette génération dorée qui fait patiemment la queue pour exploser ailleurs. Et vu qu’ils sont nombreux au portillon, autant ne pas se presser et mettre à contribution ce temps précieux pour sortir quelque chose d’un peu plus structuré au prochain coup. Après avoir réécouté cet Agony Of Indecision, je me dis que c’est largement faisable. Maintenant, plus que jamais !