KICKBACK (FRA) - Et Le Diable Rit Avec Nous (2011)
Label : GSR Music
Sortie du Scud : 9 décembre 2011
Pays : France
Genre : Hardcore
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 37 Mins
Plus que jamais, drôle de bestiole que KICKBACK. Et quel épineux dossier que ce Et Le Diable Rit Avec Nous ! Connus dès le début des années 1990 pour leur engagement au sein de la scène Hardcore parisienne, ces garçons aussi ambigus que leur musique ont évidement quelque chose de culte en eux. Je ne saurais définir exactement quoi, mais leur évolution musicale doublée d’un sens de la provocation ambivalent provoque inévitablement de l’intérêt, parfois de la fascination. Avec ce nouveau méfait, qu’il est déjà loin le temps de No Surrender, son contenu furieux à en baiser une vache morte, déclencheur de sévères rectorragies et avant tout, pygmalion parmi les muses du Hardcore à la française tel qu’on le connaît et tel qu’on l’aime. Ce nouvel opus est à des années-lumière de toutes vos attentes et pour peu qu’il ne vous donne pas envie de trousser un cadavre, provoquera au moins en vous milles sentiments, du dégout à l’admiration pour ne citer que les plus courants.
On peut aimer ou pas KICKBACK, on peut polémiquer longuement sur leurs motivations et railler leur penchant pour le « Hardcore Noir », personne ne m’enlèvera de l’esprit que cette œuvre est vraiment singulière et qu’il vaut mieux ça qu’un truc passe-partout modulable à souhaits. Mais peut-on encore réellement parler de Hardcore ? Dans sa forme la plus encyclopédique, non. Spirituellement, on est en plein dedans. Une courte citation un poil scatophile du philosophe tchèque Ladislav Klima inscrite au dos du booklet met déjà dans l’ambiance. Et même si un paquet de détails détournent cet opus du Hardcore traditionnel, la volonté de verser dans une musique véritablement négative, suffocante et crapuleuse mérite le détour. Dans cet océan de maladies qui ne mérite pas la quarantaine qu’on aimerait souvent lui imposer, c’est Damien qui surnage. Loin de moi l’idée de vouloir scinder le groupe en individualités, mais ces lignes de guitares qui caressent un entrejambe Black Metal sont à la limite de l’hystérie et contribuent largement à cette dimension quasi-nihiliste qui rend cet album magnétique comme la peste. C’est un peu d’ARKHON INFAUSTUS qui pénètre ici dans KICKBACK. A raison, puisque Stephen en a profité pour moduler son chant, le rendant vraiment jusqu’au-boutiste et à la limite de l’hypersensibilité. C’est un vrai cri de douleur, profond, qui vous entortille les tripes et qui, sublimé par l’atmosphère décadente de l’ensemble, fait sombrer les esprits sous un torrent de fèces. Pour peu qu’on aborde Et Le Diable Rit Avec Nous sans aucune hostilité, avec pour but le simple désir d’entrer un instant dans la tête d’Epicure, les Parisiens parviendront sans mal à transformer la quiétude en une rage belliqueuse. Il faut simplement avoir la présence d’esprit de se laisser embarquer dans cet univers dégradant, avec en tête l’hypothèse de ne plus en revenir. Car plus qu’un simple disque de Hardcore, c’est une vraie expérience qui est proposée à l’auditeur, avec un réel travail effectué sur les ambiances et la recherche constante d’une douleur auditive à partager. Rares sont les groupes à pousser le délire au-delà d’une simple enveloppe musicale ornée d’un vague concept davantage placé là par défaut que par convictions pures. KICKBACK en fait partie et c’est une surprise, eux qui n’avaient jamais réellement brillé autrement que par la dangerosité de leur Hardcore au sens strictement musical du terme. A noter la présence finale de deux reprises, « It’s A Burning Hell » de BRAINBOMBS et « Mind Of A Lunatic » des GETO BOYS qui voit l’apparition de Kristian Olsson d’ALFARMANIA et Mike Cheese de GEHENNA. L’intérêt va surtout à cette dernière, puisqu’étant une réinterprétation inhabituelle d’un morceau de Rap incluant à l’origine des éléments Funk et Hip-Hop.
C’en est fini. Il n’y a plus grand-chose à rajouter. Après avoir épuisé jusqu’à la moelle les champs lexicaux de la noirceur, de la décadence, de la haine, de la barbarie, de la perfidie, il ne me reste qu’à vous souhaiter (ainsi qu’à moi-même) un bon rétablissement. KICKBACK a frappé fort, trop fort surement. Ce n’est pas de la soupe, ce n’est pas de la merde mais ça s’en rapproche et vous serez autant étonné que moi d’y prendre gout. On peut comprendre le projet au point de le soutenir comme on peut lui refermer la porte au nez. Dans les deux cas, ce sont des réactions qui reflètent le bon fonctionnement de son propre mécanisme humain. Voilà enfin quelque chose de positif dans cette affaire.
Ajouté : Mercredi 23 Mai 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Kickback Website Hits: 11470
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