Ça vous est déjà arrivé de subir une situation ? Du genre devoir écouter Sean Paul avec son voisin dans le métro ou avaler cul-sec 5 litres de limonade salée avant une coloscopie ? Il y a des concours de circonstances plus agréables, et écrire pour un groupe de Power Metal a rarement fait partie de mes fantasmes. Si le style n’est pas repoussant en lui-même, c’est surtout son image très vintage et ses représentants pas moins cheap qui provoquent chez les plus jeunes d’entre nous (et dont j’assume pleinement faire partie) une forme d’indifférence. Aujourd’hui, je dois faire mon examen rectal avec docteur WHITE SKULL. Ce nom ne m’est pas inconnu. Mais ça, c’était avant d’apprendre que ce praticien de renom a aidé le Power / Heavy Metal à se faire une réputation en Italie, près de dix ans avant même la formation de RHAPSODY ! Pour ainsi dire, la confiance règne.

Le fait majeur de ce neuvième album studio, c’est évidement le grand retour de Federica De Boni au poste de chanteuse. Car oui, pour ceux qui l’ignoraient, la madame a déjà beuglé dans le micro de WHITE SKULL entre 1984 et 2001, année de son remplacement par Gustavo Gabarro. Ce dernier aura fait une pige de six ans, avant de céder la place à Elisa De Palma, qui n’aura pas eu le temps de faire ses preuves ailleurs que sur le Forever Fight de 2009. On imagine donc l’ampleur de l’évènement pour ces italiens, qui ont choisi de faire les choses en grand pour Under This Flag. C’est en tout cas cette facette très théâtrale, un peu surjouée et au final, assez amusante, qui éclate la première. « Red Devil » est une preuve assez loquace de cette grandiloquence. Il ne manque que les claviers sirupeux et le tour est joué. Ces quelques minutes d’introduction sont certainement a mi-chemin entre la caricature et la sincérité. WHITE SKULL est totalement à l’aise dans le déroulement de ses chansons et même si on comprend vite ne pas être en présence de l’album de l’année, réussit assez bien son opération séduction. Les choses se corsent un peu sur « Lost Alone » quand on prend enfin conscience de la capacité de composition du groupe, qui écrit ici une très belle chanson, avec un riffing discret, un beau solo de Danilo « Man » Bar et les chœurs teutons à la GRAVE DIGGER. L’album prend une tournure très intelligente et ce n’est pas l’arrivée de l’inévitable « balade » qui changera la donne avec « A.O.D ». Vous remarquerez que j’ai choisi de mettre balade entre guillemets car en y écoutant de plus près, nombreuses sont les compositions de ce disque qui se rapprochent dans l’esprit d’une balade. La deuxième moitié d’Under This Flag s’ouvre alors dans une veine plus violente, qui allie des rythmiques de Thrash teuton avec des cavalcade mélodiques typiquement Power. Globalement, ça reste assez anecdotique, d’autant plus que la voix de Federica (quand Bonnie Tyler rencontre Tarja) n’est pas d’un lyrisme magnétique. WHITE SKULL accélère parfois un peu brutalement ses efforts (« Nightmares »), comme une dernière décharge d’adrénaline avant de craquer physiquement.

Pour quelqu’un qui ne connaissait ce groupe ni d’Eve, ni d’Adam, je dois dire que l’effet de surprise reste très minime, même si j’imagine qu’on trouve facilement pire enregistrement dans leur discographie. Under This Flag est un opus qui se veut construit, plutôt solide mais qui semble s’adresser davantage à un public ciblé. A tout hasard, les italiens n’auraient-ils pas essayé discrètement de reconquérir les fans de la période Tales From The North ? La même qui leur a ouvert les portes des Etats-Unis en 1999 ? J’dis ça, j’dis rien…