L’objectif de ce papier n’est pas de démontrer par A+B qu’en Alsace plus qu’ailleurs, on est des furieux. Si après avoir écouté la nouvelle tuerie de RATBOMB, vous n’en êtes pas convaincu, ce n’est surement pas ces quelques lignes qui changeront la donne. Mais quand même, ce serait idiot de passer à côté d’une pareille déculottée. Et si le nom ne vous parle guère, ne soyez pas étonné, le projet sors du frigo. Avant, c’était MALARIAH, du Death bourru très propre sur lui. Maintenant, c’est RATBOMB, du Grindcore sauvage et instinctif. Le changement de nom, c’est surement pour le côté « je-renais-de-mes-cendres-tel-le-phénix » qui fait toujours un bel effet. Nouveau look pour une nouvelle vie ? Pas tellement.

Dans le coin, on connaît bien le bestiau. Et c’est pas triste. Pour autant, Natural Born Grinders n’a rien de prévisible, même si son nom peut laisser penser le contraire. Ces mecs ont eu envie de neuf, de tremper le biscuit dans un Latte Macchiato nouvelle mouture. Et ça leur réussit plutôt bien. Ce premier essai est intéressant, dans la mesure où l’évolution entre MALARIAH et RATBOMB est saisissante. Ces quelques compositions sont visiblement le fruit d’une profonde évolution, qui met à nu un talent certain, quelle que soit l’entreprise. Décousu, borné, hargneux mais pas barricadé dans ses petits principes, cet album est judicieux dans le sens où il laisse une marge de manœuvre importante en vu de travaux futurs. Les Strasbourgeois ne commettent pas l’erreur de s’enfermer corps et âme dans un Grindcore obtus d’où ils ne pourraient pas se délivrer. L’intensité permanente tranche terriblement avec une ouverture assez inattendue, dans laquelle s’immiscent des parties tantôt Punk, tantôt Crust, tantôt Brutal Death, rarement Noise et encore moins Stoner. La personnalité de RATBOMB est assez simple à décortiquer. Beaucoup de fun, beaucoup d’énergie, beaucoup de liberté et très peu de justifications. Au final, on apprécie tout autant le manque flagrant d’assiduité qui se cache parfois derrière des airs de gravité à la NAPALM DEATH que la totale liberté d’expression qui habite ces musiciens, en atteste un final chaotique assez insupportable mais néanmoins très prenant sur « Miasma Drunk ». Plutôt original pour un album de Grind relativement pur jus malgré quelques brèches, Natural Born Grinders possède également un son en parfaite osmose pour le style pratiqué. On ne vantera jamais assez le mérite du fait-maison. Pour le reste, la réussite aurait pu être totale si on savait vraiment sur quel pied danse RATBOMB. On saura probablement avec plus de précision de quoi demain sera fait quand on saura clairement s’il faut prendre leur Grind au premier ou deuxième degré. Sur ce point, il demeure une part d’interrogations.

C’est dit. On connaissait le MALARIAH conquérant. Place au RATBOMB convaincant. Ce nouveau projet, disponible en intégralité et gratuitement sur leur Bandcamp, a les armes pour fleurir sereinement sur la scène alsacienne et au-delà. Avec l’arrivée récente du printemps, des fleurs, des oiseaux et de toute cette poésie ensoleillée, il fallait bien qu’il y ait un peu de castagne dans l’air. On se serait drôlement emmerdé sinon.