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LIMP BIZKIT (usa) - Significant Other (1999)






Label : Interscope Records
Sortie du Scud : 22 juin 1999
Pays : Etats-Unis
Genre : Hip Hop Metal
Type : Album
Playtime : 15 Titres - 63 Mins





S’il est un sous genre du Metal qui a souffert des quolibets à outrance, c’est bien le Néo… Le Grunge lui, est hors sujet, car il n’a jamais fait partie de la famille. Non seulement ça, mais il a en plus été celui qui l’a décimée et qui a renvoyé les gloires d’antan dans leurs pénates, à brosser leurs tiags fatiguées à l’ombre des disques d’or.
Mais « l’Adidas Metal »… Quelle volée de bois vert ! Vous n’y pensez pas ! Des « musiciens » qui semblaient plus préoccupés par les plis de leurs survêtements lamés que par la musique, de gros riffs cachant la pauvreté des mélodies, et surtout, quel manque de pratique instrumentale… Vous accorderiez votre confiance vous, à cinq zigues qui se pointent habillés comme s’ils sortaient en boite, et qui, en plus, trimbalent un MC dans leur valise, platines rutilantes et slogans chocs inclus ?
Allez, soyez honnêtes…
En avant garde, on avait eu KORN. Leur premier album avait fait sensation. Il était brut de décoffrage, et surtout, plein de guitares. Sur le deuxième, les choses avaient commencé à se gâter. Plus d’influences externes, un chant qui part en vrille et en syncope, une reprise de « Wicked », et surtout… Les survets et ce maudit titre « A.D.I.D.A.S » qui donnera son nom péjoratif à cette scène décomplexée.
Bon, c’est simpliste, mais ça résume.
Alors après, on les a tous mis dans le même paquet Bonux, avec en cadeaux, des gimmicks réducteurs, et des scratches gratos. Il fallait laver plus blanc.
Certains méritaient ce traitement.
Je pense notamment aux poseurs de CRAZY TOWN dont les tatouages sonnaient plus faux que des prints malabars sur les biceps des branleurs du quartier. Mais chaque vague à ses remous. Et ceux là sentaient le guano à plein nez.

Mais si on prenait la peine de voir la chose sous un autre angle, l’analyse changeait. Après tout, le Hard FM dans les années 80, c’était de la pure soupe pour certains, de la violence saturée de saccharine pour efféminé à sa maman. Des claviers ??? Prédominants ?? Allons donc…
Le reproche ici était que le Néo se rapprochait trop d’un frère ennemi. Le Hip-Hop. Les LIMP BIZKIT n’y avaient pas coupé lorsque que Three Dollar Bill, Y’all était sorti sur le marché. La dégaine et le chant de Fred Durst, la présence de DJ Lethal, les accoutrements de Wes Borland, tout était sujet à controverse et raillerie. Alors en plus, comme l’objet se vendait comme des petits pains, aidé en cela par une détonante reprise de frère George Michael, « Faith », ça commençait à sentir le rance à dix bornes.
Des clowns ?
Pas faux, mais les meilleurs.
L’étape du deuxième album ayant toujours représenté un cap difficile à franchir, les LIMP étaient attendus au tournant, c’est le moins que l’on puisse dire. N’étaient-ils qu’une sale bande de one hit wonders incapables de réitérer l’exploit d’un premier LP, ou bien une valeur sure du marché, prête à s’imposer sur le long terme ?
La question restait en suspens, et la réponse finit par atterrir sur les bureaux des rock critics du monde entier.
A quelle sauce allait-on être mangés ?

Three Dollar Bill, Y’all, c’était le hors d’œuvre, la carte de visite. Un son âpre, des compos parfois monolithiques, des textes misogynes, une attitude bravache et sans compromis. Significant Other fut l’album de la maturité, multipliant les collaborations, s’ouvrant de nouvelles perspectives. Pas de réel compromis (bien que Durst fut d’accord pour moduler un peu ses paroles…), mais une emphase sur le son, et la forme. Sans bien sur changer le fond. Les sales gosses sont, et seront toujours.
Alors, on retrouve sur la guest list des noms plutôt connus, show-biz’ ou pas. Les Claypool, Method Man, Jonathan Davis bien sur, Scott Weiland des STP et Aaron Lewis de Staind. De quoi assurer ses arrières et se la jouer frères d’armes.
Et après une intro bien zarb dans le plus pur BIZKIT style, on tombe le nez en plein sur « Just Like This », et son power riff urbain.
C’est parti.

La production de Terry Date (PANTERA, WHITE ZOMBIE et les DEFTONES) gonfle les boosters et décoiffe tout le monde au passage. Comme l’a si bien dit Wes, « Terry ne s’occupe pas de la musique. Il se contente de triturer le son, et cherche la perfection, quoiqu’il arrive ». Il est vrai que sur cet album, niveau compos, Wes, Sam et John se sont donnés à fond. Balancer une purée aussi furieuse que « Just Like This » en début d’album est une vraie déclaration d’intention.
Mais avec une tuerie sans nom comme « Nookie » pour tout enchaînement, ça devient une castagne en règle. Avec son texte écrit par un Durst en pleine expiation après une rupture, et son clip génial d’esprit frondeur, c’est un des nombreux hits de cet album, et peut être le meilleur.
Comme d’habitude, le schéma d’efficacité est inchangé, couplets Hip-Hop de rigueur, avec Fred qui déverse son flow peinard, et refrain énorme durant lequel la rythmique martèle le béton comme une manif’ préparée de longue date bat le pavé. La guitare de Borland explose d’un riff/motif simple mais terriblement efficace, et tout devient prétexte au débordement et à l’euphorie. Pas de doute, la formule a été bien pensée et appliquée avec rigueur.
Deux titres, deux hits. Des questions ?
« Break Stuff » ne change rien à la donne. Il est bien évident que ce morceau s’apprécie encore plus avec les images, dans lesquelles on retrouve beaucoup d’inconnus venus faire de la figuration, mais aussi – excusez du peu – Dr Dre, Eminem, Jonathan Davis et Pauly Shore en groupie fanatique. La fusion Hip-Hop/Metal est totale sur ce morceau, et atteint un équilibre parfait. Et comme le dira un critique d’Entertainment Weekly, « Significant Other n’est pas juste du Rock moderne, mais du Rock post moderne ». C’est vrai que les BIZKIT sont au-delà de tout. Et surtout, de cette image restrictive de sous KORN, stupide et fondée sur une amitié sincère. Fuck Off.
« Re-arranged » calme un peu le jeu, et permet de jolies boucles de basse que n’auraient pas reniées un Les Claypool en villégiature bucolique. La voix de Fred cajole, caresse dans le sens du poil. Avec ce titre, LIMP BIZKIT se permet une bien jolie pause, et surtout, offre une belle démonstration de son talent de caméléon.
« Nobody Like You » s’autorise de bien beaux featurings, avec en renfort, l’alter Ego Jonathan Davis, et Scott Weiland le nonchalant. Le genre de titre « famille » qui pose les bases.
Le single « N 2 Gether Now », c’est l’allégeance du passé de Durst et DJ Lethal. Avec en caution street credibility Method Man, rappeur respecté et respectable au micro, et DJ Premier à la composition. Le repos du guerrier ? Pas vraiment… Mais il convient de saluer l’authenticité d’un groupe qui ne renie pas ses racines. Et qui du coup, envoie valser d’un revers de jogging toutes les attaques virulentes devenues infondées. Oui, LIMP à une forte emprunte Hip-Hop, et alors ? C’est le même genre d’attaque sectaire que le public Folk « intègre » avait formulé à l’encontre de Bon DYLAN pour critiquer son virage Rock. Aller contre sa nature et ses envies ? Mais pourquoi faire ?
« No Sex », c’est Aaron Lewis de STAIND qui vient prêter main forte sur un titre fort. Encore une collaboration ad hoc, et en aucun cas faussement publicitaire et volontairement commerciale.

Significant Other permit à LIMP BIZKIT de franchir une étape supplémentaire. Niveau crédibilité d’abord, avec une quasi-unanimité des critiques pour saluer le gigantesque pas en avant du groupe, et son apport au niveau créativité. Niveau commercial bien sur, avec plus d’un million de copies US en deux semaines. Pas mal.
Devenus les nouvelles idoles de la post génération X, LIMP BIZKIT va incarner avec cet album le symbole d’un public décomplexé, sans étiquette, aussi avide de fluide Rap que de rugosité Metal. Et si le groupe ne manquera pas de défrayer la chronique (en posant pour SPIN, ils s’attireront les foudres de Marilyn Manson et Trent Reznor), ils assumeront leur attitude jusqu’au bout, et lors de leur prestation au Woodstock 1999 (quelle sombre crétin à pu avoir l’idée débile de ressusciter ce festival qui n’avait d’autre raison d’être que d’incarner un moment unique ?) qui déchaînera la foule au point de causer plusieurs accidents, dont des viols (on est bien loin de l’esprit originel…), Fred Durst fera timidement amende honorable en déclarant ne pas être responsable, et en blâmant les organisateurs, les accusant notamment de les avoir fait jouer en dépit d’une réputation live sulfureuse. Et comme dira ce bon vieux Claypool, « Fred Durst fait du Durst. Mais c’est un brave type ».

Il n’empêche que Significant Other, aux côtés de Follow The Leader de KORN, restera l’album le plus représentatif de cette nouvelle école de la fusion, crédible, solide, et à la furie contagieuse de bout en bout.
Le groupe réitèrera presque cette performance avec Chocolate Starfish, avant de se perdre en route. Mais ils auront laissé une trace indélébile de leur passage, en nous offrant un album aussi essentiel qu’avaient pu l’être des œuvres comme Rage Against The Machine, Stacked Up de SENSER, ou Mental Floss For The Globe d’URBAN DANCE SQUAD.
Faire tomber les barrières oui, mais en proposant un paysage plus vaste, et une plus grande liberté.



Ajouté :  Lundi 02 Avril 2012
Chroniqueur :  Mortne2001
Score :
Lien en relation:  Limp Bizkit Website
Hits: 10872
  
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