La mode est au rafraîchissement, alors allons y… Après DESTRUCTION et son Thrash Anthems, SODOM et son relooking de In The Sign Of Evil, l’école allemande revient à la charge avec un de ses représentants les plus atypique, HOLY MOSES.
Précisons d’emblée une ou deux choses. Trente ans de carrière, c’est vrai. Si l’on compte les démos. Car entre 1980 et 1986, le groupe en a quand même aligné pas moins de huit. C’est beaucoup plus que la plupart de ses contemporains, qui après quelques brouillons ont fini par enregistrer dans des conditions plus « officielles ». Cela ne veut sans doute rien dire, mais c’est quand même un détail qui a son importance. Ensuite, soyons franc. Si HOLY MOSES n’avait pas été vocalement mené par une femme, je ne sais pas si un label se serait intéressé à eux. Ok, les riffs du frangin Classen étaient plutôt sympathiques, et la rythmique compacte, mais rien de bien révolutionnaire.
Là, je joue un peu l’avocat du diable… Mais cette mode de réenregistrer d’anciens morceaux sous prétexte de rester sous les feux de l’actualité commence à me gonfler. D’autant plus qu’un Best-Of du combo est déjà disponible depuis les années 90, avec l’essentiel de son répertoire. Vous me direz que depuis, il y a eu de nouveaux LPs. Certes. Mais sont-ils pour autant aussi indispensables que ceux parus entre 86 et 94 ? Pas si sur…
Ensuite, pour passer pour un être odieusement tatillon, l’accroche publicitaire de l’album reste discutable. Réenregistrer vingt morceaux « importants » de la carrière du groupe…Importants pour qui ? Pour les fans ? Ok, alors je vais être très égoïste. Où sont passés les fulgurants « Current Of Death », « Military Service », et « Roadcrew » ? Pas importants ? Ah, OK.

Je m’incline.

Alors allons y. Le pire, c’est que je suis sur qu’en lisant mon laïus d’introduction, vous allez être persuadés que je n’aime pas HOLY MOSES.
Perdu.
A l’époque, j’étais fan de Finished With The Dogs, et fin mordu de The New Machine of Liechtenstein. J’ai aussi beaucoup aimé World Chaos, Terminal Terror, plus anecdotiques, et même appréciés certains albums post reformation.

Voilà.

Je vais maintenant parler en toute objectivité de ce double CD.
Première constatation, si l’on en croit la démarche du groupe, The New Machine… est ce qu’ils ont fait de plus accompli. Pas moins de cinq titres repris sur neuf, c’est quasiment de l’intégral. Je ne m’en plaindrais pas, car c’est de loin mon favori. Le problème, c’est que les morceaux en question n’ont plus tout à fait la couleur qu’ils avaient en 1989. Avec des guitares accordées deux tons en dessous, et une Sabina qui ne module plus du tout sa voix, l’uniformité pointe le bout de son nez et enlève pas mal de saveur à ce LP unique. La même critique pourrait être formulée à l’égard de toutes les nouvelles interprétations de titres parus avant la reformation.
A tel point que ce double album donne l’impression d’en être un nouveau sans en être un.
Les deux inédits, puisqu’ils sont quand même là en guise de « cadeau », sont honnêtes, sans plus. « Borderland » est bien rapide, avec un refrain Heavy, et pourrait avoir été composé il y a vingt ans. Cependant, le bon riff saccadé à la SLAYER est vite gâché par le chant de Sabina, désespérément plat.
« Entering The Now » serait sympathique, s’il n’était une resucée de « Near Dark » mélangé à « Defcon II ». Alors autant écouter les originaux…

Si vous avez découvert les HOLY MOSES avec Master Of Disaster ou un des albums suivants, et que vous apprécié leur musique, il y a quand même de grandes chances qu’il en soit de même avec In The Power Of Now. Car toute cette affaire reste dans le domaine du Thrash bien fait, grave, contemporain avec cette petite touche 80’s pas désagréable.
Mais si comme moi, Finished With The Dogs vous avait séduit par sa fraîcheur, que vous avez adoré The New Machine of Liechtenstein pour son côté techno bancal le cul entre deux chaises, et que vous avez vu et rencontrée Sabina au festival de Lourdes, vous regretterez je pense l’époque bénie ou miss Classen se raclait la gorge avec furie, un peu à la manière de Dawn Crosby.
Pour les autres, jetez une oreille sur 30th Anniversary: In The Power Of Now. Il y a quand même matière à s’enthousiasmer.
Ne serait ce que par respect pour la carrière particulière et méritante de cette musicienne qui aura rythmé de ses cris rauques nos nuits de jeunes thrasheurs.