Heureux, qui comme Ulysse fit un long voyage…c’est à une véritable odyssée que vous invite WHISPERING TALES. L’accès à cet univers se fera par l’e-book, disponible sur le webside band, clé pour accéder à l’album Echoes Of Perversion, travail indissociable à découvrir. S’en priver reviendrait à dîner au restaurant sans consulter la carte. Il faut sublimer la substance et éveiller nos sens.
Nous partons à la conquête des « anneaux de vie », frontières levées dans le temps et l’espace, du 17éme siècle à nos jours, de l’Islande à Paris, en passant par Istanbul. Steph, tel un apprenti sorcier entreprend son compagnonnage, avec son bâton de pèlerin, pour parfaire sa réalisation, en quête de savoir-faire, et satisfaire notre curiosité par la lecture et la composition d’une musique. Composition qui se pose comme une bande sonore sur un long métrage et qui ne demande qu’à éclore. Nous avons ainsi l’illustration des travaux initiatiques de l’univers propre à WHISPERING TALES.
Plongé dans la lecture, je retrouve l’ombre de Joseph Fourier qui plane sur les péripéties contées, esprit du mathématicien, égyptologue, du 18éme siècle apte à déchiffrer la formule magique du récit, entre formule trigonométrique, et équation avec la chaleur obscure, rayonnement du corps noir. Un disque solaire ailé entouré de deux cobras illustre sa tombe au Père Lachaise, à quelques pas de la pierre tombale de Jim Morrison, lizard king, le poète maudit. La boucle est bouclée, c’est comme ça le Metal.
Vous constaterez que les ingrédients sont réunis pour que ce cocktail enivre l’aficionado de Metal épique, symphonique qui sommeille en nous et qui ne demande qu’à sortir de sa léthargie.
Il vous faudra plusieurs écoutes de l’album pour vous sustenter de la moelle contenue dans les 9 morceaux qui vous seront servis. WHISPERING TALES ne fait pas dans le fast-food. WHISPERING TALES s’épanouit dans la cuisine allégée par le chant de Lucie plutôt sucrée que salée. Voix pleine de réminiscences, celles de Charlotte Wessels (DELAIN), de Lori Lewis (THERION), et de Simone Simons (EPICA). Lucie a plusieurs cordes vocales à son arc, Cupidon, porté par la musique planante, est prêt à vous décocher une flèche.
Echoes Of Perversion est un concept album. Les 9 titres sont reliés par un interlude musical, ceux qui ont suivi RHAPSODY, et leur Symphony Of Enchanted Lands apprécieront ce formatage, et nous ne serions qu’à moitié surpris d’entendre la voix de Christopher Lee pendant les interludes…mais là, les influences sont plutôt à rechercher dans un cocktail teinté de NIGHTWISH, WITHIN TEMPTATION, EPICA,…
Au cours des écoutes, après une première impression d’uniformité des compositions, le voile se lève et je suis souvent revenu sur le tiercé « Anesdora », « Scent Of Darkness » « Until The Dusk », pour moi, le cœur de cet album thématique avec des morceaux bien structurés.
Le tout témoigne d’un travail de composition bien soigné de la part de Steph et Rémi. La partie chant est enrichie par l’invité Chaos Heidi d’ASYLIUM PYRE, mêlant ses growls au chant clair, déjà perçus sur le titre « The Fall ». Une incursion qui confirme une parenté avec EPICA.
On peut regretter qu’au niveau production, mixage, les guitares de Rémi et Jérémie soient un poil en retrait.
L’auditeur est hypnotisé par la gente féminine, Lucie avec sa voix qui participe à notre lévitation, et Stephy qui nous gratifie des nappes sonores de son clavier.
Bruno, à la batterie, ne peut nier l’influence de Jukka de NIGHWISH, avec un jeu qui se veut énergique.
Une mention particulière à Steph, à la basse, autodidacte, qui donne toute sa dimension à WHISPERING TALES en créant tout un univers, par le texte, la musique. Il conviendra d’être curieux de son projet parallèle avec DREAMSFORGE, vous serez tenu au courant…
On ne peut pas reprocher au combo de manquer d’originalité, d’autant plus que le professionnalisme est là, de bons augures tout ça.
Aujourd’hui, tout va trop vite, on ne prend plus le temps au temps, mais là je vous demande de vous poser un peu, ne passez pas à côté d’ « Echoes Of Perversion »… et vous en redemanderez. Moi, je vous dis que Lucie n’est pas prés de se remettre au tricot.