EASE OF DISGUST (ru) - Chaos (2010)
Label : FONO Ltd.
Sortie du Scud : 22 octobre 2010
Pays : Russie
Genre : Deathcore
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 40 Mins
Ce qui est bien avec le Deathcore russe, c’est que même s’il est mauvais, on peut s’y opposer sans craindre un destin tragique à la Anna Politkovskaïa. En matière de musique, personne n’a vraiment le don de faire taire l’opposition. Alors je vous propose de parler vraiment librement d’EASE OF DISGUST, même si je vous avoue que j’observerais avec attention l’aspect physique de mon dessert du soir, le cyanure étant parfaitement assimilable à du sucre glace. Après une démo, un EP et tout le tintouin possible et imaginable qui découle de la formation d’un énième groupe de Deathcore désireux de faire son trou, les russes ont livré en octobre 2010 leur premier effort, Chaos. C’est en fait le bouche à oreille qui a balayé ce conglomérat puant sous les paillassons français, et plus précisément sous le mien. Analyse.
La première chose à savoir est que cet album a vraiment du mal à décoller. Il s’adresse en bafouillant à une frange pas très bien ciblée, qui chercherait une alternative vaguement crédible à SUICIDE SILENCE ou un ersatz de CARNIFEX version chapka. Dès « Abyss Revelations », EASE OF DISGUST propose un Death Metal rocailleux, teinté d’un riffing mi-mélodique, mi-raisin. Technique assez pauvre, ode maladroite à un courant en perte de vitesse, ce titre, en dépit d’une montée de guitare qui se voulait épique, ne convainc pas. Pas plus que le reste d’ailleurs qui se base constamment sur des choses déjà entendues ailleurs. Quelques motifs orientaux, des breakdowns certes épidermiques, un contraste vocal ultra-convenu entre comme toujours, screams et growls, c’est assez étonnant d’entendre un groupe tomber aussi facilement dans le panneau. En général, ce n’est pas faute d’avertir les formations que ce style déjà pas très populaire auprès de la sacro-sainte élite nécessite un minimum de travail pour obtenir quelques misérables faveurs. Là, EASE OF DISGUST se plante en voulant faire passer la densité d’un Metal qui navigue entre modernité et puissance avant la sincérité propre aux références du genre. Ce n’est pas tout d’avoir envie de faire du gros son. Encore faut-il avoir une qualité d’exécution irréprochable, à défaut d’avoir des idées novatrices. Cet album déroule, sans génie. Le break chaotique de « Constructed » ? Pas une nouveauté. L’hyper-brutalité d’« Illuminate » ? Tout sauf une surprise. Le mid-tempo « Kaos » doublé d’une petite mélodie centrale à la guitare, ça c’est pas mal. C’est d’autant plus amusant de réaliser que sur quelques détails, l’avis qu’on se fait d’un groupe n’est peut-être pas aussi définitif. Cela n’enlève rien à la médiocrité de ce full-lenght, mais il convient de souligner qu’EASE OF DISGUST s’est aussi montré capable sur quelques coups. Je prends pour dernier exemple l’instrumentale « Between Nowhere And Never Pt. II » qui a la bonne idée de laisser de la place à une guitare sèche. Dommage que ce soit lors de leurs humeurs les moins bûcheronnes que les russes sont les plus efficaces.
Dommage sur bien d’autres sujets d’ailleurs. Chaos ne laissera à personne le souvenir d’un disque inoxydable. Ni l’exotisme du projet, ni sa construction fade, ni sa violence nappée de suffisance ne sauront vous faire préférer EASE OF DISGUST à n’importe quel autre combo du genre. C’est idiot mais c’est comme ça. Quand on a une migraine, on est davantage rassuré en prenant un Doliprane que son équivalent générique. Sur ce, j’aurais presque envie d’aller réécouter un peu de MOLOTOV SOLUTION pour faire un rapide comparatif…
Ajouté : Mardi 21 Février 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Ease Of Disgust Website Hits: 9288
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