ABIGAIL WILLIAMS (usa) - Becoming (2012)
Label : Candlelight Records
Sortie du Scud : 24 janvier 2012
Pays : Etats-Unis
Genre : Black Metal mélodique
Type : Album
Playtime : 6 Titres - 55 Mins
ABIGAIL WILLIAMS fait partie de ces groupes dont on n’attend plus rien. Cette réflexion est d’une tristesse infinie au vu et au su d’un plan de carrière qui comprend quelques twists surprenants. De la part d’une formation ayant débuté avec un Blackened Deathcore contemporain pour finalement en arriver à un Black sympho déviant sur un Black mélo légèrement obsolète, on est en droit d’être constamment dans l’expectative. Mieux encore, ce type de rebondissement, unique en son genre, devrait nous suspendre à leurs lèvres et nous donner envie de boire leur musique. Seulement voilà, ça fait bien longtemps que Ken Sorceron et les siens ont perdu toute crédibilité. La faute, non pas à un changement stylistique qui semblait pour beaucoup prendre le chemin de la raison, mais plutôt à l’absence intégrale de conviction qui décore un peu plus à chaque album le cénotaphe dans lequel ne reposent pas leurs excellents engagements. Becoming est sorti dans l’indifférence générale et mourra dans l’indifférence générale.
C’était illusoire de penser que les américains allaient s’en sortir par une pirouette. Mais au point où l’on en est, c’aurait certainement été une meilleure solution. Sans la moindre once de renouvellement, sans la moindre goutte de sang frais, ABIGAIL WILLIAMS s’engouffre dans les carcans les plus restrictifs de son dernier album, In The Absence Of Light. Au lieu d’essayer, même péniblement, de gommer ses défauts, les américains réussissent l’exploit de les accentuer pour en faire une caricature qui est à deux doigts de mériter la censure. Je trouve ce que j’ai écouté totalement incroyable. Ce Becoming est composé de six morceaux de viande maigre qui feraient chanter le « J’ai bien mangé, j’ai bien bu » de Patrick Topaloff à une horde de somaliens. C’est dire si substantiellement, il y a un hic. Non, je fais dans la forfanterie mais il convient d’être sérieux, car cet album soulève un problème très intéressant dans le fond. Quid de continuer ad vitam aeternam si la recette précédemment testée n’a eu aucune prise ? Quel intérêt de commercialiser une musique qui a toutes les peines du monde pour masquer sa décrépitude ? En vérité, ABIGAIL WILLIAMS n’a peut-être tout simplement pas la fibre pour exceller dans leurs choix artistiques. Venant d’une formation qui envisageait une carrière dans le Deathcore, on peut se poser la question de la pertinence (pour ne pas dire légitimité) de son Black Metal. Garni de compositions très inégales, découpées entre deux minutes trente pour la plus courte et dix-sept pour la plus longue, cet opus est vide d’ambiances, vide de style, vide d’âme. Les quelques claviers qui émoustillaient encore l’oreille se sont volatilisés, idem pour l’atmosphère relativement malsaine que renfermait le précédent effort. Amoncellement difforme de riffs en carton qui rament pour atteindre un semblant de musicalité, superposé de blasts inoffensifs (« Infinite Fields Of Mind ») mais surtout, d’une voix écorchée dont l’incessante réverbération pique les tympans, Becoming n’est pas mauvais. Il est fade, incroyablement fade. Alors on pourra toujours parler de ces quelques violons qui œuvrent avec finesse sur « Beyond The Veil », rendant cette création parmi les plus « originales » de la galette. Mais pour une bonne dose de frissons, mieux vaut se tourner vers quelque chose de moins Metal mais autrement plus hypnotique, comme le « Tren Ofiarom Hiroszimy » par exemple. Je dis ça, je dis rien…
A des distances pharaoniques de l’idée qu’on se fait du Black Metal joué par un groupe qui possède quand même une certaine réputation, Becoming est un aveu d’impuissance assez tragique pour ABIGAIL WILLIAMS qui vient probablement de battre quelques records. J’aimerais tant ne plus jamais entendre parler d’eux. Car à chaque fois depuis maintenant trois opus, ce blaze est synonyme de débâcle, de médiocrité, d’inconstance. Non, définitivement, je leur souhaite de tout cœur de s’illustrer différemment que par des sorties miséreuses.
Ajouté : Lundi 20 Février 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Abigail Williams Website Hits: 11018
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