INHEPSIE (FRA) - Obédience (2012)
Label : Brennus Music
Sortie du Scud : 14 janvier 2012
Pays : France
Genre : Metal mélancolique à chanteuse
Type : Album
Playtime : 9 Titres - 47 Mins
Quand un artiste se retrouve sur le label français Brennus, il y a en général de fortes chances pour qu’il provienne de notre pays bien-aimé et qu’il s’exprime en plus dans la langue de Jean-Baptiste Poquelin. Mais tout le monde ne s’appelle pas ADX ou DEMON TOOL. Car le cas INHEPSIE se veut bien à part. Ce groupe singulier compte déjà deux albums à son actif, Oracle (2003) et Orbe (2008). Pour ceux qui ne connaissent que très peu le parcours de Cathy Bontant (voix, claviers et synthés) et de Jean Suire (guitares), il est bon de rappeler qu’INHEPSIE représente à la base un projet parallèle au groupe initial AD VITAM AETERNAM. Ce combo a eu l’occasion, par le passé, d’ouvrir pour THE OLD DEAD TREE et même EPICA (à la Locomotive) et a accouché d’un album de Metal gothique fort prometteur en 2004, intitulé Abstract Senses.
Forcément, le duo de compositeurs qui sévissait au sein d’AD VITAM AETERNAM remet ici le couvert avec la même identité, toujours aussi forte et toujours plus mélancolique. Certes, toutes les musiques et tous les textes sont signés Cathy Bontant, mais la griffe du couple reste largement identifiable (Jean aurait pris en charge tous les arrangements). Ceux qui ont découvert à l’époque Abstract Senses retrouveront avec un grand bonheur ces mélodies au piano touchantes, travaillées, parfois appuyées et quelques fois plus discrètes.
Et pour revenir au chant en Français, ce qui pouvait passer pour un obstacle au départ se transforme en réalité en arme absolue. Car le poids des mots chez INHEPSIE joue un rôle plus que primordial. Le style d’écriture peut trahir une certaine naïveté (« Arkana »), mais dans l’ensemble, il donne à Obédience ce côté tragique, évoquant tour à tour le désespoir, la peur de la mort, l’horreur de la guerre, la bêtise et la cruauté des Hommes. Pas la peine de chercher un quelconque message optimiste, la ligne directrice d’INHEPSIE enfonce le clou là où ça fait mal, mais plutôt que de faire plonger chacun de nous dans un sombre état dépressif, Obédience parvient à nous toucher au plus profond de notre âme. Car quelque part, la noirceur du monde ici décrit dégage un charme aussi séduisant que fataliste.
Dans les textes (y compris dans le choix des mots) et dans l’approche musicale, il se peut qu’Obedience évoque à certains ce qu’a pu produire (sur Désenchantée, ou Innamoramento) une célèbre chanteuse française rouquine aussi mystique que provocatrice, au moment de sa carrière la plus Rock. A ce titre, et au-delà de toute connotation purement commerciale, un morceau comme « Savoir Pourquoi » a tout du hit single en puissance : une mélodie marquante, un piano qui mène la danse, un pont efficace et Heavy sous forme de déclaration désespérée (« j’aimerais te sourire et pouvoir te guérir », « j’aimerais te chérir et pouvoir te retenir »), vraiment voilà une belle réussite.
Pour autant, INHEPSIE ne donne pas dans la musique Pop facile. Difficile d’échapper au Metal quand on entend les premières rythmiques de Jean Suire, Nicolas Leceux (basse) et Dany Ladrat (batterie) sur le titre d’ouverture « Dernier Soupir ». Les changements de rythme sont nombreux et apportent à chaque titre un nouvel élan (« Clair de Lune », « Les Anges » et ce fameux passage où ça décolle, tout simplement génial).
Jean Suire le dit lui-même, « dans INHEPSIE, je ne fais qu’accompagner le piano de Cathy », déclaration très humble et ô combien trompeuse. Tout au long d’Obédience, l’assise procurée par le trio Suire / Leceux / Ladrat permet à Cathy de s’exprimer pleinement. La jeune femme double elle-même sa propre voix, et si elle évolue par instants à la frontière de la justesse, l’effet obtenu se veut saisissant (écoutez « Obédience » pour voir). Seule l’abondance de voix sur « Grimoire » peut finir par rebuter, mais c’est bien là la seule faute de goût en termes d’arrangements vocaux. Car à l’inverse, on touche au sublime sur « Les Anges » (oui oui, encore).
Pour le reste, on regrettera simplement que la fin de l’album véhicule un peu moins d’énergie, passant du planant « Innocence » aux modérés « Obédience » et « Il Est Temps ». Le fait est qu’en trois albums, et même quatre si l’on compte Abstract Senses avec AD VITAM AETERNAM, Cathy Bontant affiche des talents de compositeur haut de gamme, sans omettre le rôle essentiel tenu par Jean Suire. Voilà des artistes qu’il faut continuer à suivre de très près. Et de grâce, sortez-nous AD VITAM AETERNAM de ce sommeil prolongé…
Ajouté : Lundi 20 Février 2012 Chroniqueur : NicoTheSpur Score : Lien en relation: Inhepsie Website Hits: 10444
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