MOTW (FRA/tn) - The Evil Twin (2012)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 2011
Pays : France / Tunisie
Genre : Heavy Metal progressif
Type : Album
Playtime : 22 Titres - 111 Mins
MOTW alias MARK OF THE WOLVES est un groupe né des amours tumultueuses entre une bande geeks amateurs de bourre-pifs pixellisés et un gros joystick noir à 4 boutons. Voilà de quoi lui assurer un fort capital-sympathie auprès de votre serviteur, et donner à ce dernier l'envie d'en découdre lors d'un duel en 2 rounds, un par album. Car le groupe franco-tunisien semble décidé à frapper fort dès son premier combat en nous assénant d'emblée un double concept-album, exercice ô combien périlleux, auquel même les plus grands ne se risquent plus guère. Courageux certes, mais n'importe quel vieux maître en arts martiaux vous le dira: le courage seul ne suffit pas à faire un grand guerrier. Alors, MOTW s'est-il donné les moyens de ses ambitions? Fight!
Round one : Black Life
Il est question dans ce premier album, non pas de jeux vidéo mais des mésaventures d'un orphelin de guerre doté de pouvoirs surnaturels. Musicalement, c'est du Heavy Metal relativement classique à forte connotation prog'. Sur des rythmiques nerveuses, guitare solo et synthé se répondent lors de duels plutôt spectaculaires, notamment sur "kerozen" et "Khalimastra 5". Ca peut sembler daté, certains diront même ringard, mais c'est agréable à l'oreille. Le problème, car problème il y a, vient plutôt du chant : la voix très douce, presque androgyne, de Mr K manque singulièrement de hargne pour un album de Heavy. Sa tessiture parait limitée et son accent anglais laisse à désirer. A sa décharge, on précisera qu'il n'est vraiment pas aidé par une production trop lisse, abusant de la réverbération sur la voix et incapable de donner suffisamment d'épaisseur aux instruments (guitare rythmique en particulier). Les compos y perdent beaucoup de leur punch et cela crée une distance excessive entre l'auditeur et les musiciens. C'est d'autant plus dommage qu'on sent un réel potentiel, trop rarement exploité, en particulier sur "GBU 43B" un instrumental plus lourd et puissant que le reste de l'album.
Round two : White Death
Après cette première partie manquant de mordant, on pourrait craindre le pire quant au deuxième album annoncé comme plus symphonique. Effectivement, il fait la part belle aux synthés, désormais utilisés comme de vrais claviers et non comme une seconde guitare solo. Déjà bien étouffées par la production, les guitares se font encore plus discrètes. Les compos s'étirent davantage en longueur, jouant davantage la carte progressive pour nous proposer des visions hallucinatoires de la vie après la mort. Contre toute attente, ce White Death s'avère un peu plus abouti que son jumeau. Oh, bien sûr on n'échappe pas à quelques orchestrations clinquantes semblant tirées d'un téléfilm de SF vieux de 20 ans ni à une certaine grandiloquence indissociable du genre. Mais globalement, le ton plus posé de ce deuxième album sied mieux au groupe. Les défauts évoqués plus haut s'y font moins sentir, malgré quelques faux pas regrettables comme le final parlé (ou rappé?) de "The Tool" qui ruine un morceau par ailleurs réussi.
Game Over. Continue?
2 heures de musique plus tard, le constat, prévisible, s'impose : MOTW a voulu aller trop loin trop tôt. Le double album conceptuel est un exercice trop ambitieux pour un jeune groupe inexpérimenté. Il semble évident que le combo n'a pas pu consacrer autant de temps à la finition de ces 22 titres qu'il l'aurait fait avec les 5 ou 6 morceaux d'un EP. Le sens mélodique est bien là, ainsi que la volonté de proposer une oeuvre consistante au public; mais un effort de concision, de production et un gros travail sur le chant restent à faire. Tu n'es pas encore prêt, petit scarabée. Mais continue à t'entraîner, ça va venir!
Ajouté : Lundi 20 Février 2012 Chroniqueur : Cyco_Nico Score : Lien en relation: MOTW Website Hits: 11204
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