WITHIN THE RUINS (usa) - Invade (2010)
Label : Victory Records
Sortie du Scud : 31 aout 2010
Pays : Etats-Unis
Genre : Deathcore technique
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 41 Mins
Fusajiro Yamauchi doit bien se marrer. Le père nourricier de la multinationale Nintendo n’avait rien demandé à personne, et voilà que des groupes de Metal utilisent sa marque pour en faire un courant musical. Je doute qu’il apprécie réellement l’hommage. Si je vous raconte tout ça, c’est parce que WITHIN THE RUINS ne joue pas dans ce registre, mais s’en rapproche terriblement, dans l’approche éminemment technique de mélodies directement issues d’une console de jeux 8-bits. Il faudra écouter cet Invade avec beaucoup d’attention et à maintes reprises, même si ça peut sembler difficile, avant que la frontière entre le Nintendocore et le Deathcore technique ne soit clairement définie. Tout ça est au final une simple histoire d’étiquettes, qui n’a pas grande importance. Ce qui compte, c’est le contenu de ce deuxième album des américains, qui se sont illustrés dans le passé par la laideur de leurs pochettes. Si celle d’Invade n’est pas du meilleur goût, elle tranche néanmoins avec l’horreur ultime représentée sur Creature. Ça vaut le coup d’œil.
Et cet opus, lui, vaut le coup d’oreille. Comme je vous le disais un peu plus haut, la technicité exubérante est de mise. D’ailleurs, j’ai rarement entendu un Deathcore aussi spasmodique. La guitare lead a constamment la gueule ouverte. Si encore elle dégageait un semblant de virtuosité, il n’y aurait pas de quoi râler. Mais la complexité affolante et inutile de certaines parties (voire certaines compositions !) n’a pas d’autre but que de faire étalage d’un savoir-faire tape-à-l’œil. WITHIN THE RUINS a tellement d’atouts dans sa besace, qu’il leur fallait obligatoirement mettre les deux pieds dans le plat. Le public n’en a que faire des riffs plastifiés et de la petite musique de geek écrite avec des 0 et des 1. Il veut du fond, du coffre, de l’émotion. Les ricains laissent ça au placard, préférant se concentrer sur la polyrythmie de leur petite branlette collective, en oubliant je pense l’essentiel. Alors oui, Joe et Jay sont d’excellents praticiens, et je serais heureux de savoir faire le centième de ce qu’ils font. Mais je n’envie aucunement les émotions synthétiques véhiculées ici, préférant me rabattre sur THE CONTORTIONIST pour ça. C’était la partie coup de gueule. En ce qui concerne le verre à moitié plein, il faut avoir la franchise de leur reconnaître un don pour la musique. La facette un peu binoclarde mise de côté, Invade surclasse Creature. La production gonflée à bloc aide beaucoup, mais pas que ! On remarque une harmonisation générale des guitares, qui sont plus dans le dialogue musclé que dans le monologue passif. Et même si ça énerve parfois, la maitrise est omniprésente et s’applique à chaque membre du groupe. La prestation de Tim Goergen (chant) passe un peu au second plan, du fait de rythmiques syncopées qui occupent tout l’espace. La section breakdowns est également aux abonnés absents, mais qui s’en plaindra ? Les quelques essais, notamment sur « Oath » ou l’éponyme, sont immédiatement brisés par les sursauts d’une lead intenable. Enfin, WITHIN THE RUINS propose aussi des compositions qui sonnent comme du bon Deathcore technique, rentre-dedans et qui renie enfin sa nature fantaisiste et excentrique. Je pense à l’opulente « Red Flagged », qui ressemble à un pourceau bien en chair ou à « Ataxia », une instrumentale qui malgré son coté volubile volontairement agaçant, décrochera un sourire à plus d’un avec ses arpèges et trémolos labélisés Game Boy facétieux et entrainants.
Cet album à l’outrecuidance rare n’est pas le mauvais bougre que j’aimerais qu’il soit. Même si beaucoup de mélodies finissent par taper sur le système (binaire), il faut bien reconnaître que le Invade impétueux et folklorique de WITHIN THE RUINS vaut cent fois le Contagion velouté et fayot d’OCEANO. En plus, les américains n’ont de cesse de progresser depuis l’EP Empires alors il y a fort à parier que le temps saura leur donner le dernier truc qui leur manque, la sagesse.
Ajouté : Vendredi 17 Février 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Within The Ruins Website Hits: 9362
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