EMAROSA (usa) - Relativity (2008)
Label : Rise Records
Sortie du Scud : 8 juillet 2008
Pays : Etats-Unis
Genre : Modern Hardcore alternatif
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 43 Mins
Non, je ne suis pas fatigué de me taper les groupes à problèmes. Non, je ne suis pas fatigué d’endosser le costume ingrat et trop large d’avocat du diable. Et oui, contre vents et marées, je maintiendrais certaines positions. Parmi celles-là, il y a le cas EMAROSA. Ce nom qui résonne pour beaucoup comme le symbole de la facette « strass et paillettes » d’une frange de la scène américaine, ce nom qu’on connaît de près ou de loin et qu’on salit parfois sans même l’avoir entendu à l’œuvre, ce nom mérite au moins qu’on lui détaille les reproches qu’on lui fait. Aujourd’hui, j’en ferais quelques uns aussi. Mais avec un disque aussi abouti que Relativity entre les mains, est-il vraiment opportun de vouloir tuer l’idée dans l’œuf ? Non, en réalité ce premier album est réussi, car il affirme déjà la forte personnalité de nos américains qui n’auront de cesse d’affiner un style très épuré à la base au cours de ces quarante-cinq petites minutes.
Et tout débute par une bombe ; « The Past Should Stay Dead » sur laquelle on fait connaissance avec Jonny Craig. Le nom ne vous dit rien, mais il faudra vous habituer à cette voix si particulière qui fait immédiatement opérer un certain charme. A mi-chemin entre un chant clair éraillé et des parties plus vocales, pour ne pas dire chantées, sa prestation procure un relief absolument fascinant à un opus qui ne s’illustre pas vraiment sur la partie instrumentale. En parlant de ça, il vous faut savoir que le registre musical ici est axé sur un Hardcore moderne, décomplexé, innovant et limite « popisé ». On lui attribue volontiers le préfixe « Post- », précision stylistique qui me fait tiquer car on reste globalement loin de l’apocalypse et du chaos défini par les gros noms du genre, comme UNSANE, CULT OF LUNA ou les grands-pères de chez FUGAZI. Seule la recherche mélodique poussée, matérialisée par des guitares en transe et des tempos syncopés, peut rappeler le Post-Hardcore, tout en restant distant du jusqu’au-boutisme propre au genre et en affichant de curieuses affinités avec la Soul Music. De ce fait, EMAROSA a su développer un grain très particulier dans sa musique. Un grain de folie qui pousse sur les terres fertiles d’un Rock très artistique, presque cérébral. On prend vraiment beaucoup de plaisir à s’imprégner de ce feeling, de ces ambiances qui tombent parfois dans des interludes cosmiques ou des down-tempos relaxants (« What's A Clock Without The Batteries ? »). En ça, EMAROSA est un groupe créatif, qui ne rechigne pas à faire passer les atmosphères (et sans claviers !) au détriment des riffs en béton qui vous collent au mur. Pour ce qui est du reste, du fond de commerce, on peut parfois se demander si les américains n’en font pas trop, à l’image du featuring improbable entre Jonny Craig et sa maman, Jacqueline, sur « Even Bad Men Love Their Mothers ». Au-delà de l’intérêt artistique proche du néant, c’est surtout l’aspect larmoyant de cette collaboration qui dérange. Un accroc qui trouvera écho auprès d’une fin d’album un peu courte sur pattes, si l’on excepte l’excellente « A City Called Coma – Part II ». Aussi, la compagnie de Jonny n’est plus d’une grande attraction sur les dernières minutes, à moins d’écouter attentivement les choses très intéressantes qu’il a à nous dire.
Dans sa globalité, Relativity est une sortie attractive et réussie. La richesse et la rondeur de sa robe en font déjà un bon cru dans la discographie maigrelette d’EMAROSA. Et pour une galette qui réfute ouvertement toute appartenance à un univers puriste, lardé de traditions et de mœurs en tous genres, on peut considérer que le travail a été fait et bien fait. Les américains s’éclatent dans leur petit monde étriqué et dégagent des ondes positives, malgré la difficulté qu’éprouve le large public pour les percevoir.
Ajouté : Vendredi 17 Février 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Emarosa Website Hits: 9390
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