VAN HALEN (usa) - A Different Kind Of Truth (2012)
Label : Interscope Records
Sortie du Scud : 7 Février 2012
Pays : Etats-Unis
Genre : Hard Rock
Type : Album
Playtime : 13 Titres - 50 Mins
Il y a des come-back dont tout le monde se moque. Parce qu’à l’époque où le groupe était en activité, son influence et son importance étaient tout à fait anecdotiques, parce qu’ils puent le renflouage de compte en banque, parce qu’ils sont bancals, du genre un membre d’origine et trois ou quatre pièces rapportées. Et puis il y a les autres. Ceux qui comptent, vraiment.
Et sincèrement, quel vrai fan de Hard-Rock peut se permettre de snober le retour dans la (quasi) configuration de départ de VAN HALEN ? Hein ? Répondez-moi !
Personne.
Parce que VAN HALEN, c’est la base du Hard moderne. C’est l’alpha et l’Oméga du Métal US des années 80. Tout du moins de 1977 à 1984. Regardez-y de plus près. Un party-band efficace comme une centaine de tequilas paf descendues avec une pouf sur les genoux. Un guitariste révolutionnaire, au toucher incroyable, au talent de soliste incomparable et novateur (combien d’apprenti gratteux se sont pris la tête sur « Eruption », hein ?), mais sachant riffer dur. Une section basse batterie si unie qu’elle pouvait se permettre toutes les excentricités techniques tout en donnant l’impression de déconner, et un pur showman, sex-symbol, chevelure d’or, avec une voix identifiable entre mille.
Oui, avec ça, impossible de se planter. Et ça tombe bien, parce qu’ils ont rarement mis le genou à terre.
VAN HALEN, c’était l’esprit de fronde, le désir de ramener un peu de fun dans le Rock faisandé de la fin des 70’s. Et il fallait avoir les couilles de sortir un album comme Van Halen I en pleine déferlante d’épingles à nourrice. Le tout en trustant les premières places du Billboard. Chapeau.
De cette saillie initiale jusqu’à 1984, pas de faux pas (si l’on excepte le controversé Diver Down, pourtant fameux), et une série impressionnante de tubes et autres chevaux de bataille de concert. Une réputation de machine de guerre non usurpée, jusqu’à la mauvaise nouvelle du départ de Lee Roth vers d’autres cieux. Et même si au départ, cette cassure nous permit à nous les fans de pouvoir compter sur deux nouveaux groupes fantastiques (5150 avec Hagar et Eat ‘Em And Smile avec Vaï, c’était quand même une putain de bataille…), l’euphorie s’est vite transformée en déception, tant les sorties suivantes manquaient de ce piquant indispensable. Oh bien sur, nous eûmes droit à quelques perles (OU812, et F.U.C.K d’un côté, Skyscraper de l’autre), mais plus rien de jouissif, je veux dire, vraiment jouissif. Ca devenait trop pro, trop carré. Alors bien sur, les appels du pied pour une réunion semblaient venir toujours du même camp, et il est vrai que jusqu’à une certaine époque, seul Lee Roth paraissait gagnant dans cette affaire.
Mais après un Van Halen III de sinistre mémoire, avec Gary « Extreme » Cherone au chant (fallait pas les gars, fallait pas…), le hiatus sembla définitif, et les deux parties en sommeil permanent.
Et puis, voilà. A Different Kind Of Truth. Il fallait bien que ça arrive. Et puis ce come-back là est justifié au moins, et ne pue pas le rance à dix bornes. Non. Il sent…LA FETE !!!!
Oui, vous avez bien lu, la fête. Pas l’orgie de frères de confrérie de fac non, plutôt celle qui fait se retrouver d’anciens potes, après des années de séparation. On commence piano, et puis, les souvenirs aidant, ça finit en beuverie totale avec jam obligatoire.
Allons-y.
Quelques petites précisions d’abord. Michael Anthony n’est plus là. Il est remplacé à la basse par fiston Eddie, Wolfgang (on ne rigole pas, c’est pas pire que Zowie ou Moon Unit…), qui arrive presque à se glisser dans les santiags de son débonnaire prédécesseur. Deuxièmement, la plupart du matériel figurant sur A Different Kind Of Truth date des premières démos signées Van Halen/Roth, donc, 75, 76, 77. C’est donc un retour avec garde fou. Il fallait retrouver la furie des premières années, cette osmose incroyable, ces débordements salutaires. Alors autant y aller carrément et piocher dans l’inédit vintage. Et vous savez quoi ? C’est réussi ET ça sonne moderne. Putain, bravo les mecs.
Et pourtant, ça commençait plutôt mal. « Tattoo », le premier single, et aussi amorce de ce LP, sonnait comme une mise en jambe Glam de dernier tonneau. Evoquant plus les derniers efforts de Lee Roth en solo que Women And Children First, plus poussif et forcé qu’instinctif, c’était un bien mauvais départ. Mais passons.
Car avec « She’s The Woman », les choses sérieuses démarrent. Riff velu, basse en avant multipliant les allers et retours, et Dave en forme olympique. Sa présence sur 1984 n’aurait pas paru incongrue. Bien joué.
« You And Your Blues », c’est du faux peinard pour que Lee Roth retrouve ses envolées lyriques d’antan. Avec en écrin une mélodie parfaite, c’est un Hit Californien d’été qui fait craquer dès la première écoute. Parfait.
L’intro furieusement tapping de « China Town » annonce vite la couleur…C’est le genre de burner que seul VH sait composer, cette façon de speeder tout en restant léger, de donner envie de danser même à des tétraplégiques. Furieux, mais bon enfant. Rapide, mais concis. Ca frappe fort et juste, et ça rappelle autant « Hot For Teacher » que « Shyboy ». The best of both worlds. Et comme le disait très justement un journaliste, « Eddie joue comme on attend de lui qu’il joue lorsque Lee Roth est là ». Preuve en est faite. Alléluia.
Le démarrage en contretemps de « Blood And Fire » nous ramène au bon souvenir des parties acrobatiques d’Alex, et prouve une fois de plus quel batteur d’exception il est. Le parfum est pur VH 80’s, avec une touche de Dave en solo. Mais quel solo monstrueux et expansif…Eddie…Il n’y a bien que toi au final…
« Bullethead », dans la grande tradition, est Heavy, mais abordable. C’est une fois de plus un festival guitare/basse/voix, et un titre symptomatique de l’art si personnel du groupe. Sonner plus méchant que les autres, avec un sourire narquois en coin.
Et ça continue de plus belle avec l’atomique « As Is », qui ressemble à une mise au point, autant qu’à un condensé parfait de tout ce que VH sait faire de mieux. C’est l’héritage direct de I, cette folie douce, lorsque tous les membres du groupe donnaient leur maximum comme s’il fallait tout tenter sur un coup de poker. La guitare d’Eddie est tranchante, le chant expansif et débridé, et la rythmique affolante et volubile. Une tornade, le Tsunami de l’album, un coup de maître. Rien que pour ce morceau, achetez l’album. Par pitié !
« Honeybabysweetiedoll », ou le mid tempo énorme. Dave se lance dans un phrasé quasi Rap sur fond de riff grave et impénétrable. Mélange de talk-over et de refrain fédérateur, c’est un morceau à part, alambiqué, arythmique, et pourtant qui retombe sur ses pattes. Une très, très bonne surprise qui assoit la modernité et la viabilité du Van Halen 2012. Il fallait quand même proposer de l’inédit, et c’est fait.
« The Trouble With Never » est à ranger aux côtés de « You And Your Blues ». C’est nerveux mais cool, avec une fois de plus une juxtaposition couplets déjantés/refrain à l’unisson. La classe. Avec en sus, et gratos, un pont décalé, où la voix de Dave se fait autant sexy que menaçante.
La farandole continue sur « Outer Space », son rythme échevelé, et la basse de Wolfgang qui sonne comme celle d’un Michael des grands jours. Dixième titre, et toujours pas de temps mort, ni de faute de goût. C’est miraculeux.
« Stay Frosty » permet à Eddie et David de ressortir leurs salopettes de bouseux Country pour notre plus grand plaisir. Rempli d’accords bastringue et de chant redneck, la première partie du morceau n’annonce en rien le boogie teigneux du reste du titre. Dualité excentrique et formidable, c’est ZZ TOP meets STATUS QUO, le tout après une bonne rasade de whisky de contrebande. On arrive même à sentir la paille nous chatouiller les guiboles !
Si « Big River » reste plus classique, il n’en est pas moins une occasion supplémentaire pour Eddie de nous resservir des plans incroyables. Sa guitare claque, couine, résonne d’un écho fantastique, et nous ramène au bon vieux temps de l’orée des 80’s, où son influence se faisait sentir aux quatre coins du monde. Même constat pour le final « Beats Workin’ » durant lequel Dave se décide à renvoyer toute concurrence jouer au foot le dimanche.
Et voilà. Cinquante petites minutes (le timing le plus long du VH version Lee Roth) et c’est fini. Mon Dieu, quel claque…Qui aurait pu prévoir une telle débauche d’énergie, une telle déferlante d’envie étalée au grand jour avec l’évidence des musiciens ayant préparé leur coup en douce ? Pas grand monde j’en suis sur…Car VAN HALEN a retrouvé l’envie de jouer, l’envie de nous en mettre plein la face avec une facilité déconcertante. Et A Different Kind Of Truth en est la preuve évidente. C’est un album qui sonne roots, mais actuel. Avec une production magistrale qui n’en fait pas trop et n’uniformise pas le global au risque de fondre tous les instruments en un seul et unique brouet. C’est magique. Spontané mais pro. Carré, mais fou. C’est un vent venu de la fin des 70’s qui a trouvé la faille dans la morosité contemporaine. C’est un bain de jouvence.
C’est juste le vrai VH tel qu’on l’a tous connu un jour. Ce quartette inimitable, même après des heures d’entraînement. Personne ne sonne comme eux, encore moins aujourd’hui qu’hier.
Alors maintenant, vous êtes prêts ?
A quoi ???
Mais à faire la fête bordel !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Ajouté : Mercredi 15 Février 2012 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Van Halen Website Hits: 10282
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