DECAPITATED (pl) - Carnival Is Forever (2011)
Label : Nuclear Blast Records
Sortie du Scud : 12 juillet 2011
Pays : Pologne
Genre : Death Metal technique
Type : Album
Playtime : 8 Titres - 42 Mins
Dire que toute la sphère Metal était impatiente de savoir comment les sales gosses de DECAPITATED allaient se relever du choc subi avec la perte de leur père spirituel, Vitek, qui avait fondé le groupe à l’âge de 12 ans, était encore bien en-dessous de la réalité. Cinq années après leur dernier opus, Organic Hallucinosis et quatre après ce terrible accident de bus qui n’avait pas non plus épargné Covan, le vocaliste de l’époque, les polonais ont finalement choisi de poursuivre leur carrière, à un endroit où de nombreux groupes auraient fait le choix de s’arrêter. On ne saura probablement jamais si ce Carnival Is Forever est une façon de perpétuer la mémoire de Vitek, cependant, je ne pense pas qu’il aurait voulu que son bébé s’en aille avec lui. Ce qui semble par contre absolument certain, c’est que les 21 grammes dont s’allègent le corps humain à la mort ne sont pas le poids de l’âme, mais le poids du talent. Gageons que ce disque est un cheveu plus léger.
Fort d’un nouveau line-up qui voit Rafal Piotrowski et Kerim Lechner intégrer respectivement les postes chant et batterie, DECAPITATED n’a au final, plus que Vogg (guitare) comme unique survivant. Ce qui explique peut-être que ce groupe qui se présente aujourd’hui à nous, n’a plus rien à voir avec celui des années 2000. La brisure est aussi musicale, car si les polonais avaient pondu ce genre de travaux à ses débuts, le nom de DECAPITATED aurait brûlé illico dans les abysses de l’anonymat et de l’indifférence. Carnival Is Forever, c’est un creux, une absence de matière et l’inexistence charnelle d’une formation dont le seul blaze impose pourtant un rendu maximal. « The Knife », « United », « Pest » sont autant de compositions qui garnissent cette rondelle sur le papier mais qui à l’écoute sont purement fictives. Il est loin le temps où DECAPITATED bousculait les codes du Death technique. Ce full-lenght montre un groupe désuni, désordonné et qui fait les mauvais choix. Ou plutôt, qui ne fait aucun choix ! Car il n’existe probablement pas de riffs Death plus clichés que ceux-là. Pas de blasts plus rabâchés que ceux-là. Tout semble tellement facile et pourtant, c’est si compliqué… De la bonne foi, il y en a, assurément. Mais ces musiciens apparaissent comme dépassés par la pression provoquée par cette sortie pour le moins intense en enseignements. Le combo a lâché le côté technique pour se concentrer sur les aspects les plus modernes, les plus contemporains du Death. La meilleure preuve reste le choix contestable d’avoir engagé Rafal au micro, ce dernier arborant des vocaux Death / Thrash qui pour ma part, ne collent pas du tout avec le grain spécifique à DECAPITATED. Le départ de Sauron en 2005 reste bel et bien le premier fait marquant d’une carrière en dents de scie. Viennent ensuite des solos contestables appuyé par un jeu de batterie linéaire mais décent tout de même. La complicité qu’il y avait entre Vogg et Vitek manque cruellement. Par contre, certaines nouvelles idées se dégagent assez bien de la masse, comme l’aspect extrêmement progressif d’ « Homo Sun », la claque « 404 » qui bizarrement, nous fait penser à un EKTOMORF qui aurait l’alcool mauvais ou les huit minutes de l’éponyme, qui oppose des acoustiques flippantes à un Death comateux. Mais comme souvent sur cette œuvre, le grotesque succède à l’intéressant et on se retrouve avec un final instrumental tout en toucher sur « Silence » à la limite de l’effronterie pour des auditeurs qui n’ont à mon avis, aucune envie de rester 4 minutes de plus avec un groupe qui n’a été pendant 38 autres, que l’ombre de lui-même.
Plus qu’un présage, les clowneries de DECAPITATED sont d’un bien mauvais goût sur un album qui s’appelle Carnival Is Forever. En tout état de cause, je pense qu’il est grand temps pour le public de tourner la page et de repartir sur des bases assainies. Encore faudrait-il que les polonais ne nous donnent pas d’emblée le bâton pour les battre. Comme je le laissais entendre en début de chronique, il ne manque qu’une seule chose pour faire basculer cet opus du bon côté : 21 grammes.
Ajouté : Vendredi 10 Février 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Decapitated Website Hits: 10978
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