HEADCHARGER (FRA) - Sébastien Pierre et Antony Josse (Avril-2012)
HEADCHARGER, groupe de fous normands dans le style gros Rock viril et puissant est monté sur la scène du Divan Du Monde le 30 avril 2012. J’ai donc eu la chance de pouvoir m’entretenir avec Seb (chanteur) et Antony (guitariste) avant qu’ils n’explosent le divan avec leur gros son !
Line-up : Sébastien Pierre (chant), David Rocha (guitare), Antony Josse (guitare), Romain Neveu (basse), Matthieu Lechevallier (batterie)
Discographie : Headcharger (album – 2005), Watch The Sun (album – 2007), The End Starts Here (album – 2010), Slow Motion Disease (album – 2012)
Metal-Impact. L’avant-dernier album, The End Starts Here, vous l’aviez fait vous-même. Comment ça s’est passé sur Slow Motion Disease ?
Antony Josse. Le travail avec un producteur artistique qui ne fait pas partie du groupe a beaucoup d’avantages. A un moment, quand il y a faut prendre des décisions rapides et efficaces, un producteur sait ce qu’il faut faire. HEADCHARGER est devenu HEADCHARGER grâce à l’apport que nous a apporté Serge Morattel, le producteur des deux premiers albums. Mais sur le troisième, pour des histoires d’argent, de temps et de convictions, à un moment, on s’est dit qu’on avait des idées très précises. Alors on a fait ce qu’on a eu envie de faire et ça, c’était incompatible avec le travail d’un producteur.
Sébastien Pierre. A ce moment-là, on avait envie nous faire confiance à nous-mêmes. On savait qu'on en était capables. On avait des compétences techniques pour enregistrer un album. Donc à un moment donné, on voulait se prouver à nous-mêmes qu’on était capables de faire des choses uniquement dans un circuit fermé. Après, on verra si ça passe ou si ça casse. Mais au moins, on l’aura fait. Donc on l’a fait pour The End Starts Here et on l’a fait pour Slow Motion Disease aussi. C’est Antony qui a fait les enregistrements dans son studio et les a fait mixer par la même personne qu’avant.
MI. Le morceau « Slow Motion Disease » dans sa version acoustique ressemble beaucoup à du ALICE IN CHAINS. Pourquoi ?
Sébastien. Quand tu chantes, tu es forcement influencé par des groupes. ALICE IN CHAINS, pour moi, c’est des modèles absolus et forcement, même si je ne le veux pas, ça fait partie d’une de mes influences quelque part. Après, je pense que ce qui peut faire penser à ça, c’est davantage des considérations technique. Il y a des voix harmonisées qu’ALICE IN CHAINS font sur quasiment tous les morceaux. On ne s’est pas dit : « tiens, on va faire un truc comme ALICE IN CHAINS ». Mais bon, on transpire ce qu’on écoute et je prends cette remarque comme un compliment.
Antony. Je pense que dans HEADCHARGER, de manière générale, entre les deux guitaristes c’est-à-dire moi et David, c’est plutôt David qui compose plus. Ce morceau là, par contre, c’est l’inverse et au départ c’était vraiment un délire entre moi et Seb. C’est vrai que Seb et moi, nous avons des gouts très différents mais ALICE IN CHAINS fait partie des groupes qu’on a en commun et à un moment, quand on compose un truc acoustique, on se retrouve là-dessus. C’était une composition qu’on a fait tous les deux. On l’a proposé aux autres et les autres ont dit « ah ouais, ça le fait, c’est cool ! ».
MI. Quelles étaient les éléments les plus importants pour vous dans la façon de traiter les paroles des chansons de cet album ?
Antony. De manière générale, dans les textes, on aime bien que les textes évoquent quelque chose un peu ambigüe. On n’aime pas trop le premier degré. Les sujets darks pour être dark ou funs pour être fun, on trouve ça chiant. On aime bien quand il y a deux niveaux de lecture.
MI. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre changement de batteur ?
Sébastien. En effet, le gros changement sur Slow Motion Disease, c’est le batteur, Matthieu Lechevallier qui a aussi été batteur pour ETHS et pour MY RUIN basé à Los Angeles. On ne l’a pas forcément pris parce que c’était quelqu’un de doué. On l’a surtout pris parce que c’est quelqu’un qu’on connaissait depuis 10 ans et surtout, parce qu’il a participé à la composition de l’album et que maintenant, il fait la tournée avec nous. Guillaume, notre ancien batteur, est quelqu’un qui compte vraiment pour nous et on ne pouvait pas, à un moment donné, le remplacer par quelqu’un avec qui on n’aurait pas eu plus d’affinités que ça.
MI. Comment ça s’est passé pour l’enregistrement du dernier album ? Est-ce que, en faisant les tournées, vous avez eu autant de temps que sur l’avant-dernier pour travailler les titres ?
Antony. Au niveau de l’enregistrement, on a eu assez de temps. Par contre, on en a eu moins pour le préparer, parce qu’on avait fait beaucoup de concerts. Quand l’album The End Starts Here est sorti en janvier 2010, on a fait beaucoup de dates. Après, on a eu la vague d’été où l’on a fait de gros festivals et on n’a pas arrêté de tourner. On a fait le dernier concert de la tournée fin juillet 2011 et on est rentrés au studio le 1er aout 2011. Du coup, on a eu quatre jours de pause entre la tournée et le commencement du nouvel album. Quand on est arrivés, on était encore un peu dans le speed de la tournée, ce qui nous a insufflé une énergie qu’on n’avait pas d’habitude. On a occupé le studio pendant deux mois pour l’album. Donc on avait le temps de le faire. C’est vrai que d’habitude, on allait à la cool et quand on arrivait au studio, on savait qu’on était prêts et qu’on maitrisait les morceaux à fond. Mais là, on est arrivés en se disant : « bon, on ne sait pas trop ce qu’on va faire ».
Sébastien. Ça nous a donné une autre énergie, beaucoup plus instinctive. D’un seul coup, on a voulu transmettre quelque chose de plus direct. Slow Motion Disease est indiscutablement beaucoup plus direct que les trois albums précédents. Il est vachement plus « in your face ».
MI. Durant ces quatre albums, vous avez beaucoup changé de style. Est-ce que maintenant, on peut dire que sur Slow Motion Disease, vous avez trouvé le pur style HEADCHARGER ?
Sébastien. Bien sûr ! On a trouvé notre style sur Slow Motion Disease parce qu’à un moment donné, on a arrêté de se poser des questions. On n’avait plus le temps et il fallait y aller. Je suis fier qu’on soit arrivés à le faire entre nous, sans avoir besoin d’une personne pour trancher les choses. En même temps, dans la musique, il n’y a rien de figé et il faut se remettre en question tout le temps. Si un jour, on se disait que « bon Slow Motion Disease, ça a marché donc pour le prochain album, on fait les mêmes choses », autant ne pas l’enregistrer !
MI. Quels sont vos plans concernant un éventuel prochain album ?
Antony. Moi, par rapport à mon travail d’ingénieur du son, j’ai vraiment l’impression que pour l’album suivant, ça serait super bien de refaire appel à un producteur artistique qui arriverait et qui remettrait en cause tous les aprioris et toutes les certitudes qu’on a. Parce que quand tu bosses tout seul sur deux albums, tu te remplis de certitudes sur la manière de faire, la manière de composer et il faut quelqu’un qui casse la certitude. Comme ça, tu arrives à quelque chose de nouveau. On n’a pas envie de faire comme les groupes qui font tout le temps le même album. J’adore IRON MAIDEN, SLAYER, AC/DC mais ces trois groupes là sont des groupes qui ne sont jamais remis en question et ils ont toujours fait la même musique. Mais METALLICA par exemple, ce qu’on ne peut pas leur retirer, c’est que c’est un groupe plus controversé et qu’ils se sont toujours remis en question. Load ne ressemblait pas au Black Album, Saint Anger ne ressemblait pas non plus aux autres et le dernier album est encore autre chose. Ils prennent des risques. On se reconnait plus dans cette façon d’aborder la musique. Mais après, il faut aussi qu’on réussisse quand même à garder notre patte.
MI. Vous êtes fans de cinéma… Au niveau des vidéos, en particulier la dernière, « All Night Long », c’est vous qui avez choisi le sujet et le titre ? Et pourquoi avoir fait ce style de vidéo ?
Sébastien. La chanson oui, mais le sujet et les trucs sur la vidéo non. On a rencontré des gens sur la route qui sont les deux réalisateurs de nos deux derniers clips. Un jour sur une de nos dates à Paris, l’un de nos deux réalisateurs est venu nous parler après le concert. Il a proposé de faire cette vidéo en nous disant qu’il trouvait ça intéressent qu’on mette en image un de ces titres parce que c’est une musique qui parle. On lui a dit « envoie-nous déjà ce que tu fais, on va regarder et puis on en rediscute après ». On a regardé ce qu’il faisait et on s’est dit que oui, il y a un truc qui nous ressemble et qui nous parle dans sa manière d’aborder le sujet. Donc on a enregistré le « Intoxicated » sur l’album The End Starts Here avec eux. Pour cet album-là, on leur a dit sur quel morceau on avait envie de travailler et ils nous ont proposé un scénario. On leur a fait confiance à 100%. On a toujours eu comme culture de cloisonner les choses. On ne va pas intervenir dans un domaine dans lequel on n’est pas compétant. Ça ne sert à rien. Par exemple moi, tu me mets une caméra dans la main, je suis complètement incapable de faire un plan. Maintenant, on est devenus amis avec le temps et ils comprennent bien notre état d’esprit. On est tous d’accord que la musique est une passion qui nous permet de nous lever le matin, mais la musique, ça reste un divertissement. Au moins, dans la musique d’HEADCHARGER, il y a aucun message politique ou au-delà de ça. Nous on fait juste la musique qui nous plait et c’est ce que eux ils ont capté. Par exemple, dans le dernier clip, on voit deux personnes âgées s’éclater parce qu’elles ont 70 ans et que la vie n’est pas finie a 70 ans ! Et ils ont encore le droit de s’éclater. Je trouve ça vachement positif et il faut foncer sur ça ! On fait les choses sérieusement sans les prendre au sérieux.
Antony. En effet, on ne veut pas, dans la manière d’aborder la musique, dégager l’image d’un groupe premier degré, sérieux... Nous on fait du Rock parce que le Rock c’est marrant. Nos textes ne sont pas forcément funs, mais ce n’est pas l’image qu’on a envie de donner. Il ne faut pas oublier que de faire ce genre de musique en France, ce n’est pas du business parce que tu ne gagnes pas d’argent et le Metal en France, ça ne marche pas. Donc si tu fais ça, c’est ce que t’as envie de le faire.
MI. L’un de vos morceaux devait être utilisé pour un film ?
Sébastien. Oui, pour un film français mais ça a été viré au tout dernier moment par le producteur. Donc voilà, on n’est pas tombés dessus. On croise les doigts pour que ça se reproduise de nouveau parce que vraiment, nous, on parle autant de cinéma que de musique. On est vraiment des passionnés de cinéma dans des styles complètement différents. Souvent, en tournée, quand on est sur la route, on regarde des films. Si on a un jour la chance qu’une personne vienne nous voir et nous dise « je voudrais que vous écriviez une chanson pour un film ou pour une scène », pour nous ce serait génial et ça serait un truc qui nous intéresserait beaucoup.
Antony. Le problème, c’est qu’aux Etats-Unis par exemple, quand tu regardes les émissions populaires, t’as vachement de Rock et de Metal mais en France pas du tout. On a des choses un peu Rock N’ Roll mais des choses vraiment orientées Metal genre METALLICA, tu n’en entends jamais à la télé. On est un pays qui n’a pas une culture très Rock et donc nous, on n’a pas notre place. C’est comme mettre un drap noir sur une partie de la culture française. Dans notre entourage professionnel, on sait bien que pour la personne qui nous place sur les medias, le travail ne doit pas être facile, parce que dans le catalogue des gens qu’il a à proposer, il aura plus de facilités pour présenter des variétés françaises que des gens comme nous.
MI.
Antony et Sébastien en choeur... Un grand merci à Metal-Impact pour cette interview !
Ajouté : Mercredi 05 Septembre 2012 Intervieweur : Nelly Lien en relation: Headcharger Website Hits: 14815
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