CARNIFEX (usa) - Until I Feel Nothing (2011)
Label : Victory Records
Sortie du Scud : 24 octobre 2011
Pays : Etats-Unis
Genre : Deathcore
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 30 Mins
CARNIFEX est visiblement de ces groupes qui ont soif d’en découdre. Quatre albums en autant d’années, ce n’est pas de l’inspiration quand on fait du Deathcore, mais c’est au moins de la productivité. Que de chemin accompli depuis Dead In My Arms (2007) ! Et qui l’aurait vu venir ? Car qu’on se le dise, faire des débuts prometteurs n’est pas toujours synonyme de grande carrière. Dans le cas CARNIFEX (ne notez pas le jeu de mot, merci), ces mecs explosent les statistiques puisque leur nom n’a pas mis plus de deux albums pour devenir référentiel. Et au final, le grand gagnant de cette belle évolution est peut-être Victory Records, qui peut se féliciter d’avoir eu du flair sur cette affaire puisqu’à l’heure où je vous parle, on se demande simplement lequel des cinq sens fonctionne encore normalement chez eux. Avec ce quatrième full-lenght, chose encore plus surprenante, les californiens parviennent à renouveler leurs envies et, mieux encore, semblent avoir apporté un soin tout particulier aux ambiances. Une démarche qu’on aimerait voir un peu plus souvent chez certains groupes concurrents qui ont actuellement un gros poil dans la main.
On fermera les yeux sur « Deathwish », l’introduction supposée dérangeante qu’on se coltine déjà à chaque nouveau slasher-movie. L’arrivée rapide et bienvenue des instrumentistes ainsi que de Scott Lewis donne le ton ou presque. L’avènement de « We Spoke Of Lies », œillade discrète à leur culte « Lie To My Face », procure une impression de classicisme erronée. Dialogue de sourds entre screams suraigus et growls graveleux, un Shawn Cameron au top de sa forme derrière sa batterie et des lignes de guitares balafrantes, CARNIFEX commence par donner à son auditorat ce qu’il a envie d’entendre ; un Deathcore rentre-dedans et autoritaire. Tout se passe relativement bien jusqu’à « A Grave To Blame ». D’un coup, ça se passe même très bien. Pourquoi ? Parce que nos américains nous foutent sur le final une salve de claviers orchestraux tout à fait inopinée. Un choix capable de soulever une fronde populaire, mais tellement judicieux, tant dans son apport musical que dans l’effronterie dont il fait preuve. Le hasard n’en devient plus un quand ils réapparaissent sur la fermeture de « Dead But Dreaming » et l’ouverture de « Creation Defaced », se montrant cette fois plus aériens et moins démonstratifs. C’est la première fois qu’on entend CARNIFEX pomponner autant son Deathcore, mettant un point d’orgue à traiter la forme avec autant de respect que le fond. S’ensuivent des représentations moins théâtrales mais toujours très travaillées, comme l’éponyme, ou comment se prendre une leçon de basse en quatre minutes. Avec des guitares globalement plus mélodiques (« Wretched Entropy »), le groupe s’éloigne un peu de son penchant grossier pour le Brutal Death et revient aux fondamentaux. Un mot sur l’équipe technique également puisqu’on retrouve du beau monde, tant à la production (Tim Lambesis d’AS I LAY DYING) qu’à la programmation (Ashley Ellylon d’ORBS) en passant par un mixage de choix orchestré par Jason Suecof et Eyal Levi de DAATH. Cet album relativement court a visiblement été bichonné et s’achève sur un nouveau contre-pied avec « Curse My Name ». Nappes de claviers qui broient du noir sur un tempo très lent, on se dit qu’on n’aura plus qu’à se pendre à l’issue de cette déambulation pataude. C’était sans compter sur l’injection de caféine opérée dans la foulée, qui aboutit à une piste survoltée, un peu planante et idéale dans sa position finale.
C’est très encourageant de voir que ce style musical, en le creusant un peu, possède les ressources nécessaires à son propre renouvellement. CARNIFEX n’est pas un groupe spectaculaire, mais au moins, il possède la pelle. Les californiens s’efforcent de contrôler leurs pulsions, notamment au niveau des claviers où la tentation d’en faire trop s’affiche très vite, pour proposer un quatrième album proportionné, en totale harmonie avec leur stature de référence. On n’en attendait pas moins de leur part.
Ajouté : Jeudi 02 Février 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Carniflex Website Hits: 13638
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