DWELLERS OF THE TWILIGHT (FRA) - Grey (2008)
Label : Eichenwald Industries
Sortie du Scud : 1er Septembre 2008
Pays : France
Genre : Black Metal
Type : Album
Playtime : 9 Titres - 32 Mins
Ils ne sont que deux, deux entités humaines anonymes, avec l’irrépressible besoin de modéliser des pulsions créatrices musicales. En septembre 2006, DWELLERS OF THE TWILIGHT a vu le jour, alors qu’Humain #1 écrivait les premières compositions. Quelques mois plus tard, Humain #2 rajoute ses lignes vocales, et finalise ainsi Grey, l’album pionnier du duo français.
Avec un Black cru et torturé, on peut dire que les Franciliens officient dans le sillon d’ANAAL NATHRAKH, ou bien des travaux les plus inhumains de BLUT AUS NORD, avec lequel ils partagent cette volonté de garder leur identité à part de leur musique. Cet opus se bâtit donc sur un brouillard métallique dense de riffs dissonants et obnubilant, grâce à des jeux à l’impact saisissant. D’entrée, les guitares tournoient dans la cacophonie organisée par les cymbales et les hyper blasts infernaux. Les déferlantes bruitistes prennent de court, mais se déplacent sur une ligne de basse constante et persuasive. Un mur de cordes distordues qui nous séquestre dans son sillage, et nous rend impuissants face à ses remous. Des riffs davantage ronflants et concis étayent également ces ténèbres. Envoyés à la volée, ils aident à créer des schémas entêtants (« Trail Of The Foe »). Plus rares, quelques instants low tempo parviennent à se caser, se retranchant sur des accords pesants ; à l’image de « Darkest Son », où les guitares pataugent et tournent au ralentis dans une atmosphère visqueuse, et psychotique, de par ses quelques distorsions plus aigües amenant la démence.
Ce n’est qu’une exception de l’album car, au moment de programmer les percussions, le premier Humain n’y est pas allé de main morte. En effet, les blasts décérèbrent instantanément, déchargeant une onde de choc annihilatrice qui poursuit les saturations abusives des guitares. Les heurts ne sont pas pour autant tous assénés sur des tempos impossibles. Les cymbales ont un rôle plutôt influent sur la sonorité des titres, nuançant leur tumulte et créant, de ce fait, des alternances qui voyagent entre les deux oreilles, tour à tour, et grossissent l’aspect chaotique du disque. On constate parfois des accalmies dans le régime soutenu pour que la batterie se fasse plus entraînante sur les riffs rondelets et dynamiques ; le duo conserve ainsi une certaine accroche dans sa musique. Et, par le biais de breaks où les guitares barrissent et lancent de nouveaux schémas (« Domus Mundi »), les titres évitent de stagner. Toutefois, lorsque les frappes informatiques sont trop en avant, surtout au moment des accélérations déshumanisées, la répétitivité et leur uniformité tonale se fait sentir. De plus, ces sections à vitesse lumière ne renforcent pas toujours le côté extrême et peuvent se montrer futiles. « Crown Of Darkness », quant à lui, revient sur une rythmique plus classique et énergique, qui donne presque envie de se dégourdir joyeusement. Comme ce titre, à défaut d’avoir des structures super originales, les pistes arrivent tout de même à insuffler un peu de groove dans cet ensemble compact. C’est alors admirable que la basse s’en tire avec autant de force. Jouant sur la rugosité des titres, elle instaure un aspect industriel crasseux et angoissant.
Pour ce qui est du chant, celui de Humain #2 est provocateur, râpeux et sombre ; typique du Black Metal. Les hurlements sont très bruts, un peu disgracieux, et intensifient l’atmosphère noire qui découle des compositions. En se calant sur la rythmique, il donne la marche à suivre au centre de l’océan abyssal des cordes usinées à blanc. Et, une fois que l’on s’imprègne du chaos ambiant, le chant n’est finalement pas trop ennuyeux, malgré sa simplicité. Quelques effets s’y ajoutent par moments, accentuant sa dématérialisation pour le confondre avec le fond sonore nébuleux. Les vocaux raclés du chanteur ne sont, toutefois, pas constamment présents et semblent parfois être utilisés au hasard. L’on sent que l’écriture s’est faite spontanément, au vu des coupures nettes de certaines pistes (« Sovereign Of Sulphur »), donnant l’impression que le compositeur ne savait pas trop comment les conclure. En outre, quelques passages semblent aléatoires, hésitants, ou manquent de cohésion, comme les riffs joués à la pelle sur « Blessed Hier », ou bien des changements de rythme soudains.
Dernier élément. Sur « Fear » apparaissent de rares, et difficilement perceptibles, lignes de synthés qui se faufilent, non sans mal, entre deux riffs bourdonnants pour apporter une mélodie mystique. Apport synthétique qui se présente aussi sur l’interlude « Grey », où les nappes sidérales tissent une ambiance spatiale. Une plage lente et plutôt minimaliste, mais qui ne manque pas de laisser planer une ambiance tordue avec ses basses fréquences progressives et râles distants. L’outro « Grey II » se veut plus hypnotique dans sa saturation persistante, et toujours une mélodie pianotée fantasque s’incrustant.
DWELLERS OF THE TWILIGHT est un groupe qui marche à l’instinct. Au travers de Grey, ils entraînent l’auditeur sur des compositions denses et insanes. Les ambiances sont mises en place par le déversement de riffs bruts et immédiats, ainsi que d’une rythmique volatile. La production n’est pas excellente, mais rend les titres de manière convenable. En outre, même si les morceaux des Franciliens ne sont pas toujours adroits, ils parviennent tout de même charmer.
Ajouté : Mercredi 01 Février 2012 Chroniqueur : CyberIF. Score : Lien en relation: Dwellers Of The Twilight Website Hits: 10918
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