NOJIA (FRA) - Solarchitect (2011)
Label : Klonosphere
Sortie du Scud : 1er Décembre 2011
Pays : France
Genre : Post-Rock / Metal Instrumental Expérimental
Type : Démo Album
Playtime : 5 Titres - 65 Mins
C’est en 2007, à Toulouse, que ce jeune groupe plein d’ambition se constitue. En effet, le quatuor qui se forme a dans l’intention de jouer à la croisée du Post-Rock et du Metal. Jusque-là, rien de bien étonnant, si ce n’est que le combo a décidé de rester entièrement instrumental. Une décision plutôt risquée, mais la formation est confiante et compte bien livrer la musique qui la fait voyager. C’est ainsi que leurs ébauches de compositions mènent à l’enregistrement d’une première démo fin août 2010, dont la qualité du rendu sonore final plut tellement aux quatre membres qu’ils décidèrent que ce Solarchitect ferait, tout compte fait, un excellent premier album.
Hormis une production qui s’avère, en effet, réellement convenable pour une démo (à la base), il est bon de savoir que NOJIA a joué chacun de ses morceaux directement en studio, pour qu’ils soient enregistrés live et aient un aspect plus authentique. Une démarche qui apparaît, de nouveau, assez osée lorsque l’on constate que ce disque contient quatre compositions variant de 11 à 18 minutes, et une plage d’ouverture de 6 minutes. Plusieurs actes prennent donc part à l’établissement de chacune des fresques musicales, même si l’on peut déterminer une réalisation similaire. Effectivement, les structures débutent généralement linéairement, appâtant en schémas réguliers et hypnotiques, voire psychédéliques du fait de quelques alternances de tempo. Puis, lorsque que le morceau touche à sa fin, l’on est soudainement délogé du voyage introspectif entrepris par un abattement nerveux et lourd de l’ensemble de la section rythmique, et une outro tendant vers le Drone.
Les Toulousains montrent que leur musique n’a pas besoin de paroles en jouant sciemment sur les nuances des compositions. A la manière d’un NEUROSIS, ou d’un CULT OF LUNA, mais sans le chant démentiel, ils développent une tension qui se balade et profile ainsi le corps d’une atmosphère opaque, presque sujette à la claustrophobie par moments. On doit cela à Frédéric Née qui, de sa basse, tisse des fils granuleux, poussiéreux (« Fracture »), et impose alors un bourdonnement qui ne cesse que rarement. L’instrumentiste mâchonne les pistes avec envie, virevoltant sur des jeux déstructurés, ou groovy, comme sur la légère et moins étouffante « Natural Surge ». Aussi bien exploité en élément de fond sonore brouillon, l’instrument est également un avide générateur de distorsions prononcées perturbant les passages dociles, ou bien créant des épopées hallucinatoires de concert avec les guitares atmosphériques. Même si le fait que sa présence soit si marquée tend parfois à freiner le côté aérien des titres. Répondant continuellement à Frédéric, la batterie n’est pas innocente à la création des structures qui fascinent de leur répétitivité. Franck Douet joue avec ses cymbales sur des leitmotivs clairs et légers, suivant une cadence des plus posées, laissant les titres se façonner d’eux-mêmes pour, finalement, envoyer une saccade plus prononcée sur des riffs lourds, et continuer à progressivement installer une tension chaotique. Le batteur prend également des détours rythmiques, pas toujours intéressants (« Shattered Species »), mais souvent mystérieux dans leur dynamique et menaçant d’exploser à chaque seconde. S’il délivre quelques envolées fulgurantes, il se retire aussi parfois de l’audition, pour laisser la place aux cordes.
En dehors des nombreux arpèges languissants, par moments tellement légers et délicats qu’ils semblent bercés par la marée de la piste, le duo Rudy Schwab et Mickaël André est principalement attelé à apposer des accords infinis au milieu du bourdonnement de la basse et des nappes de cymbales. Cette participation se dessine en distorsions aigues, ou tremolo pickings stridents, qui ajoutent de la nervosité dans le schéma musical, tout en créant l’aspect le plus hypnotique du son de NOJIA. Les lignes de guitare s’élongent donc à n’en plus finir, donnant quelques fois lieu à des sonorités disgracieuses. Sur certains passages, ce sont des riffs gras qui jonchent le paysage. Les musiciens jouent dans une sorte de transe et offrent des jeux spontanées, à l’instar de « Solarchitect » où on les sent improviser, s’imprégner chacun leur tour des notes émises avant d’apporter leur contribution qui les mène un peu plus loin. Quelques riffs plus mélodiques et émotionnels sont aussi de la partie, se déployant atmosphériquement sur les finals saturés (« Overture »).
Comme ils le démontrent avec Solarchitect, la musique des Toulousains n’est pas si aisée d’accès. Tout d’abord du fait de son côté entièrement instrumental, mais également de par un ensemble qui demeure plutôt homogène. Qui plus est, la longueur des pistes tend à les rendre difficilement digestes aux premiers abords, même pour un amateur de Post-Rock classique. Néanmoins, ce premier effort conserve un intérêt notoire du fait que la musique délivrée finit par se révéler obnubilante ; NOJIA réussit donc son pari de nous emmener dans son univers créatif - et ce, sans chant. Pour un album initialement prévu comme une démo, le résultat est vraiment impressionnant. La formation méridionale maîtrise son sujet et, en dépit des quelques défauts relatifs énoncés ci-avant, développe une musique lunatique et captivante qui ne peut que rendre curieux vis-à-vis de la suite de leur parcours.
Ajouté : Mercredi 01 Février 2012 Chroniqueur : CyberIF. Score : Lien en relation: Nojia Website Hits: 14192
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