NOCTURN DEAMBULATION (FRA) - Frédéric Modine (Juil-2012)
« Enfant ayant côtoyé les cirques pendant ses jeunes années avec son père et sa mère, l’Horloger était fasciné par le spectaculaire et l’aspect burlesque de ces grandes familles qui se connaissaient par cœur. Les belles années passèrent et un jour ses parents disparurent sans laisser de trace. A partir de là, la jolie bulle éclata et il perçut l’envers du décor. Il fut par la suite élevé par une famille d’accueil, et poursuivit ses études sans avoir de but défini. Il commença par l’architecture avant de s’intéresser aux sciences et particulièrement à la médecine chirurgicale (…). En parallèle, il eut une petite fille artificielle avec laquelle il retrouva un intérêt à chaque bouffée d’air frais. Malheureusement, l’enfant avait une courte espérance de vie. Malgré son savoir et ses compétences, il ne put lui redonner vie. C’est cet évènement qui sut faire exploser sa colère … »
Vous voulez connaître la suite de l’histoire de l’Horloger ? Alors je vous encourage à écouter l’album hors-norme de NOCTURN DEAMBULATION, The Grand Opening. Vous voulez en savoir plus sur le créateur de The Grand Opening ? C’est ici que ça se passe …
Line-up : Frédéric Modine (auteur, compositeur, chants, claviers, guitares)
Discographie : Specular Writing : Preliminary Before The Redemption (Démo - 2008), The Grand Opening (Album - 2011), Specular Writing (Album - 2012).
Metal-Impact. Salut Fred, comment ça va ?
Frédéric Modine. Très bien, merci. Et toi ?
MI. Ecoutes ça va très bien merci, je viens de passer une journée entière à écouter du Metal … Et toi, ça t’arrive encore ?
Frédéric. Et bien, je dois t’avouer que ça devient assez rare. Ayant nagé dedans depuis ma tendre enfance, j’ai besoin de rechercher de nouvelles choses, notamment dans d’autres registres que le Metal.
MI. Tu es en train de me dire que tu n’écoutes plus de Metal ? Du coup quelles sont les musiques qui t’inspirent aujourd’hui ?
Frédéric. Si, bien sûr que j’en écoute, j’aime toujours autant cela mais j’ai l’impression d’avoir pris déjà beaucoup, et je dois avouer que j’ai beaucoup de mal à être encore étonné dans ce registre. Je suis très ouvert et j’aime beaucoup chercher les petits groupes ou artistes « underground ». En ce moment, j’écoute par exemple beaucoup de jazz, car ayant une formation classique, je n’ai pas eu la possibilité de m’y intéresser avec mes formateurs.
MI. Tu as fait le Conservatoire ? Estimes-tu que ta formation classique t’a aidé à développer ta personnalité musicale ?
Frédéric. Non, je n’ai pas fait le Conservatoire. J’ai été dans une école de musique située dans la commune où j’habitais quand j’avais 12 ans. Il est clair que cette formation et ces influences classiques m’ont été bénéfiques. Je ne regrette pas de l’avoir fait, et je dirais même que j’ai pu avoir une base théorique indispensable pour la composition.
MI. Comment, avec ce type de cursus, en es-tu arrivé au Metal ?
Frédéric. Tout est de la faute de ma sœur qui écoutait du Marilyn Manson et du KORN dans sa chambre. A force de lui dire que c’était du bruit, j’ai fini par m’y intéresser en ayant entendu certains passages mélodiques de ces groupes, et notamment « The Nobodies » de Manson, où on entend du clavecin, et qui a sans doute été un élément déclencheur.
MI. Du clavecin dans le Metal et voilà ce qui t’a plu … Est-ce que ça ne voudrait pas dire que dès le départ, tu étais prédisposé à faire quelque chose de « spécial », Metal mais spécial ?
Frédéric. Et bien il est certain que j’ai toujours aimé chercher la différence. Pas pour choquer mais pour me sentir un peu unique. Sentir que je peux faire mes propres choix, en donnant ma signature dans ce que j’entreprends. Enfin c’est un travail de longue haleine !
MI. As-tu conscience que cette différence peut se transformer dangereusement en quelque chose de difficilement accessible pour celui qui veut découvrir ta musique ?
Frédéric. Oui, sans aucun doute. Mais je n’ai pas pour habitude de créer quelque chose pour les autres. C’est ce que fait, ou devrait faire à mon sens, un artiste : rester égoïste dans son travail de création, et le partager par la suite, et voir si certaines personnes peuvent être touchées. Ne pas tomber dans le commercial et l’envie de notoriété.
MI. Revenons à ton parcours … AND SUMMER DIES fut-il ton premier vrai groupe ?
Frédéric. Oui tout à fait, ce groupe m’a permis d’apprendre énormément sur moi et ma passion.
MI. Peux-tu revenir sur les raisons de ton départ ? De notre côté, ce fut très frustrant car The Chaotic Chronicles était une très bonne démo avec entre autres ce fameux morceau « Prelude Before The Bloodrain ». Depuis, on dirait qu’AND SUMMER DIES est au point mort …
Frédéric. J’ai dû me séparer d’AND SUMMER DIES pour différentes raisons, mais on peut simplement dire que nous n’avions pas les mêmes perspectives sur l’avenir du groupe. Je ne peux pas en dire plus, mais ce qui est certain, c’est que je ne regrette aucunement d’avoir arrêté de travailler avec eux, car cela m’a permis de plonger à 100% dans le projet NOCTURN DEAMBULATION. Pour ce qui est de leur activité maintenant, je n’en sais pas plus, mais apparemment, rien de nouveau de leur côté pour le moment …
MI. Tu as donc enchainé directement avec NOCTURN DEAMBULATION … Si je reprends tes termes : « mes propres choix » ou encore « rester égoïste ». Cela signifie-t-il que NOCTURN DEAMBULATION est TON groupe et que les autres musiciens ne sont que des exécutants ?
Frédéric. Non, j’ai auparavant joué avec un groupe de Rock Pop, mais je ne suis resté que quelques mois car l’état d’esprit de composition allait justement à l’encontre de mes convictions en se voulant populaire. Pour NOCTURN DEAMBULATION, c’est effectivement mon projet et il n’y a aucun intervenant extérieur, excepté pour les représentations. En effet, si pour l’album The Grand Opening, j’étais accompagné dans l’enregistrement, le prochain (intitulé Specular Writing) sera entièrement réalisé par mes petites mains. Après, je laisse une grande liberté de travail aux membres du groupe pendant les concerts. Je ne suis pas un tyran !
MI. Alors ça, ça reste à prouver (rires) ! Tu t’occuperas même des parties de batterie ? C’était de la programmation sur The Grand Opening ?
Frédéric. Je le prouve et prouverai avec les futurs concerts ! Oui je m’occuperai de la batterie pour le prochain opus, contrairement à The Grand Opening où Romain Blusseau (batteur d’AND SUMMER DIES) s’en était chargé.
MI. Ah il me semblait bien qu’il y avait un vrai bonhomme derrière les fûts … Reproduire la musique de NOCTURN DEAMBULATION, ce n’est pas un peu casse-tête en live ? Les répétitions doivent être éprouvantes, non ?
Frédéric. Et bien si, c’est compliqué, surtout quand le live est accompagné de l’orchestration car tout doit être exécuté au temps près, mais cela n’a rien d’impossible ! Après l’album, je vais chercher une nouvelle équipe pour remonter sur scène avec les nouveaux morceaux. Je devrais pouvoir trouver des musiciens qui auront le talent et la passion pour rendre tout cela magique !
MI. Cette équipe, tu la payes ? Tu envisages de donner à NOCTURN DEAMBULATION une vraie tournure professionnelle ?
Frédéric. Non non, je cherche des musiciens qui ont simplement envie de jouer mes compositions sur scène de manière bénévole. Je n’ai absolument pas le revenu nécessaire pour pouvoir me permettre de payer des professionnels pour m’accompagner. Et puis ce n’est pas cet état d’esprit que je recherche. NOCTURN DEAMBULATION ne sera pas un produit avec une image faite pour vendre et rapporter de l’argent, ça c’est certain. Je n’accepterai que des contrats de distribution.
MI. Oui mais imagines que le succès te tombe sur le coin de la figure … Que tu te retrouves à crouler sous les demandes d’interview, que les gros labels s’intéressent à NOCTURN DEAMBULATION, etc … Tu appartiens à cette race d’artistes qui veulent absolument rester dans l’ombre ?
Frédéric. Non je ne veux pas rester dans l’ombre, je veux simplement avoir une entière liberté dans mon écriture. Ainsi il est impensable que je modifie une seule note ou l’image du groupe pour plaire à qui que ce soit. Même si le plus gros label du genre s’intéressait à moi. Je recherche d’ailleurs des organismes souhaitant distribuer mon prochain album et même celui d’avant. Il est important pour moi de pouvoir partager avec le plus grand nombre car même si l’écriture est personnelle, le retour des gens est très appréciable, surtout quand ils reviennent en me parlant des différentes émotions qu’ils ont pu ressentir. C’est aussi pour ça que je fais de la musique.
MI. Tu fais du pied aux labels Fred ? Alors justement, en parlant de réactions, quelles sont-elles au sujet de The Grand Opening ?
Frédéric. Du pied non. Si je trouve, tant mieux. Sinon ce n'est pas grave, je suis quelqu'un de patient. Quant aux réactions, elles ont été très bonnes ! Bien entendu, il y a des choses à revoir comme la qualité de production, qui a souvent été pointée du doigt. Mais l'album a été remasterisé récemment, alors j'espère que cela permettra de mieux s'immerger dans l'univers.
MI. En parlant de réactions ... Inversons les rôles et dis-moi ce que tu as pu penser de ma chronique, car tu m'en as fait baver !!
Frédéric. (rires) Et bien je l'ai trouvé pertinente, et j'ai vraiment perçu une attention réelle de cet album, morceau par morceau, ce qui n'est pas le cas de toutes les chroniques. C'est important pour nous, musiciens, de sentir que les auditeurs, qui plus est chroniqueurs, font attention aux détails.
MI. C’est tout à fait le genre d’album qu’un chroniqueur redoute ou appréhende ! Ne le prends pas mal car c’est dit sans aucun sens péjoratif, mais au niveau conceptuel, j’ai vraiment eu l’impression de me retrouver entre « Pinocchio », le « Blade Runner » de Ridley Scott et le « It » de Stephen King …
Frédéric. Et bien j'en suis flatté ! Car la difficulté d'analyse fait pour moi partie du travail d'apporter quelque chose de nouveau. Qui ne révolutionne pas forcément, mais qui diffère de l'habituel.
MI. Niveau musique, on est très loin de KORN et MANSON, alors d’où vient ce Metal barré ? Et puis il doit quand même y avoir des groupes de Metal actuels qui te touchent, non ?
Frédéric. Cela vient de beaucoup d'influences. J'ai presque envie de dire : de tout ce que j'ai écouté et de mon humeur, car je ne me suis vraiment fixé aucune limite. Mais on pourrait parler de la scène Metal progressif comme BETWEEN THE BURIED AND ME, mais également de EMPEROR avec son album Prometheus, et bien d'autres. Bien sûr, les groupes comme THE DILLINGER ESCAPE PLAN ou encore NECROPHAGIST (nous attendons tous d'ailleurs un autre album depuis pas mal de temps maintenant !) sont des groupes qui me rendent fou !
MI. Tu évoquais EMPEROR et son album Prometheus … Avant cet opus, tu étais plutôt fan de In The Nightside Eclipse (1994) ou de Anthems To The Welkin At Dust (1997) ? Etant donné que personne n’a pris la relève d’ EMPEROR, te reconnais-tu un peu dans DIMMU BORGIR ?
Frédéric. Personnellement, je ne suis pas vraiment adepte de EMPEROR avant ce fameux Prometheus qui m'a donné une claque monumentale, de par la richesse et la beauté de cette complexité ordonnée. Je peux comprendre les nostalgiques qui ont été formés par cette musique, mais sinon je ne trouve pas que cela soit si intéressant que ça. Mais ce n'est que mon avis ! Pour DIMMU BORGIR, je ne suis pas fan du dernier album mais plutôt des précédents : effectivement j'ai été influencé par ce groupe, et leur magnifique travail d'orchestration.
MI. Parlons de la suite des évènements pour NOCTURN DEAMBULATION. Le prochain album portera le même nom que la démo, c’est normal ? Tu vas retravailler des morceaux déjà composés ou c’est du matériel neuf ? A quoi faut-il s’attendre d’un point de vue thématique ?
Frédéric. Oui c'est normal c'est tout simplement le même thème, avec les mêmes compositions. Il y en aura deux nouvelles, mais la base était déjà présente. Bien entendu, tout est réenregistré et retravaillé, que cela soit les ambiances qui ont été très soignées, ou la batterie et certaines parties de guitares qui ont été arrangées. Les paroles ont fait également peaux neuves.
MI. L’album est prévu pour quand ?
Frédéric. Avant la fin de l'année c'est tout ce que je peux dire!
MI. Un petit mot, Fred, sur un film qui sort dans les salles le 25 Juillet prochain ?
Frédéric. Cela m'inspire un héros sombre, qui prend tout son sens dans le film de Tim Burton en 1989. Il incarne une personne un peu sombre, et qui ne prête pas attention à cette notoriété grandissante qu'on lui donne. Un héros qui est solitaire...un peu comme moi sauf qu'il me manque le costume !
MI. Je sens que tu préfères la version de Tim Burton plutôt que celle de Christopher Nolan … Tim Burton et Danny Elfman doivent t’inspirer quelques fois pour NOCTURN DEAMBULATION, non ?
Frédéric. C'est simple, ce sont des influences énormes dans ma perception artistique. Quand on connait les œuvres de Burton comme « Big Fish » ou encore « Beetlejuice », et les musiques de « The Nightmare Before Christmas » ... On ne peut qu'être admiratif. De grands messieurs.
MI. Fred, l’interview touche à sa fin alors je te laisse le loisir de t’exprimer : coup de gueule ou annonce, les mots de la fin sont pour toi …
Frédéric. Je tiens dans un premier temps à te remercier pour cette interview, tout en souhaitant longue vie à Metal Impact ! Pour les curieux qui souhaiteraient en savoir plus, ou écouter ce qu'est NOCTURN DEAMBULATION, rendez-vous sur le site internet officiel. A bientôt!
Ajouté : Vendredi 10 Août 2012 Intervieweur : NicoTheSpur Lien en relation: Nocturn Deambulation Website Hits: 12290
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