DYLATH-LEEN (FRA) - Cabale (2011)
Label : Great Dane Records
Sortie du Scud : 5 Septembre 2011
Pays : France
Genre : Death Metal progressif
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 51 Mins
Trois interminables années se sont écoulées depuis Semeïon. Le plus lovecraftien des groupes français de Death Metal est enfin de retour avec Cabale. Et l’attente en valait la peine, sans aucun doute possible. A peine entame-t-on Cabale que les choses reprennent là où elles s’étaient arrêtées avec « Frozen Reflect In A Broken Mirror ». Jamais, d’ailleurs, l’auteur le plus respecté de l’épouvante n’aurait imaginé meilleure bande-son pour illustrer ses folles pensées. Même une simple chronique de votre serviteur ne saurait entièrement rendre hommage à un Cabale parfait en tous points. Juste pour vous donner une idée de l’ambiance qui règne sur ce disque, jetez un œil sur la pochette conçue par Seth Siro Anton (celui-là même qui crée les artworks pour SEPTICFLESH), et vous aurez compris. L’allusion à Lovecraft en dit déjà long (vue, cette tête de pieuvre ?!!), le voyage vers le Monde des Grands Anciens peut commencer …
Dans un premier temps, il serait injuste de résumer Cabale à une alternance de titres purement brutaux et de chansons plus « progressives ». Bien que le désormais quatuor ne comporte plus en son sein de clavier attitré, DYLATH-LEEN n’a en aucun cas délaissé ces sonorités si particulières qui ajoutent au côté ambiant de la chose. Certes, Kathy Coupez et Igor Landorique se partagent les vocaux – démoniaques ou d’outre-tombe – tout en se chargeant de rythmiques imparables, quand Jérémy Mairesse (basse) et Bertrand Oria (batterie, de retour au bercail) incarnent l’assise torturée de DYLATH-LEEN. Mais l’apparition fréquente d’un clavier discret, d’harmoniques et d’arpèges dessine un peu plus les contours d’un tableau mêlant noirceur malsaine, bleu abyssal et rouge-sang.
Au-delà de tout détail technique et de toute allusion simplement instrumentale, DYLATH-LEEN atteint une maîtrise rarement égalée dans le genre. Certes les influences sont toujours là, du Death Metal sophistiqué de MORBID ANGEL jusqu’à la vague de Black/Death emmenée par BEHEMOTH et BELPHEGOR, mais le message que renvoie Cabale, c’est que DYLATH-LEEN s’est forgé son identité à grand coups de talent et de persévérance. Dans le genre hyper-technique, « Silent Land », abondamment muni de contretemps et de tempos complexes, donne dans le démonstratif non-gratuit mais efficace. Et quand DYLATH-LEEN se veut encore plus brutal, le quatuor de Cambrai accouche d’un « The Elder Sign » primal. Jusqu’au moment où le groupe veut repousser ses limites, envoyer son auditeur en pleine démence avec la fin étourdissante de « I’m The Crusher ».
DYLATH-LEEN, comme le démontre « I’m The Crusher », aime jouer sur le tragique de répétition, lorsque la succession de riffs identiques sert au message à transmettre … Les dernières mesures de « Last Moments », au titre for justement trouvé, ont été conçues dans le même but. En un seul morceau, le savoir-faire du quatuor parvient à ses fins : passer d’un climat désespéré (cette mélodie aux claviers …) à l’apogée de la folie irrécupérable. On ressent le même frisson pendant « I Dreamt », ce rêve improbable à l’atmosphère lugubre qui touche du doigt le Death scandinave et ses farouches rythmes cassés. Si les excellents premiers titres de Cabale (« Never Rising Sun » et « End Of Time ») donnent dans le riff mélancolique parfait et envoient immédiatement le voyageur dans l’univers de DYLATH-LEEN, que dire de la fin de l’album ? PARFAIT et DANTESQUE.
« Forever … », magnifique introduction atmosphérique (ces arpèges …), précède un « …Still » d’anthologie où Kathy se permet de chanter en voix claire, tandis que sur un tempo nettement ralenti, un piano que n’aurait pas renié Philipp Glass apporte sa touche ensorceleuse. Magnifique !!! Votre serviteur n’aurait jamais osé parler de « beauté » sur un disque de Death Metal il y a quelques années … Aujourd’hui, après avoir écouté Cabale et un somptueux « Unveiled » où la voix claire de Kathy – décidément pleine d’assurance – recouvre celle d’Igor pour un duo inoubliable où l’horreur se confond avec la tristesse infinie.
Rarement un groupe français, car il faut bien le clamer haut et fort, quand même, que DYLATH-LEEN provient de nos contrés, pourrait prétendre à la perfection. Dire qu’il y a quelques semaines encore, le groupe était à la recherche d’un label pour distribuer convenablement sa nouvelle offrande… Dans un registre qui n’a rien d’accessible ou de facile, DYLATH-LEEN et son Cabale scotcheront quiconque osera franchir la porte du Necronomicon sonore.
Ajouté : Mardi 31 Janvier 2012 Chroniqueur : NicoTheSpur Score : Lien en relation: Dylath-Leen Website Hits: 13082
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