ALCEST (FRA) - Les Voyages De L'Ame (2012)
Label : Prophecy Productions
Sortie du Scud : 9 janvier 2012
Pays : France
Genre : Black Metal Avant-Gardiste
Type : Album
Playtime : 8 Titres - Mins
La mélancolie est-elle notre seule source d’inspiration en cette atmosphère de crise qui plane méchamment sur nous ? Avons-nous recoure uniquement à l’apitoiement ? Aussi optimiste que l’on puisse être il va sans dire que manifestement le monde ne tourne pas vraiment rond, mais ce n’est pas d’aujourd’hui. C’est ainsi depuis la nuit des temps, depuis que le monde est monde. L’homme n’a de cesse de vouloir tout contrôler, de vouloir passer outre les cycles naturels de la vie, de changer les choses et ce pour ne pas aller mieux pour autant. Oui je sais bien ce que chacun de vous va dire en lisant ces lignes, mais non ce n’est pas un constat déprimant, mais un constat bien réel, celui de tous ceux et celles qui ne se leurrent pas et ouvrent les yeux avec une certaine évidence.
Alors si aujourd’hui je vous parle de tout ça c’est parce qu’à la découverte du dernier album d’ALCEST, je ne peux m’empêcher de penser que même la musique, qui sert à bon nombre d’exutoire, est emplie de désespoir mais inversement d’espoir aussi. L’espoir fou, celui des Voyages De L’Ame souhaitant un « Autre Temps ».
Si l’on revient aux racines des Français qui composent ce combo de Black Avant-Gardiste, on réalise qu’ils font partie de ceux qui depuis longtemps déjà chantent les méandres et la tristesse. Issu pour quelques-uns du groupe AMES SOEURS qui hurlait à la mort sa peine, leur génie est toujours mis au service de la peine, mais de manière plus posée, plus réfléchie. La maturité aidant, les compositions se veulent plus approfondies, plus maîtrisées. Je vous parle aussi bien des paroles que des prouesses musicales. Le son y est dompté. Magnifiés d’une grande candeur, les arrangements développent une aura sur leur lamentation. Les mélodies y sont peaufinées.
C’est ainsi que vont s’enchaîner à la perfection « Autre Temps » et « Là Où Naissent Les Couleurs Nouvelles ». Deux titres qui entament l’opus à l’image sublime de l’oiseau mystérieux qui orne sa pochette, de façon subliminale, laissant percer la lumière comme après un long enfermement à l’intérieur de soi. Or ici, Neige (chant) dresse un tableau des plus abattu, comme une conclusion à sa vie. La fin est-elle proche alors ? Et bien non, après cinq minutes d’une dérive éplorée la rythmique change pour requinquer l’humeur et voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide.
Bon il ne faudra pas compter sur « Les Voyages De L’Ame » pour vous rebooster le moral car il aura tendance de par ses mots à vous résigner, en gros tout est foutu, mieux veut périr ici-bas pour rejoindre un paradis si tenté de penser qu’il en existe un. La virtuosité des accords nous le laisse entrevoir et facilement on rêve, d’un monde meilleur, ou en tout cas de retrouver la paix.
Puis il y a ce côté mystique qu’ALCEST se plaît à mettre en avant en ne cessant pas de nous rappeler que nous appartenons à la terre et que nous sommes nés de ses entrailles (« Nous Sommes L’Emeraude »).
Comme happée dans un rêve j’aie failli m’assoupir au chant angélique de « Beings Of Light » avant d’être sauvagement secouée par les accents Black, enfin. Ils se faisaient attendre car sans eux l’étiquette de Black Avant-Gardiste n’avait plus raison d’être. Le jeu rapide, la double pédale et l’impropre écoute lui redonneront son identité souche. Mais contrairement à des épreuves du passé, ici tout y est magnifié, sans excès.
Et voilà qu’ils nous font un rappel aux souvenirs. Revoilà le chant excessivement braillard d’autrefois. A l’aide de « Faiseurs De Mondes » on replonge au fond des abysses joliment contés dans Ecailles De Lune. Et après une nappe instrumentale apaisante et rassurante on clôturera l’album sur un titre des plus étonnants. Au placard les souffrances, les plaintes et les cris, « Summer’s Glory » déboule tel un cheveu sur la soupe. Ne ressemblant en aucun point à ses prédécesseurs il déverse un discours mielleux d’hymne à la joie. C’en est presque insupportable tant ça ne colle pas au reste de l’œuvre. Une tâche de couleur vive vient d’exploser au milieu de ce paysage sombre et mortifère, mais là où l’on est prêt à baisser les bras en se disant qu’ils ont commis une grossière erreur arrive la surprise, une seconde partie des plus prometteuses. Une exécution qui exulte de sincérité, porteuse de bons présages. Un final vibrant, à la hauteur de ce qu’ALCEST a de talent.
Je ne cacherais pas mon empressement de pouvoir les voir enfin sur scène, et ce bonheur ne sera pas unique puisqu’à deux reprises ils vont nous faire l’honneur de leur présence dans notre belle région de l’ouest de la France dont une lors du Hellfest 2012. Si les bruits qui courent sur eux actuellement les qualifiant de "groupe tendance" sont justifiés alors ne soyez pas obsolète et découvrez immédiatement l’univers d’ALCEST. Merci à eux de faire du fatalisme une poésie.
Ajouté : Mardi 31 Janvier 2012 Chroniqueur : Line44 Score : Lien en relation: Alcest Website Hits: 10374
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