NARVAL (FRA) - The Seeds Of Uprising (2011)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 17 septembre 2011
Pays : France
Genre : Death Metal Mélodique
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 50 Mins
NARVAL prend vie en 2007, en parallèle d’une cité de réfugiés fictive dont l’univers va refléter la personnalité de la formation. Effectivement, les Lyonnais établissent rapidement une identité visuelle propre, empruntée au Steampunk, et sont bien décidés à répercuter cette passion au sein de leur musique. Dès la complétion de son line-up, en 2008, le groupe s’attèle donc à la composition et l’enregistrement de The Seeds Of Uprising, son premier album. Trois ans plus tard, ils proposent ainsi ce premier chapitre d’une aventure inédite au sein d’un monde uchronique, gouverné par le cuivre, le bois, et la vapeur.
Globalement, les titres des Lyonnais dépassent les longueurs habituelles, et le groupe parvient à conserver des structures intelligemment construites. Sujettes à de nombreuses variations de cadence, elles instaurent ainsi une certaine curiosité. Suite au titre orchestral d’ouverture, l’on revient à du Death Mélodique classique avec « To Serve The Master ». La batterie souffre un peu d’un rendu étouffé, mais Cédric la fait galoper sur des tempos entraînants. Entre les riffs modernes et puissants, il abat des percussions guerrières et accélérations agressives typiques des ténors du genre. A saluer, le travail exemplaire accompli par Yann à la basse, qu’on sent constamment en activité, et toujours bien détachée dans l’espace sonore. Elle est d’ailleurs instigatrice de très bons riffs (« The Seeds Of Uprising ») et n’hésite pas à se manifester en dehors de la rythmique qui reste, dans l’ensemble, assez brute. D’un côté, cette allure un peu rigide, même au travers des mélodies, fait un peu penser à l’aspect rustique du Steampunk. Le travail sur la rythmique n’en reste pas moins soigné et intelligent, avec des breaks offrant toujours une part d’originalité au morceau, de l’emploi d’orchestrations variées, à l’instar du pont harmonisé et rendu industriel par les crashs de cymbales de « The Unbeliever ». Les riffs de Vincent et Jimmy sont, d’ailleurs, ronflants et incisifs, mais un peu en retrait vis-à-vis du combo basse/batterie. Quant aux solos, ils sont dans la continuité des pistes mais manquent parfois de fluidité. Néanmoins, un titre tel que « Dust To Dust », met en scène un bon mariage entre Death Mélo et instruments classiques, avec une emphase sur la mélodie qui profite à la musique du combo, et parvient à convaincre de par son atmosphère opératique.
Un élément qui persuade moins, cependant, c’est le chant. A la croisée entre Death et Black, les vocaux rocailleux de Romain peuvent vite apparaître rébarbatif, du fait de leurs variations minimes, malgré les overdubs d’un growl plus guttural. Néanmoins, le vocaliste use aussi du chant clair qui, s’il manque par moment de conviction, ne dérange pas et offre de bons refrains en compagnie de nappes de synthés religieuses (« Steamwalkers »). A côté d’une composante hurlée pugnace, mais dont la monotonie dérange, Romain se met davantage en valeur avec ses harmonies claires qui, mêlées à celles des guitares, créent des schémas appréciables, à l’instar de « Ashes ».
Toutefois, l’on a du mal à connecter certains titres avec la thématique Steampunk recherchée par le groupe, hormis les intros/outros ou samples légers. L’on aurait, en effet, apprécié plus d’expérimentation du côté de ces sonorités qui, lorsque présentes, sont relativement maîtrisées et intéressantes. Dès « Nova Era », le groupe promet un esprit industriel menaçant avec la dynamique des éléments à vapeur, et le grondement de l’orchestration des cuivres. Néanmoins, la formation retourne vite sur des bases musicales plus convenues et se contente alors d’installer quelques fragments de cet univers sur les breaks, où divers bruitages prennent place et permettent d’étoffer un peu leur identité sonore. Cordes frottées, orgue, notes d’idiophones, brouhaha de la foule, engrenages, ou simples partitions de piano sont autant d’éléments que l’on peut découvrir dans cet album. Et il est dommage de devoir attendre ces brefs passages pour trouver un lien avec le Steampunk, puisqu’ils se montrent souvent très divertissants (« Blood Sweat And Tears »). A contrario, la relation de ces interventions avec cet univers uchronique n’est pas toujours très claire, comme sur « Mechanical Credence », et son break fantasque et funky. En revanche, l’excellente instrumentale « And Democracy Dies... (Under A Hail Of Applause) » montre clairement que NARVAL peut nous faire pleinement voyager dans ce style, avec de belles orchestrations et chœurs grandiloquents.
Bien que les morceaux proposés soient conséquents et peu redondants, l’univers dans lequel a puisé le groupe semble, toutefois, ne pas avoir été développé au maximum, et nous laisse un peu en deçà de nos attentes. Au final, de ce The Seeds Of Uprising, l’on en retient davantage un effort typé Death Mélodique, qu’un opus de compositions colorisées à la façon Steampunk. Pourtant, l’on repère de nombreuses sonorités originales qui se prêtent au jeu, mais ces apports auraient gagné à appuyer davantage le contexte, et créer véritablement des atmosphères typiques pour chaque titre. Heureusement, les membres sont compétents et savent divertir musicalement, avec un agencement rythmique recherché et l’emploi de schémas mélodiques aguicheurs. Espérons alors que les Lyonnais parviennent à étayer un peu plus cette bande-son de leur récit fantastique, et accroissent leur maîtrise quant à la confection de ce genre encore peu exploité.
Ajouté : Lundi 16 Janvier 2012 Chroniqueur : CyberIF. Score : Lien en relation: Narval Website Hits: 10020
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