Coup de théâtre à l'aube de l'enregistrement de ce nouvel album ! DC Cooper, ancien chanteur du groupe de 1995 à 1998, réintègre ROYAL HUNT On l'avait senti venir quelques mois plus tôt, lorsque André Andersen, le maître à jouer du quintet, avait annoncé une petite tournée acoustique en Russie et au Japon avec le pompier de Pittsburgh au micro... Selon André, ils auraient repris contact sur Skype avant de monter de nouveaux projets ensemble... ce qui semble encore une fois ahurissant. Je me souviens de confidences alcoolisées après un afternoon show en Belgique lors de la dernière tournée en 2008, d'après lesquelles - en substance - DC était devenu persona non grata par ses frasques de rock star et son attitude de diva. Ce ne sont pas les fans qui s'en plaindront, DC Cooper étant resté la figure de proue historique d'un groupe dont les plus grands faits d'armes restent sans conteste Moving Target (1995) et surtout Paradox (1997). Quant à savoir ce que devient Mark Boals, excellent sur les deux derniers enregistrements, cela semble devenu accessoire...

Que vaut alors cet improbable album du come-back ? On en devient fébrile devant la perspective d'un nouveau coup d'éclat, comme il y a 15 ans. Notons d'abord que le son se rapproche d'avantage de celui de cette belle époque que de X, le dernier disque en date. On remarque de la chaleur dans la production, et une touche old school dans la prise de son. Andersen semble avoir volontairement repris la recette de Moving Target, en témoigne le thème de clavier de « One More Day », qui fait inévitablement penser à l'intro de « Last Goodbye ». Ce premier titre est diablement accrocheur, le pré-refrain est superbe et la rythmique solide. Andréas Passmark (basse) fait son trou, et la doublette qu'il forme avec Alan Sorensen (batterie) est prometteuse. On retrouve les composantes habituelles propres à ROYAL HUNT, des chœurs très en avant, qui accompagnent tous les refrains, et du clavier, beaucoup de clavier. Mais sans démonstration inutile, les soli sont du reste assez rares. En revanche, la guitare de Jonas Larsen, qui remplace Markus Jidell parti grossir les rangs de EVERGREY, fait une entrée remarquée. Et DC dans tout ça ? Il réimprime sa patte sans trop en faire, lui qui usait et abusait de sa singulière voix de tête fait le boulot tout en sobriété, laissant son timbre unique et le talent qui ne l'a pas quitté donner à ces nouveaux morceaux une saveur très agréable. « Another Man Down » et le puissant « Empty Shell » donnent dans le classique, avant le single « Hard Rain's Coming », et ses chœurs imposants qui portent la mélodie de bout en bout. Mais les vrais coups de maître sont à venir. « Half Past Loneliness » possède un refrain que l'on assimile dès la première écoute, une grosse partie de basse et un break piano-voix bien senti. DC Cooper sort de surcroit une performance admirable sur la dernière partie du morceau. Vient alors le morceau éponyme, le plus long du cd, assez banal jusqu'à la magistrale partie instrumentale qui vient ponctuer en beauté un titre dont le final classieux et précis donne des envie de revenez-y !

« Angel's Gone », rapide et mélodique à souhaits dans la plus pure veine RH, conclue un album de trois-quarts d'heure tout juste, qu'il valait vraiment le coup d'attendre. Sans atteindre le brio d'un Paradox, il tient largement ses promesses et laisse augurer d'un bel avenir, si toutefois le retour du banni ne termine pas encore en eau de boudin... D'ici là Frontiers aura réédité les videos des concerts « 1996 » et « Closing The Chapter » dans un double dvd remasterisé (Future's Coming From The Past, date de sortie encore inconnue), et ROYAL HUNT sera – espérons - revenu sur le devant de la scène, à une place qu'il mérite mais qui se refuse au groupe depuis trop longtemps.