WE CAME AS ROMANS (usa) - Understanding What We've Grown To Be (2011)
Label : Nuclera Blast Records
Sortie du Scud : 19 septembre 2011
Pays : Etats-Unis
Genre : Post-Hardcore / Electro
Type : Album
Playtime : 12 Titres - 48 Mins
Voilà donc un album qui s’adresse en particulier à ceux qui ont la main verte. Soit, le concept est original en lui-même et vous n’allez pas tarder à comprendre pourquoi. Rappelez-vous, il y a deux ans, WE CAME AS ROMANS était venu, avait sorti de son précieux écrin une petite graine, l’avait bordée avec tout l’amour du monde dans une terre fertile en lui promettant qu’elle fera plus tard une plante majestueuse. C’est une façon très imagée de concevoir leur premier album, To Plant A Seed, mais après tout, son titre veut dire ce qu’il veut dire… « planter une graine » ! Deux réveillons se sont écoulés avant que les américains ne reviennent sur l’endroit de leur forfait, et l’embryon s’est muté en une végétation luxuriante, digne des jardins des plus beaux palais orientaux. Avec Understanding What We’ve Grown To Be, le groupe franchit une dimension supplémentaire dans ce monde étriqué et pas forcément bien vu du Metalcore à tendance Electro. Comme un clin d’œil à leur premier opus, la pochette de ce disque choisit de conserver en son milieu l’hominidé sans visage, dans les paumes duquel poussaient jadis deux arbres. Que peut-on constater maintenant ? Bien que les arbres aient laissé place à deux royaumes qui semblent se disputer la raison du petit homme, ce dernier ne flanche ni d’un côté, ni de l’autre. Comme pour dire que WE CAME AS ROMANS ne cédera pas aux sirènes qui lui demandent de se calmer ? Pas sûr.
Avec cette pochette très graphique et pleine de finesse, frôlant pour ma part la perfection dans ses couleurs, dans son message, on pouvait s’attendre à une autre mascarade pour ouvrir l’opus. « Mis//Understanding », déjà propulsé en single sur les plateformes de téléchargement bien avant la sortie de l’œuvre, est simplement un soufflé qui retombe. Le temps écoulé depuis To Plant A Seed promettait monts et merveilles pour le futur. Visuellement, le groupe avait aussi explosé en soignant son image de petits mécheux impétueux. Mais quelle surprise d’entendre un titre qui ferait à peine bonne figure dans le ventre mou de son grand frère en ouverture ? Ce n’est pas ce à quoi on s’attendait. Ils n’avaient pas le droit de faire une simple suite, qui reprendrait les mêmes ingrédients placés dans des ordres différents pour berner l’auditeur. Et pourtant, c’est la sensation que laissent ces premières compositions. On a l’impression de faire un bond de deux ans dans le passé, en écoutant presque une préquelle. Ce disque est moins audacieux, moins surprenant que son prédécesseur. Par contre, il est plus sombre, plus sérieux. Les poils au menton font souvent prendre conscience à l’homme moyen de son potentiel intellectuel, lequel oublie dès lors bien vite le temps des sonnettes-parties. Là, WE CAME AS ROMANS nous gonfle simplement d’un concept cérébral, qui se traduit en premier lieu dans les paroles, puis dans une musique qui part dans des délires expérimentaux, parfois mathématiques. Au fil du temps, les mecs changent un peu leur fusil d’épaule et parviennent à pondre des morceaux qui se montrent plus malins, alliant intelligemment la limpidité de claviers contemporains et les rythmiques morcelées des guitares. En ce sens, « War Inside » est une vraie réussite, car ses atmosphères relaxantes marquent une éclaircie dans ce fourbi. Mais ces moments sont trop rares, car derrière il y a des « Stay Inspired », des « What My Heart Held » qu’on a juste l’impression d’avoir entendu trois fois depuis le début de l’expérience. En grandissant, WE CAME AS ROMANS a perdu son insouciance et sa grinta, comme s’ils se prenaient subitement au sérieux. C’est triste à dire, autant que c’est triste à entendre. Les synthétiseurs enfilent souvent le costume de super-héros pour sauver des guitares qui se noient dans des breaks en carton. Sauf que les pauses électroniques, les petits motifs scratchés sont souvent synonymes d’intervention de l’ami Kyle Pavone (qui gère les deux, claviers et chant clair) pour des envolées lyriques autotunées, agréables au début, insupportables au final. Seul David Stephens semble avoir progressé depuis To Plant A Seed, son chant rocailleux atteignant de nouvelles limites dans l’excellence. Puis c’est marrant, la formation achève la bête avec une piste éponyme étrangement bien construite, étrangement entêtante avec un bon refrain, des guitares rythmées et des synthés qui font l’erreur de ne pas sortir les violons orchestraux au seul endroit où ils n’auraient pas fait tâche. Ce final, c’est comme un enfant qui fait un beau sourire pour se faire pardonner d’une grosse bêtise.
Seulement, le public n’a pas la mémoire si courte. Et c’est un peu le prendre pour un crétin que de tout miser sur la position d’une piste précise dans la tracklist, comme si ça résoudrait le principal défaut de ce second opus. Je parlais dans la chronique de To Plant A Seed d’attitudes provocantes et de démarches pas très intègres. Ici, c’est autrement plus grave que d’essayer de se faire bien voir en utilisant les stéréotypes du style. Le cœur du problème, c’est que WE CAME AS ROMANS, après nous avoir fait miroiter de grandes choses, vient simplement de nous proposer sa version bêta de To Plant A Seed, et que l’évolution entre les deux est invisible. Du haut de son petit nuage, c’est le regretté Steve Jobs qui doit bien rigoler…
Ajouté : Mercredi 09 Novembre 2011 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: We Came As Romans Website Hits: 8752
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