TASTERS (it) - Reckless Till The End (2011)
Label : Nuclear Blast Records
Sortie du Scud : 16 septembre 2011
Pays : Italie
Genre : Metalcore
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 40 Mins
TASTERS c’est bien. Et le pire dans tout ça, c’est que je le pense vraiment. Pour quelqu’un qui essaye d’être toujours au courant de la moindre petite flatulence en provenance de la sphère Metalcore, ignorer l’existence d’un groupe pareil ne fais pas très sérieux. Pourtant, les bougres sont quand même en pleine promo de leur dernier album, sillonnant les plus belles scènes européennes aux côtés de TEXAS IN JULY. Un rapide passage sur les réseaux sociaux les plus en vogue suffira à coller avec insistance leur blaze inexpressif sous vos yeux cernés. Paris, Rome, Londres, Prague, Berlin, autant de capitales qui s’entrechoquent dans nos crânes, laissant une curieuse impression que ces italiens ne rechigneraient pas à avoir don d’ubiquité. Avec Reckless Till The End, les transalpins jouent la stratégie de la transformation physique, du rassemblement, du renouveau. Un programme qui serait presque à l’image de l’actualité politique française, pour peu qu’à la fin de cette chronique, je ne considère pas TASTERS comme un « Karamell Pudding ».
Après un changement de nom minime, passant de TASTER’S CHOICE à TASTERS, les italiens ont attaqué le vernissage de leur musique. A ce titre, la mise en avant des claviers et du chant clair à une période où les teenagers en redemandent peut être considéré à juste titre comme une démarche opportuniste. Ils avaient donc tout intérêt à ne pas foirer le peu de chances de séduire le noyau dur des métalleux qui resteraient, en proposant un Metalcore générique qui aurait vite fait de se faire tailler en pièces. Grand bien leur fasse, TASTERS ouvre son œuvre avec un morceau minutieusement choisi. Refrain entêtant, riffs syncopés et claviers atmosphériques teintés d’orgues pieuses, « Katherine’s Got A Secret » a tout du single en puissance. Très sincèrement, l’assemblage de ces quelques éléments, souvent synonymes d’un Metalcore dans l’ère du temps, fait sourire. On sent le groupe qui ne veut pas trop se mouiller et c’est plus flagrant encore sur « Please Destroy This World » avec ses nappes de synthés Techno à la ASKING ALEXANDRIA et son leitmotiv larmoyant. Mais étrangement, je me prends d’affection pour TASTERS, pour la simple et bonne raison que je retrouve le son de guitare typé BRING ME THE HORIZON, avec des enchevêtrements de notes bancales et des structures incohérentes. Sauf qu’ici, on arrive à suivre parce que Daniele Nelli n’a pas un chant insupportable, que la construction est propre et que les pianos de Fabrizio Pagni sont parfois emplis de virtuosité (« How Easy To Die (Smile If You Can) »). TASTERS matérialise involontairement mon BRING ME THE HORIZON idéal, avec un son bluffant de similitudes sur certains plans (« Shadows ») mais en gardant le respect de l’auditeur, en ne cherchant pas à l’abrutir en allant plus vite que la musique. Des breakdowns mouvementés aux poses aériennes, des chutes de tension chaotiques aux accélérations qui donneraient à Ernst Mach des migraines, TASTERS joue la carte de la modernité à fond sans se planter. Il en découle un album fluide qui varie ses ambiances avec précision. On passe d’une petite boîte à musique inquiétante à une grand-messe solennelle, sans jamais se départir d’un fil conducteur consistant à fournir entorses et contusions à un auditorat électrisé par le biais de breaks percutants. Mon seul regret est le manque de poésie qui garnit ces compositions. Avec des passages aussi riches sur le plan émotionnel, on pouvait espérer des textes un peu moins imbibés d’eau de rose, plus profonds et plus cérébraux. Et comme il est souvent difficile de clarifier musique et chant, surtout quand ce dernier est parfaitement clair et mis en avant, on doit subir de force la prose hilarante des transalpins.
Reckless Till The End est exactement comme son nom l’indique ; téméraire et insouciant jusqu’à la dernière seconde. C’est un album qui s’adresse bien entendu à un public ciblé. TASTERS a parfaitement compris que pour marcher, il fallait donner aux gens ce qu’ils avaient envie d’entendre. Et en l’occurrence, ça n’a pas raté car ce disque a manifestement trouvé son public. On pourra certainement accuser les italiens de ne pas faire que du bien au Metalcore en ajoutant leur grain de sel dans un débat cacophonique. Mais on ne pourra pas leur enlever la maestria avec laquelle ils soulèvent un problème récurrent de créativité dans le style. En jouant des coudes pour s’imposer, TASTERS a déjà cassé quelques côtes.
Ajouté : Mercredi 09 Novembre 2011 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Tasters Website Hits: 9100
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